C'est une bouteille de vin à la main que
Macabre, âme de
Mortis Mutilati, nous fit part de ses tourments, à travers son rejeton, promptement nommé "
Mélopée Funèbre". Ce fantôme de la nuit, pondu il y a maintenant 3 ans, s'inscrit comme l'une de ses oeuvres les plus abouties et acharnées. Un travail cristallisant le dur labeur de l'artiste, à la fois pluri-instrumentaliste et chanteur du projet depuis la création du groupe en 2011. Un album infiniment funeste mais aussi intense, qu'on n'oubliera pas de sitôt dans nos contrées francophones, même sous l'effet de l'alcool....
Il y a des disques comme ça que l'on peut écouter inlassablement, comme l'envie de s'enivrer du parfum de l'alcool, et de s'y noyer pour se sentir planer, oublier, s'oublier... Ce disque aura le même effet, mais sans en boire la moindre goutte, tel un fantôme qui t'étreint pour s'emparer de tes sens, les embaumer, et te faire respirer l'odeur d'un vin d'une grande qualité, avant de le porter à tes lèvres pour le déguster et les alléger....
Le premier titre, éponyme de l'album, se veut accrocheur et direct, par ces guitares acoustiques et concises, et plus encore eu égard à ce chant féminin fantomatique et délicieux, qui nous plonge d'emblée au plus profond de nous-mêmes par son souffle mélancolique. Et ce, bien avant que
Macabre fasse son entrée en scène sur "Vénus Anadyomène" par son chant charbonneux, délaissant cette exquise douceur féminine pour hurler et cracher son mal-être comme un damné, accompagné par ces guitares venteuses et incisives, la plupart du temps en arpèges, soufflant une brise mélancolique par leurs mélodies simples mais imparables. D'ailleurs, ce chant ne faiblira pas une seule seconde durant la totalité de l'album ; au même titre que ces mélodies diverses et variées fredonnées par les claviers, nous enveloppant d'un voile brumeux et suintant le désespoir. Sublimant une certaine beauté par ces notes cristallines, un aspect plus rude, sec et écorché, se dévoile également par ce chant rugueux et ces guitares au riffing déchiquetant.
L'ensemble se veut très varié ; chaque morceau révèle une noirceur pénétrante et intense qui s'imprégnera aisément et en profondeur, au point d'enivrer nos sens, plus encore qu'avec une bonne dose d'alcool dans le sang. Le jeu des guitares, pour sa part, s'avère fluide et limpide, bien qu'il ne soit pas dénué d'effets de saturation ; les riffs et les arpèges résonnent agréablement et les soli sont tout simplement magnifiques, certes brefs, mais inspirant la mélodicité et la volupté. Les claviers, quant à eux, font également la force de ce disque via cette ambiance funeste, funèbre, je dirais même parfois mortuaire, infiniment tragique et mélancolique. Enfin, bien que le chant ne présente aucune variation, il n'est pas déplaisant d'entendre
Macabre se livrer ainsi, comme si le bonhomme était possédé, vociférant comme un forcené ses textes qui s'imprègnent dans le soufre et la poussière.
Pour ma part, "
Mélopée Funèbre" s'inscrit parmi les tout bons du Black français dépouillé et tourmenté. C'est dire que
Macabre a livré une belle petite tuerie à l'image de cette oeuvre, restant à mon sens un album majeur dans sa discographie. Incontournable pour tout adepte d'émotions pures et fortes, respirant bon la mélancolie et les effluves des caves à vin, dans lesquelles on ira pressement se perdre, se noyer dans un parfum enivrant et addictif. Tel un goût que l'on voudra irrémédiablement se remémorer, dès l'entame d'une prochaine écoute....
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