Masquerade: A Circus Drama

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15/20
Nom du groupe Saltimbankya
Nom de l'album Masquerade: A Circus Drama
Type Album
Date de parution 17 Juillet 2017
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 Prologue: Masquerade
 03:06
2.
 Open Your Eyes
 04:02
3.
 The Voices
 04:34
4.
 Gipsy Queen
 03:34
5.
 Blue Moon
 05:23
6.
 Go Away
 03:47
7.
 Epilogue: A Spark Inside Us
 03:27
8.
 Tu Enemigo
 03:38

Durée totale : 31:31

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Saltimbankya


Chronique @ ericb4

27 Septembre 2019

Sous le chapiteau se joue un étrange et fascinant spectacle...

Ayant en ligne de mire de s'affranchir du joug pour le moins sclérosant des cadors du genre, il est des groupes metal symphonique à chant féminin cherchant une voie alternative à celle, devenue classique et volontiers ''nightwishienne'', empruntée par nombre de leurs homologues, pour se mouvoir. Et ce jeune septet espagnol sorti de terre en 2016 serait de la partie. Aussi, c'est dans un registre rock'n'metal mélodico-symphonique gothique et opératique aussi pénétrant que pétri d'élégance, à la chatoyante coloration hispanisante, que nous mène tambour battant le combo barcelonais. Ainsi, y décèle-t-on des sources d'influence aussi diverses qu'Amberian Dawn (première mouture), Stream Of Passion, Ayreon, Therion, Xandria et Beethoven.

Un ambitieux et original projet où différentes problématiques sociales sont évoquées, notamment le harcèlement et les violences faites aux femmes. Ce dont nous content précisément les 8 pistes de « Masquerade : A Circus Drama » ; introductif album full length, modeste de ses 31 minutes, signé chez le puissant label espagnol Maldito Records en 2017, soit, une année à peine suite à la création du collectif ibérique. Nos gladiateurs seraient-ils dores et déjà pourvus d'armes suffisamment efficaces pour opposer une farouche résistance aux Elvellon, Beyond The Black, Once, Sleeping Romance et autres Metalwings ou Walk In Darkness ?

Dans ce dessein, c'est dans le monde fascinant du cirque français de la fin du XVIIIe Siècle que la troupe a puisé son inspiration, chacun de ses membres ayant un rôle à jouer dans une histoire où se mêlent magie, mélancolie et obscurité. Une incursion dans un univers aussi enchanteur qu'impitoyable, où la principale protagoniste, le sobre clown ''blanc'' Geraldine Lenclos, incarnée par la frontwoman et parolière Thanya Santos (ex-Haunted Gods), sera soumise à rude épreuve. Aussi, celle-ci se voit-elle harcelée par le maléfique propriétaire du cirque Mr.Madness Folie, incarné par le growler Xavi Pascual (Frozen Shield). Après avoir écouté son alter ego, l'enjoué clown ''auguste'' Esmeraldine Lenclos (rôle également attribué à Thanya), Geraldine décida de s'abstraire de sa condition pour entamer une nouvelle existence, expérience au cours de laquelle elle put dépasser ses craintes et ses doutes jusqu'à devenir une femme plus affirmée, désormais apte à s'affranchir de ses blessures passées.

Dans cet univers fantasmagorique, ont également oeuvré : le lead guitariste Jose A. Romero (dans le rôle de Mr. Scary, le dompteur de lions) ; le guitariste Robin Munch (Francis, le clown révolutionnaire) ; le claviériste Edgar Aguiló (Kanan, le fakir): le bassiste Quim Sisa (Mosby, le magicien) et le batteur Arnau Coma (Koga, le lanceur de couteaux). Pour l'occasion, afin de compléter la distribution, ont été sollicités des invités de marque. Ainsi, le rôle d'Armand Belandjo revient à l'expérimenté vocaliste Martí Doria (Döria, ex-Wicked Inc), celui de Philippe Belanjo à Noel Córdoba (Nostalgy). Avec la participation de l'émérite et éclectique guitariste espagnol Luís Robisco à la guitare flamenca sur « Gipsy Queen ». Mais entrons sans plus attendre dans cette salle de spectacle, que soient frappés les trois coups du solennel brigadier sur le plancher de cette scène et que s'ouvre enfin le rideau de ce théâtre aux mille visages...

