Avec
Brainstorm, c'est jouer au dangereux exercice entre « le bien et le mal », entre « le yin et le yang », entre « le bon et le mauvais goût ». Rares sont les groupes qui savent marcher sur cette corde raide tendue au dessus d'un ramassis de mauvaise langues n'attendant qu'un mauvais pas pour se délecter de la chair du combo. Cependant, c'est mal connaître nos cinq forcenés de la musique, nous lâchant cette année 2005 une galette sobrement nommée «
Liquid Monster ». Œuvrant un heavy métal osé, haut en couleur (je me répugne à appeler cela du power-métal, style fourre-tout lorsqu'on ne sait pas où caser une empreinte musicale),
Brainstorm sait exactement où il emmène son auditeur. C'est un voyage sonore dans un train en direction des enfers !
Et la locomotive de ce convoi au sombre destin se nomme « Worlds Are Coming
Through », un morceau fédérateur, puissant, avec plein de poil aux pattes comme les vrais hommes quoi !
C'est péchu, ça ne perd pas un poil de dynamisme tout au long du morceau et on se prend au jeu rapidement en martelant les coups de grosse caisse de son poing sur la table !
S'en suit un «
Inside the Monster » tout à fait convaincant, chanté par le maître B.Franck qui use sans mésuse d'effets vocaux assez surprenants. On trouve cela aussi bien sur ce titre que clairsemé tout au long du dit skeud.
«
All Those Words » fait la belle part à tout ces titres dits « faciles », mais qui au final, après s'être penché dessus, ne le sont plus. Rondement mené, ce titre fédérateur, où la voix de notre teuton se mélange à celle d'une bienvenue qui l'accompagne dans la sombre besogne du quinquet. Et c'est exactement là où je voulais en venir avec mon introduction, je vous l'accorde, peu accrocheuse :
Brainstorm sait ce qu'il faut dire, ce qu'il faut faire, ce qu'il faut jouer, ce qu'il ne faut pas insinuer. Ils sont passés maîtres des mélodies monstrueuses qui restent en tête, très dynamiques, bourrées d'idées novatrices. Rien de très original me direz-vous, mais cette touche allemande est vraiment particulière, jugez vous-mêmes.
Car
Brainstorm, c'est un groupe, mais c'est aussi et surtout un groupe allemand ! Et ça change la donne. Récalcitrant aux sonorités trop « ricaines », inspirés par le vent froid qui souffle son black des pays scandinaves, les Allemands ont toujours eu l'art et la manière de nous faire passer un message « nous sommes là, avec notre musique, nos bulldozers ». Une simple oreille jetée sur KREATOR, SODOM, ou encore DESTRUCTION pour ne citer qu'eux (vétérans du thrash) en dit long sur ce qu'est le cachet germain : un son caractériel, hargneux, rentre-dedans, sanguin.
C'est ainsi que je pourrais caractériser les deux sons qui suivent : « Lifeline » et « Invisible ennemy ». La puissance y est ici maîtrisée, ne laissant que le meilleur pour nos écoutilles. On soulignera la production extrêmement soignée qui donne aux guitares un son vraiment exceptionnel et qui a su mettre en valeur la voix du charismatique chanteur au devant d'une batterie un brin atténuée peut-être.
«
Heavenly » nous propose une sorte de power-ballade comme aime à appeler certains ce type de progression musicale très IRON MAIDENienne à mon goût... Peut-être trop... Mais le refrain vaut vraiment le détour, ainsi que le break !
L'heure est aux retrouvailles avec le
Brainstorm des débuts, celui qui tâche, avec « Dispair to Drown ». Le son y est ici plus violent, plus racé, double grosse caisse à burne, on discerne même comme un arrière goût de son crado, comme si la prod se cassait la goule...
Pas du tout! Tout est millimétré au poil de fesse pour le plus grand plaisir de l’auditoire ! Et à vrai dire, le voilà le super titre que tout le monde attendait ! Ni plus ni moins.
En conclusion, tout est à prendre, rien n'est à jeter. On déplorera cependant un léger manque d'homogénéité qui donne à l'album cet aspect très monolithique. Dernier grand album d'un groupe de légende,
Brainstorm aujourd'hui verse dans un registre plus soft. Seulement, un jour, ils retrouveront ce qu'ils ont perdus...
Inside the monster...
Note: 16/20
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