C'est avec entrain que le groupe de metal symphonique grec nous invite à pénétrer au cœur de ses chatoyants arpèges à l'aune de ce premier album full length. Tentative courageuse, s'il en est, à l'heure où les formations aguerries à cet exercice, à l'instar d'
Epica,
Nightwish et autres
Xandria ou
Within Temptation, semblent maintenir la concurrence en respect. Ce serait sans compter avec l'élan d'inspiration du combo relatif à un projet qu'il caresse depuis quelques mois déjà. Aussi, sur «
Memories from the Future », sorti chez Sensory Records, nous sont alors proposés dix titres aux sculpturales compositions, égrainés sur plus de trois-quarts d'heure, judicieusement distribués et s'enchaînant parfaitement.
Le quartet nous ouvre ses portes et nous invite à y trouver la productrice et chanteuse au timbre chatoyant Maxi Nil (ex-
Visions Of Atlantis) ainsi que l'émérite batteur
Raphael Saini (
Cripple Bastards,
Master,
One Machine, ex-
Iced Earth), tous deux membres fondateurs du groupe. S'y adjoignent le guitar hero Kosta Vreto (
Horizon's End,
Wardrum) ainsi que le bassiste et claviériste Babis Nikou (AstralDNA, Opened
Paradise, Dia Mageias). Le mixage, plutôt de bonne facture, et le mastering ont été réalisés par Fredrik Nordstrom aux Fredman Studios en Suède. Quant à l'artwork de la pochette, aux couleurs sombres, au concept sobre et d'inspiration gothique, il est l'oeuvre de l'artiste Lila Belivanaki.
Ce généreux album de metal mélodique à la touche heavy allie une énergie communicative et une large palette d'harmonies productrices d'émotions, tout au long de son déroulement. Il n'est pas sans rappeler les univers de formations telles que
Visions Of Atlantis,
Elysion ou
Bare Infinity. Ainsi, le groupe s'est montré tantôt tonique, tantôt entraînant et enveloppant, tout en ayant densifié son espace rythmique d'une patte heavy.
Parmi les plus incandescents, deux titres tout à fait incitatifs à l'adhésion s'observent. « Raining in Sao Paolo », tout d'abord, plage à la vivifiante rythmique et aux riffs tonitruants, qui nous accueille au son enjoué d'une guitare acoustique, rapidement relayée par une lead guitare bien inspirée. De jolis arpèges au piano s'installent alors pour laisser s'exprimer de sereines ondulations vocales de la part de Maxi ainsi que des effets d'écho avec des choeurs. Une puissante impulsion vocale masculine se fait également ouïr, conférant à ce titre une touche
Visions Of Atlantis. Ainsi, les refrains se font enivrants alors qu'un émoustillant solo de guitare sort de l'ombre. Une reprise vocale tout en puissance et à l'unisson succède avant de s'effacer brutalement en fin de piste. Dans cette lignée, l'outro « Innocence » nous agrippe le tympan par son énergique rythmique et ses riffs frondeurs. Par effet de contraste, une voix câlinante vient nous transporter sur des couplets finement ciselés et, surtout, sur ses captivants refrains. Un piano virevoltant nous étreint alors au moment où la rythmique se fait syncopée. Progressivement, une riche orchestration s'échafaude, densifiant l'espace sonore de sa présence alors que le corps vocal est omniprésent, si ce n'est sur un petit break rapidement pris en étau par une reprise générale en refrain des plus heureuses. Une belle conclusion à ce propos musical, en quelque sorte ! Enfin, difficile de passer à côté de « Healing the Inner Child », avec sa rythmique grisante et ses riffs électrisants, ses arrangements judicieux et sa lead guitare bien présente. Quelques effets de contraste nous sont offerts au regard de pugnaces impulsions vocales distribuées sur des couplets étonnamment feutrés et sur des refrains bien habités et invitants, avec une aura proche de celle de
Bare Infinity. De plus, des changements de tonalité et de rythme se font jour. Ile témoignent d'une volonté de ne pas rester campé sur une trame harmonique linéaire. Mention spéciale pour le magnétique solo de guitare. C'est à la lumière d'un beau dégradé sonore que s'achève cette piste.
