Nous vivons une drôle d’époque. Une époque où quiconque faisant preuve d’un minimum d’esprit critique osant exprimer une quelconque réserve est montrée du doigt comme un paria. Où des hordes gigantesques de partisans s’abreuvent de fanatisme à l’affut du moindre détracteur prêt à le clouer à ces piloris virtuels où ils se nourrissent entre eux de manière consanguine. Une époque où, s’agissant d’art des mots tels qu’‘éxpérience’, ‘vécu’ ou ‘travail’ sont des insultes que la facilité d’accession du tout rendent inaudibles. Inacceptables. Une époque où il vaut mieux donc sortir de jolis disques faciles sans âmes, sans recherches et sans réflexion aucune se contentant de copier bêtement des recettes éculées pour remporter les suffrages unanimes de gens n’attendant rien d’autres. Autant dire donc une époque où le Heavy
Power Mélodique aux légères teintes
Power US des Allemands de
Brainstorm ne pourra pas s’imposer autrement que de manière assez confidentielle auprès d’un auditoire relativement restreint.
12ième album d’Andy B. Frank et de ses comparses, ce
Midnight Ghost sort donc loin du fracas et des lumières éblouissantes d’un monde bien plus intéressé par d’autres. Tant pis pour lui car ce disque, loin de renouveler quoi que ce soit et loin de bouleverser la donne, sera très correct alors même que le groupe ne nous aura pas toujours gâté (
Memorial Roots pour ne citer que lui). Citons les vifs et changeants
Devil’s
Eyes ou The
Pyre, un Jeanne Boulet (1764) aux ambiances plus travaillées, un Divine Inner
God et un The Hunting
Voices où le groupe retrouve un peu de cette nervosité un peu plus étatsunienne, du moins durant certaines séquences. Même The
Path, la ballade qui viendra clore ce disque, ne sera pas de nature à provoquer le moindre embarras alors que pourtant l’exercice est souvent loin de me convaincre.
Il y a un moment déjà que le groupe s’est éloigné de sa facette la plus Heavy Thrash US, se rapprochant toujours plus d’une musique de plus en plus harmonieuse, européenne donc. Il ne sombre pourtant jamais totalement ici dans les méandres mélodiques éminemment sirupeuses que certains autres, soit disant défenseurs d’un Heavy
Power Metal guerriers poings levés et plastron rutilant nous proposent pourtant. Non, sur ce
Midnight Ghost tout est souvent de bonne tenue. Souvent plus recherché, toutes proportions gardés bien évidemment. Et sinon novateur et abouti, au moins réfléchi et un tant soit peu travaillé au niveau de la construction. Et tentant toujours de proposer autre chose que les chemins désespérément droits d’une émotion unique. Chacun est bien libre de penser ce qu’il veut du résultat, mais reconnaissons tout de même que la formation allemande n’aura jamais cédé à la facilité.
Midnight Ghost est donc un bon disque. Un bon disque qui n’invente rien et qui ne fera pas de promesses démesurées mais qui aura au moins l’avantage de nous tenir en haleine tout au long de 10 titres bien sympathiques. Ce qui, après tout, n’est déjà pas si mal.
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