« Mike Portnoy doit se recentrer sur ses priorités. Il a une fâcheuse tendance à vouloir tout diriger »
Mike Orlando – 2014
Un all star band, c’est toujours l’assurance d’une certaine qualité d’exécution et de production, à défaut de forcément être inspiré. Mais lorsque Mike Portnoy,
Mike Orlando et Russell Allen décident de former
Adrenaline Mob en 2011 et qu’
Omerta voit le jour quelques mois plus tard, il devient évident que chacun des musiciens jouent de toute façon pour le plaisir et dans une catégorie bien différente de celle qu’ils ont l’habitude de côtoyer.
Hard rock groovy ultra technique et ravageur, "
Omerta" était de plus sublimé par le feeling plein de classe et de charisme d’un Russell qui est désormais bien plus qu’un chanteur de metal prog, accomplie et demandé partout dans le monde. Après ce carton et une première tournée des clubs au succès retentissant, le groupe annonce le départ de Portnoy, devenant trop dirigiste et imposant selon les dires des autres musiciens. Si AJ Pero est sensiblement moins connu (il a travaillé avec
Twisted Sisters), il n’est en revanche techniquement pas en manche tant sa maitrise suinte de partout sur "
Men of Honor".
Musicalement, ce deuxième album reprend fort logiquement là où "
Omerta" s’était arrêté, avec un aspect peut-être encore plus gras et lourd, sentant la bière et le rock tout en abreuvant toujours les titres d’une technicité ahurissante pour le genre musical. "The Mob is Back" ouvre logiquement l’ensemble avec rage et précision, chacun y allant de son petit solo en guise d’introduction, nous permettant de comprendre que
Mike Orlando est toujours autant une fine gâchette à la guitare. Un premier riff énorme s’abat sur nous, rapidement poursuivi pour le chant impérial de Russell et ses « yeah » du plus bel effet, alliant une puissance vocale graveleuse et une identité mélodique unique dès qu’il faut placer un refrain qui nous trottera dans la tête des heures durant. C’est particulièrement le cas sur un morceau comme "Deadly Departed", plus mélodique dans le riff et ouvert dans la construction qui permet à Russell de poser ses vocaux très librement et de faire parler ses envolées offrant une envergure si particulière à
Adrenaline Mob tout en laissant la porte ouverte à des passages radios qui pourraient fortement être intéressé par le groupe (surtout que, avouons-le, les gars ont une classe infernale !). Le solo se veut plus fin, moins démonstratif afin de conserver cet esprit « single » qui, sans être péjoratif, peut clairement permettre à
Adrenaline Mob d’être plus qu’un projet annexe fun.
"
Men of Honor" se laisse déguster comme un bon vin, donnant la sensation d’écouter un groupe old school mais avec la touche moderne et actuelle qui empêche cette impression parfois désagréable du manque chronique de personnalité du revival envahissant tous les styles musicaux récemment. "Feel the
Adrenaline" le prouve aisément, entre des riffs alambiqués et très graves (l’accordage y étant pour beaucoup) et le chant de Russell, se permettant sur le refrain des passages presque extrêmes (qu’il est loin le temps du lyrisme des premiers
Symphony X !). "
Men of Honor" se permet même une ouverture tout en douceur avant un riff à découper les fosses en morceaux. Russell y est encore une fois enragé sur les couplets mais pose ici un refrain tout en finesse. Le solo est une nouvelle tuerie, très syncopé, Mike récitant ses gammes tout en incluant une certaine folie, un aspect débridé qui impressionne et empêche l’exercice de sombrer dans le mathématisme froid et austère qui ne siérait finalement pas au concept du groupe.
En revanche, le groupe propose ici plus de ballades, entre la sublime "Behind these
Eyes" tout en arpèges ou encore "Crystal Clear", acoustique, afin de laisser libre court à l’interprétation d’un vocaliste complet capable de transporter une simple mélodie grâce à sa voix. On reprochera en revanche la conclusion, probablement de trop, "Fallin’ to Pieces", aux arrangements trop mielleux et aux effets irritants sur la longueur, clôturant l’album sur une impression un peu plus mitigée. Il convient, cependant, de citer à son extrême inverse, le très bourrin "House of
Lies" au riff syncopé destructeur et à la section rythmique redoutablement efficace. Russell sort encore des cris dont lui seul à le secret et prouve qu’il est, sinon l’âme, l’identité auditive du groupe. Mike se charge quant à lui de pétrifier les guitaristes en herbe à chacune de ses interventions solistes et les amoureux du hard rock burné ne pourront qu’être aux anges.
Adrenaline Mob ne cherche d’ailleurs pas à faire autre chose qu’à s’amuser sur cet album, tout comme il l’avait déjà indiqué à la sortie d’
Omerta. Il est simplement dommage de ne pas retrouver de hits ultimes à la "Indifferent" ou "Undaunted" qui justifiaient à eux seuls l’achat et la possession du précédent disque. "
Men of Honor" est peut-être moins marquant mais démontre que le groupe n’était pas qu’un one-shot et qu’il faudra compter sur eux dans les années à venir. Au plaisir de les voir bruler les planches en Europe dans les prochains mois !
J'avais beaucoup aimé le premier que je trouvais surpuissant, surtout avec la voix de Russel qui prenait vraiment une autre dimension avec ce groupe.
J'avais écouté "The Mob Is Back" et j'avais pas accroché directement comme avec un titre de la trempe de "Undaunted" que je trouvais plus rentre dedans. Je me suis dis que j'allais quand même écouter le morceau "Deadly Departed" que tu cites et j'ai beaucoup aimé, je pense que je vais laisser une chance à l'album en entier sur le net, et l'acheter ensuite.
Merci de m'avoir fait réviser mon jugement !
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