Quant aux passages entraînants et émouvants d'inspiration heavy symphonique, ils ne manquent pas à l'appel. Ainsi, le combo n'a pas raté son entrée en matière avec « The
Mask », titre inspiré par certaines lignes mélodiques d'
Elysion, évoluant au son d'un mid-tempo incitatif au headbang qu'accompagnent des riffs frénétiques. Les impulsions vocales de la belle, non sans rappeler Christianna, se font à la fois ondulantes et chatoyantes, rencontrant une empreinte masculine intense, se déployant alors sur des couplets finement sculptés et des refrains immersifs à souhait. Un break en voix pleine et légèrement écorchée de la sirène nous conduit tout droit à un solo de guitare éblouissant de technicité et d'inspiration ainsi qu'à d'inattendus changements de tonalité. Bref, on est en proie à un moment émotionnellement intense sur un titre qui s'apparenterait à un hit. Non moins pénétrant, « Into the
End of Time » se pare, à l'entrée comme à la sortie, d'une douce guitare acoustique, pour nous convier à un mid-tempo plombant qu'agrippent des riffs léonins. De son côté, la déesse use de ses chaudes et aériennes tonalités pour enjoliver des refrains bien customisés, suivant une ligne mélodique sans failles, guidée par une lead guitare pénétrante. Un break inattendu survient, immédiatement happé par une reprise orchestrale et vocale dévastatrice. Un solo de guitare se cale alors avant une solaire reprise de la chanteuse, à la façon d'
Elysion. Tout aussi entraînant, « Stars » illumine son introduction par de jolies nappes synthétiques avant de nous mettre en face à face avec des riffs rageurs et une lead guitare poignante. En outre, la qualité de la composition s'observe sur ses couplets éminemment attractifs et ses refrains quasi hypnotiques. Dans l'esprit de
Visions Of Atlantis, le duo mixte est alors en osmose. Une fois de plus, on assiste aussi à un solo de guitare incandescent, rattrapé sur le fil par une reprise du corps vocal, tout en puissance. Et que dire de « Keep on Fighting », avec sa savoureuse introduction au piano, sa dense rythmique, son riffing assoupli et son jeu de basse fringant? Cette instrumentation a pour corollaire des inflexions rayonnantes et de délicieuses fêlures dans le timbre de la belle, à laquelle répond en écho une agréable voix masculine. Et ce, sur des couplets colorés et des refrains on ne peut plus addictifs, capturant nos émotions sans soucis, à la manière de
Bare Infinity. C'est dire que le chemin harmonique est convaincant de bout en bout. Pour parachever ce tableau riche en nuances, un pétillant solo de guitare nous assaille avant qu'un break ne vienne rompre la cadence. Enfin, ce dernier se fait prendre en étau par une délicate reprise toute en nuances de tonalités avant qu'une chute, qu'on aurait aimé moins brutale, ne s'amorce.
D'autres passages, un poil moins enlevés, n'ont pas manqué de nous rappeler les courants d'influence des groupes qui les ont, consciemment ou non, inspirés. Dans cette mouvance s 'inscrit «
Wake up », plage au rythme ample et aux riffs invasifs. Cette fois, des choeurs s'insèrent dans l'espace vocal initialisé par le dynamique duo mixte, contribuant ainsi à rendre les refrains plutôt souriants, dans la lignée atmosphérique de
Bare Infinity. Et ce, même si les couplets semblent plus alanguis que sur les titres sus-cités. En outre, une lead guitare semble suffisamment bien installée et musclée pour nous asseoir confortablement à bord du vaisseau, à la façon d'
Elysion. Sans oublier l'imparable et fulminant solo de guitare. Une éclaboussante reprise vocale émerge alors, pour finir à l'unisson, avant que ne sonne le glas de la césure, qu'on aurait souhaitée plus tardive. Dans cette veine heavy « You'll See » a aussi ses mérites. Démarrant par une plage synthétique, ce titre en mid-tempo nous emboîte sereinement le pas par ses riffs réfrénés, ses couplets ouatés et ses refrains aussi lumineux que certains d'
Elysion. La ligne mélodique s'avère néanmoins assez linéaire, malgré les belles variations et quelques spectaculaires montées en puissance de la sirène. Enfin, un petit solo de guitare affriolant nous conduit vers une clôture un poil raide en fin de piste.
Le combo n'a pas omis de nous octroyer une petite douceur, quasi indicible, cachée telle une anse enserrée entre les imposantes falaises rougeâtres parsemées le long de notre parcours auditif. Tout en finesse et en retenue, «
In Memory » propose un schéma classique, mais toujours agréable lorsqu'il est composé de la sorte, à l'image d'une guitare acoustique/voix profonde et délicate. Ainsi, la promenade de nos sens est stimulée par une belle lumière mélodique sur cette apaisante ballade. Pourtant sans rythme, elle sait nous gâter à la fois par de sensibles accords à la guitare et par de somptueux arpèges au piano. Sans oublier de subtils effets d'échos en voix masculine et un heureux dénouement, à l'image d'un caressant dégradé atmosphérique, nous permettant alors de clore à pas feutrés notre rencontre avec cet émouvant moment d'intimité.
On ressort de l'écoute de cet opus saisi par la limpidité des lignes mélodiques autant que par la fluidité des harmonies s'égrainant au fil de l'oeuvre. Les aspects techniques ne sont pas en reste au regard des nombreux soli de guitare, d'une basse très en phase avec sa rythmique d'obédience heavy, elle-même sous l'égide d'un batteur rompu à cet exercice depuis quelques bonnes années déjà. Les titres ont été scrupuleusement écrits et composés avec un grand soin, laissant peu de place aux approximations et aux sonorités parasites. Les arrangements ont également contribué à conférer à la galette ce profond relief de champ acoustique et des nappes synthétiques opportunément placées, susceptibles d'impacter l'auditeur à plusieurs reprises. On aurait peut-être souhaité une diversification des ambiances et des césures en fin de pistes ainsi qu'un poil d'originalité supplémentaire sur quelques morceaux.
Cet album pourra convenir à un public diversifié, notamment celui ayant pu apprécier les sources d'inspiration du combo grec. Bien sûr, les amateurs de heavy mélodique à chant féminin ou mixte, mais aussi les aficionados de metal symphonique gothique, atmosphérique, ou encore power mélodique, pourront y trouver matière à satisfaire bien des pavillons exigeants. Quant aux fans de Maxi Nil, ils trouveront ici une artiste en pleine possession de ses moyens, qui s'est laissée le temps de faire mûrir sa voix autant que ses qualités de parolière. Ainsi, elle s'est affranchie de son passé au sein de formations où elle ne pouvait idéalement se libérer pour exprimer son talent d'interprète comme elle se plait à le faire cette fois.
Dans ce registre metal en pleine évolution, il s'avère délicat de tirer son épingle du jeu. Et pourtant, livrés à leurs gammes et à leurs arpèges comme arme de séduction, nos acolytes n'ont pas baissé la garde, loin s'en faut. Le résultat en est une roborative rondelle, aisément accessible, fruit d'un travail minutieux que l'on doit à des artistes chevronnés, passionnés, livrés corps et âme à leur projet. C'est dire que cette courageuse tentative pourrait sans doute rapidement être couronnée de succès.
Encore une découverte pour moi, j'irais écouter l'album.
Après il faudrait vraiment qu'il me plaise énormément pour l'acheter, vu le nombre de sorties importantes en ce moment, il risque de se fondre dans la masse.
Encore merci pour ce long texte ericb4!
Jaded Star un groupe qui continuera à nous sortir des albums de qualité et varié.
Encore merci pour la découverte ericb4!
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