L'enthousiasme et la motivation sont deux vertus indispensables dès lors qu'il s'agira de mettre son âme à nue dans l'expression d'un art, aussi mineur soit-il. Nul doute d'ailleurs que ces qualités sont indiscutablement présentes dans les desseins ambitieux des jeunes musiciens de Narîkha. Néanmoins un autre élément essentiel doit soutenir les piliers de cette bâtisse. Un principe sans lequel toutes tentative, quoiqu'on en dise, est voué à un échec certain. Sans lequel les vertus mentionnées au début de ce paragraphe ne sont que d'insupportables témoignages de vanité. Le travail.
Valentin,
Nelson et leurs complices sont sans aucun doute des gens charmants. Comme il en existe dans toutes les rues de toutes les villes de nos contrés d'ailleurs. Il ne m'appartient certainement pas de juger ici de leurs envies, de leur créativité et de leur sincérité.
Pas davantage qu'il me sera permis d'anéantir leurs rêves en répandant de vils accusations sur leurs capacités ou sur les artistes qu'ils croient être. On pourrait d'ailleurs s'interroger, à cet instant précis, sur l'intérêt de chroniquer une telle demo. Ou même sur la nécessité d'écrire un texte aussi académique sur une œuvre aussi empreinte d'amateurisme (sans volonté aucune d'être péjoratif). La question n'est pas totalement dénuée de sens. Et l'argument consistant à dire qu'il faut faire preuve d'indulgence à l'égard de néophytes passionnées doit aussi trouver écho dans le for intérieur de ceux qui, comme votre humble serviteur, se permettent, modestement, d'émettre un avis. Mais indulgence n'est pas aveuglement. Quel service rendrions-nous à ces groupes aux désirs sincères si nous même nous ne faisions pas preuve de la même sincérité à l'égard de leurs travaux? Dans la mesure où ces formations nous proposent donc de découvrir leurs premiers pas souvent hésitant, nous nous devons d'être honnêtes.
La première demo de Narîkha,
Memorabilias, sort en 2011. Elle contient trois titres de
Power Symphonique qui, en réalité, n'en fait qu'un seul puisque les deux premiers sont les deux parties du même qu'on peut entendre réunies sur le troisième de cet opus. Une première pensée déplaisante nous effleure déjà nous questionnant sur l'utilité de nous en proposer aussi peu. N'aurait-il pas été plus judicieux d'attendre d'avoir davantage de matière pour s'exposer ainsi? Ce premier désagrément n'est, malheureusement, pas le dernier.
Débutons donc plus en profondeur l'examen de ce premier effort. Abordons ses aspects les plus gênants et parlons, en premier lieu, de sa production déséquilibrée. Difficile de ne pas fustiger, en effet, ce traitement sonore dans lequel guitares et batteries sont tant maltraitées et tant en retrait, qu'il devient presque difficile de parler ici de
Metal. Les deux instruments anémiques sont presque entièrement muets, laissant un espace conséquent aux claviers et aux chants, œuvres de
Nelson.
Outres ce souci embarrassant concernant un mixage assez problématique, en subsiste un autre bien plus fâcheux encore. Le manque de moyens inhérent à ce genre de premier effort est une gageure pour laquelle on ne peut, bien évidemment, pas totalement accabler les coupables, au-delà de ces carences sonores récurrentes, la créativité s'exprime parfois de manière séduisante.
Pas ici. Du moins pas suffisamment.
Memorabilias a été conçu, semble-t-il, comme un labyrinthe humide et sombre dans lequel nos esprits devraient se perdre avec délices. Le résultat n'est qu'un long corridor froids dont on saisit assez rapidement les quelques subtilités.
Pas suffisamment varié, le titre devient assez vite ennuyeux et répétitifs trainant en longueur sur 9 minutes torturantes.
Plus désagréable encore que cette créativité poussive et prévisible, l'absence totale de travail sur les arrangements est regrettable. Si guitares, batterie, chants et pianos semblent s'entendre plutôt convenablement, du moins dès lors qu'ils sont audibles, les nappes de claviers envahissantes sont, quant à elles, pénibles jetant au milieu de cet ensemble précaire leurs dissonances crispantes.
Concernant les chants, agréables et justes, on déplorera simplement qu'ils ne soient pas plus nuancés nous offrant uniquement cette expression médium s'égarant au cœur d'intonations plaintives.
Memorabilias est donc un opus fade nous proposant de découvrir un travail inachevé. Loin de constituer ce premiers pas hésitants que firent tant d'autres, il n'en est que les prémices inabouties. Une sorte de premier cri immature fondamental et obligatoire que beaucoup, avec raison, se décident à garder dans l'intimité. Narîkha doit encore murir et travailler pour se mettre debout.
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