"Il était une fois cinq musiciens chevronnés et téméraires, qui, un beau jour, décidèrent de populariser un genre nouveau. Forts de leur résolution, ils s’enquirent de trouver un nom à leur formation, qu’ils nommèrent «
A Perfect Circle »."
A l’aube du troisième millénaire, le quintette sortait son premier opus. Sur une scène encore peu marquée par l’alternatif (les groupes tels que 30 seconds to Mars ne jouissant pas encore d’une grande notoriété), «
Mer de Noms » aurait très bien pu, à l’image de sa cover, rester dans l’ombre…
Le décor (peu favorable) désormais planté, il convient naturellement de s’intéresser au contenu de cette petite boite de 14 centimètres par 12 (oui oui, j’ai bien mesuré !). On y découvre un livret sombre garni d’images étranges, le tout ornementé par de très nombreuses courbes, logique à la vue du nom de la formation. Sans éléments superflus, à la fois simple et original, tels sont les mots d’ordres de ce livret…
On remarque d'ores et déjà la présence du talentueux Maynard James Keenan (chanteur du mythique groupe
Tool) au sein d’ «
A Perfect Circle ». Quatre ans après le succès rencontré par
Aenima, on retrouve dès la première chanson, «
The Hollow », la voix si personnelle de Maynard, feutrée et poussive, reconnaissable entre mille. Très rock et dynamique, cette première chanson est relayée par «
Magdalena », qui s’ouvre dans une tout autre atmosphère. Les paroles, traduisant un profond chagrin sentimental, sont mises en valeur par la voix de Maynard se faisant plus profonde et gagnant en consistance par moment. Ce sentiment de mal être, de tristesse et parfois de colère annonce clairement le ton de l’album, obscur et nuageux, bien que surviennent de brefs moments d’accalmie.
Le temps passe et les plans s’enchainent, sans provoquer chez l’auditeur la moindre once d’ennui. La frustration et la colère ne sont jamais bien loin et atteignent leur apogée dans «
Judith », dans laquelle les riffs se font plus denses, les paroles plus explicites encore, et la voix de Maynard plus massive et agressive. Une sorte de mélancolie et de résignation apparaît dans « Orestes », avant que «
3 Libras », l’une des chansons les plus réussies de l’album, ne vienne prendre le relais.
Plus calme et plus douce que les chansons précédentes, elle n’est pourtant pas sans intérêt, car c’est ici que la magie opère. Le morceau, épuré jusqu’à la moelle lors de la première partie et légèrement plus consistant dans la seconde, mets en valeur la voix de Maynard, d’abord calme, puis plus poussive, le tout sublimé par un travail de fond des guitares, et des riffs gagnant progressivement en consistance. «
A Perfect Circle » est de ces groupes jouissant d’une personnalité et d’un charisme hors pairs, comme
Porcupine Tree (dans un autre genre) ou encore
Tool, évoqué précédemment.
J’accorderai moins d’importance à la suite de l’album, non pas que la qualité ne soit plus au rendez-vous, mais car elle s’ouvre dans un optique similaire au ton de l’album exposé précédemment. On remarque bien sûr que le quintette, tout en conservant ce thème commun durant tout l'album, ne cesse d’innover et d’ornementer chaque chanson d’une touche personnelle qui donne vie à l’album et qui lui confère ce fragment d’âme que tant d’autres n’ont jamais touché du doigt. Ainsi, on retiendra l’originalité de « Renholder » pour son aspect oriental mystique et inquiétant, cet air de violon râpeux et grincent, mais qui expriment d’une toute autre façon le malaise et la douleur qui n’ont jamais cessé d’être, ne serait-ce que dans un seul des douze titres de « Mers de Noms ».
Les titres défilent et la fin se rapproche inexorablement sous le nom de « Over », se matérialisant sous la forme de douces notes de Marimba venant seconder la voix épuisée de Maynard. Celui-ci y a sans doute laissé beaucoup pour mener à bien ce projet et lui faire entrevoir un (court ?) avenir.
Aujourd’hui, huit ans après «
eMOTIVe », il va s’en dire qu’il relèverait du miracle de voir un jour le quintette sortir un quatrième opus. Quoi qu’il en soit, si l’histoire devait s’arrêter là, on ne pourrait que rendre hommage à ces cinq musiciens, qui propulsèrent «
A Perfect Circle » parmi les groupes phares de l’alternatif.
"Ils vécurent célèbres, berçant le monde de leur musique, et connurent une reconnaissance à la hauteur de leur contribution…"
16/20
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire