25 ans ! Voilà 25 ans que
Led Zeppelin, LE mythe, LA légende du
Hard Rock, supérieurs même aux non moins légendaires
Deep Purple, se sont séparés suite à la mort de John Bohnam, laissant dans leur sillage un nombre considérable de fans orphelins. 25 ans que le monde de la musique pleure la disparition d'un des groupes les plus marquants des années 70. 25 ans que Jimmy Page et ses trois compères ne sillonnent plus le monde, irradiant les stades et festivals de musique. Depuis, les trois membres " survivants " sont partis chacun de leur côté. John Paul Jones écrivit quelques musiques de films, tourna avec quelques groupes, mais ne faisait plus parler de lui. Jimmy Page s'est mis en quête de nouveaux partenaires, à la hauteur de son talent, et de celui de
Led Zeppelin. En vain. On ne renouvelle pas aussi facilement un tel mythe... Mais celui qui tira le mieux son épingle du jeu, c'est indéniablement
Robert Plant. Et l'album de son nouveau groupe, Strange Sensation, nous le prouve de la plus belle des façons.
Donc, après un
No Quarter, en collaboration avec son ancien acolyte Jimmy Page, album de reprises de
Led Zeppelin, mais préparées à une sauce orientale originale et épicée, et de quelques autres projets infructueux, revoilà
Robert Plant, la soixantaine bien tassée, mais toujours aussi frais et énergique que dans sa jeunesse. Et ce n'est certainement pas cette nouvelle production qui nous prouvera le contraire ! Mas ceux qui s'attendent à ce que
Mighty Rearranger soit un album clone de
Led Zeppelin n'y sont pas du tout ! On ne peut pas vivre éternellement dans son passé, et
Robert Plant l'a parfaitement compris : cet album est situé à des lieues de la musique de
Led Zeppelin, et seule la voix, reconnaissable entre milles, de
Robert Plant pourrait nous faire penser au célèbre quatuor. Mais ne nous attardons pas davantage sur la vie du bonhomme, et intéressons-nous maintenant au CD même, et à ce qu'il contient...
Les étranges et exotiques figurines apparaissant sur la pochette et le nom-même du nouveau groupe de l'ancien chanteur de Led Zep indiquent de façon claire et précise que nous n'avons pas à faire à un album de
Hard Rock ordinaire ( si l'on peut encore qualifier cet album de
Hard Rock ).
Mighty Rearranger incite avant tout au voyage, à travers des sonorités et ambiances marocaines et maliennes et une musique très planante, se rapprochant beaucoup de l’atmosphérique.
Robert Plant nous montre ici une autre facette de son immense talent, et affirme, de manière plus flagrante encore que sur
No Quarter, ses goûts en matière de musique orientale, et, plus généralement, en matière de musiques du monde. On ouvre le bal avec un Another Tribe, titre à la fois tribal et aérien, soutenu par des tam-tams et des cithares, et qui donne l’impression à l’auditeur de voler au milieu des nuages. Une mise en bouche pour le moins appétissante et qui éveille au plus haut point notre curiosité…
Et il y a de quoi être curieux ! La suite s’avère être tout aussi intéressante, si ce n’est plus. Loin d’être agité et puissant, cet album est en réalité très reposant, et les ambiances exotiques, les samples atmosphériques, les guitares et percussions peu enclines à se faire incisives, et la voix calme, posée et envoûtante de
Robert Plant, contribuent à ce climat accueillant, évoquant des paysages d’Afrique et, plus précisément, du
Sahara. La voix de Plant explore d’ailleurs un registre autre, en se faisant plus hypnotique, plus chaleureuse. Et force est de constater que ce nouveau registre lui sied comme un gant, et colle magnifiquement bien à la musique que propose le CD ( cf The Enchanter,
Mighty Rearranger ). Mais n’allez pas croire non plus que cet album relève exclusivement du registre tranquille ! On pense notamment au percutant Tin Pan Valley, qui se distingue des autres morceaux par une violence que
Robert Plant ne nous avait pas habitué à montrer, même avec
Led Zeppelin, et qui casse de manière aussi brusque qu’inattendue la continuité calme du CD. Tanaka s’avère être assez énergique lui aussi, malgré son introduction trompeuse faisant beaucoup penser à des groupes tels que Tinariwen. Enfin, la chanson éponyme,
Mighty Rearranger, plutôt pêchue elle aussi, évoque, avec l’harmonica de sieur Plant et le piano de saloon, une musique hybride entre folk et une sorte de blues futuriste rondement bien menée. A noter aussi une hidden track, reprise du single de l’album Shine It All Around, particulièrement étrange, un morceau électronique expérimental, qui clôt l’album d’une façon assez inattendue…
Robert Plant est grand. Il nous l’avait montré maintes fois au sein de
Led Zeppelin, et nous le démontre encore aujourd’hui. Avec ce
Mighty Rearranger, il nous prouve que le poids des années n'a nullement entaché son talent, tout en nous faisant habilement remarquer qu’il a su aussi évoluer et s’adapter, tel un caméléon, à son époque et aux nouvelles modes musicales. Son nouvel album, créé au sein d’un nouveau groupe, n’a, à mes yeux, rien à envier aux anciens albums de Led Zep, même s'il en est sensiblement différent. Je n’ai donc aucune honte à affirmer que
Mighty Rearranger est un véritable chef d’œuvre. Nous n’avions pas affaire à n’importe qui non plus, c’est certain, mais avoir pu réatteindre un tel stade d’excellence, 25 ans après
Led Zeppelin, rien n’était moins sûr. Un album qui force le respect… et des applaudissements enthousiastes. Clap clap clap !!!
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire