Si l’histoire retient particulièrement
In Flames,
At The Gates,
Edge Of Sanity et
Dark Tranquillity comme les précurseurs incontestés de la scène death mélodique suédoise, loin des productions plastiques actuelles, elle oublie pourtant des combos essentiels, également à l’origine du mouvement, tels que
Desultory ou
Eucharist. Ce dernier se forme en effet dès 1989, sous l’impulsion de son leader Markus
Johansson, guitariste et chanteur, rapidement rejoint par le batteur Daniel Erlandsson, frère d’
Adrian, et officiant actuellement au sein d’
Arch Enemy, aux côtés de Michael Amott.
Après son EP
Greeting Immortality en 1992,
Eucharist sort son premier album dès l’année suivante,
A Velvet Creation, constituant la première création du label
Wrong Again Records (futur Regain). La production reste en revanche un vrai désastre, privant le disque de tout succès. Quatre ans plus tard, le groupe se dirige alors au Recordia Studio, réitérant le choix de Fredrik Larmeno comme ingénieur du son, mais posséde désormais une maîtrise considérable.
Mirrorworlds voit ainsi le jour en été 1997, sur le même label
Wrong Again, qui s’est taillé entre temps une solide réputation, en signant notamment
In Flames ou
Cryptopsy.
Eucharist bénéficie cette fois d’un enregistrement de qualité, clair et profond, permettant la véritable expression de son art. Le style reste brutal, rappelant l’agressivité admirablement retranscrite sur The
Red In The Sky ou
Slaughter Of The Soul d'
At The Gates. Les rythmiques de Daniel impressionnent par leur précision, soutenant les riffs percutants et les vocaux arrachés de Markus, malheureusement trop similaires au timbre de Tomas Lindberg, vocaliste du groupe référence précité.
D’emblée, la machine
Eucharist se met en marche, développant un death d’une rage formidable, épaississant son style avec l’apport de lignes mélodiques délicates, tout en évitant la facilité de l’utilisation de claviers pour créer ses ambiances. La technique reste indéniablement de mise, Markus rivalisant d’ingéniosité pour charger son death rageur en émotion, multipliant les harmonies et les soli vertueux, pour le plus grand bonheur du métalleux.
Les trois premiers titres de
Mirrorworlds font ainsi référence, possédant un équilibre, une richesse et un niveau émotionnel formidables, à l’image du break édifiant de son titre éponyme, ou de l’outro du bassiste Martin Karlsson sur le superbe With The Sun. L’apogée est alors atteinte sur le quatrième morceau, l’instrumental The
Eucharist et ses mélodies enchevêtrées. Le seconde partie de l’oeuvre reste toutefois moins marquante, à commencer par l'interlude In Nakedness, plus stressant que reposant pour le deathster endurci.
Album de grande qualité,
Mirrorworlds s’insère sans problème dans toute discothèque deathmetal qui se respecte, créant un death d’une pureté mélodique incroyable. En revanche, l’éclat de ses quatre premiers titres, éclipsant quelque peu le reste des compositions, mais aussi son arrivée tardive sur le marché, alors que les cartes étaient déjà jouées, privent
Eucharist d’une notoriété pourtant méritée, le split ultérieur du groupe renforçant hélas son confinement dans l’oubli. A redécouvrir.
Fabien.
En revanche, je trouve le 1er album d'Eucharist bien plus sincère dans son approche, et même s'il est tout à fait vrai, et du coup rédhibitoire pour certains, que le son est minuscule et sans relief, on sent les intentions. Sans doute qu'avec une prod correcte, le 1er opus d'Eucharist aurait été un must à classer aux côtés du Somberlain de Dissection sorti la même année.
Bref, quand j'écoute A Velvet Creation, je suis transporté : les soli me parlent, les mélodies dépressives et mélancoliques me touchent, la construction des morceaux est entrainante, et les quelques blasts savamment disséminés ici et là sont percutants. Daniel Erlandson n'avait que 17 ans, et déjà il n'avait rien à envier à son frère Adrian, batteur du groupe qui pour moi est à l'origine de tout le black / death mélodique suédois, At The Gates.
Concernant Mirrorworlds, je ne trouve pas la prod particulièrement "meilleure", parcequ'elle est très sombre, et même sourde et d'ailleurs. Il existe une interview où Markus explique que le son "désastreux" (enfin ça c'est lui qui le dit...) est dû à une sombre entubette d'un ingé son. Pour ma part je trouve ce son étrange mais très bienvenu, ajoutant un côté sauvage à l'oeuvre.
Ah oui et concernant A velvet... je veux juste ajouter que lors de son enregistrement, aucun des membres n'avait plus de... 16 ans!!!
Et ces deux albums sont des chefs d'oeuvres intemporels et c'est un pied cosmique à chaque écoute.
Nicos, le morceau que tu cherches c'est peut-être "The View" tiré de la compilation Deaf Metal Sampler (1993) :
https://www.youtube.com/watch?v=183GoPIVBlc
Sinon, il y a aussi les morceaux "Wounded And Alone" et "The Predictable End" qui figurent sur la compilation W.A.R. Compilation (1995), ainsi qu'en bonus sur la réédition, en 2001, de "A Velvet Creation" (1993) :
https://www.discogs.com/Various-W-A-R-Compilation-Volume-One/release/2148617
Oui The View...Merci Grogwy, ca m'a fait plaisir de le ré écouter.
Bon bien sur, ca a un peu vieilli
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