Bien décidé à s'écarter des sentiers battus, le combo a judicieusement évité le sempiternel instrumental d'ouverture, ici troqué par une ballade a-rythmique entonnée par un duo mixte en voix claires et en parfaite osmose. Ainsi, à mi-chemin entre un Therion des premiers émois et l'opéra rock, c'est dans un climat satiné et calé sur de délicats arpèges au piano doublés d'enveloppantes nappes synthétiques que l'altier « Prologue: Masquerade » nous ouvre les portes. Le temps pour nous de déceler des arrangements instrumentaux de fort bon aloi et une ingénierie du son plutôt soignée, mais sans lissage excessif, l'opus offrant, par là même, une belle profondeur de champ acoustique. Une sereine et inattendue entrée en matière nous intimant d'aller explorer plus en profondeur cet univers du merveilleux, de la fête et des faux-semblants...

Si l'exercice dans son ensemble ne déroge que rarement aux codes du genre mélodico-symphonique, le collectif espagnol semble, cependant, doté de cette rare faculté à générer ces insoupçonnées séries d'accords susceptibles d'aspirer le pavillon d'un battement de cils. Ce qu'il prouve déjà à l'aune de ses pistes les plus vitaminées. Ainsi, à l'instar de Delain, avec un soupçon de Metalwings, l'entraînant « Open Your Eyes » tout comme l'envoûtant et hispanisant « The Voices » disséminent une énergie aisément communicative, cristallisée par des riffs corrosifs adossés à une dévorante rythmique. Mis en exergue par un duo mixte en voix de contraste des plus saisissants, les cristallines inflexions de la belle répondant point pour point aux attaques de son acolyte de growler, le premier effort joue habilement sur les effets de clair/obscur quand le second ne laisse glisser que les seules, angéliques et pénétrantes, volutes de la sirène. Et comment se soustraire aux vibes enchanteresses inhérentes à « Go Away », échevelant et ''sirenien'' up tempo aux franches accélérations rythmiques ? Pourvus de couplets d'une confondante légèreté relayés chacun d'un refrain immersif à souhait, ces trois pimpants méfaits jouent dans la catégorie des hits en puissance que l'aficionado du genre ne quittera qu'à regret.

Dans un souci de diversification atmosphérique de l'offre, la troupe nous immerge plus en profondeur encore au cœur d'une suave ambiance hispanisante. Ainsi, exceptionnellement affranchi de l'espace metal, c'est dans un flamenco aussi troublant qu'enflammé que nous plonge le grisant mid tempo « Gipsy Queen ». Dès les premières mesures jaillissant d'un habile staccato à la guitare flamenca signé Luís Robisco, l'émotion ne tarde pas à poindre le bout de son nez. A la charmeuse, eu égard à ses chatoyantes et hypnotiques sinuosités, de contribuer à magnétiser le tympan dans cette danse résolument endiablée et d'une confondante sensualité. Une réelle prise de risque dans un tel registre mais parfaitement assumée par la formation barcelonaise. D'autre part, dans la veine de Stream Of Passion, l'engageant « Tu Enemigo » nous imprègne de son entêtant refrain mis en habits de lumière par les limpides ondulations de la déesse. Bref, une fringante et grisante adaptation metal du célèbre titre pop extrait de l'album « El Mundo y los Amantes Inocentes » (2015) de Pablo López et Juanes.

Quand la lumière se fait douce et que s'apaisent les tensions, nos acolytes trouvent sans mal les clés pour nous retenir plus que de raison. Non sans nous rappeler « While Your Lips Are Still Red », morceau composé par Nightwish et titre phare du film « Lieksa! » réalisé par Markku Pölönen en 2007, la ballade « Blue Moon » se révèle être une véritable invitation au voyage. Voguant sur une ligne mélodique d'une confondante fluidité, sous-tendu par un infiltrant duo mixte en voix claires et recelant un bref mais poignant solo de guitare, l'instant privilégié se charge en émotion au fur et à mesure de notre progression, jusqu'à atteindre le point de non-retour. Dans cette mouvance, eu égard à son enivrant cheminement d'harmoniques et ses soyeuses oscillations mélodiques, on retiendra « Epilogue: A Spark Inside Us », qui n'est autre qu'une reprise de celle contenue dans « La Princesse et la Forêt Magique », film d'animation réalisé par Jozsef Gémes en 1991, adaptation du roman « La Princesse et le Gobelin » écrit par George MacDonald en 1872.

Au final, c'est sans sourciller que le combo espagnol parvient à nous rallier à sa cause, nous octroyant un album à la fois bien inspiré, éminemment varié au regard de ses atmosphères et ses joutes oratoires, mélodiquement efficace, techniquement éprouvé, à l'originale thématique et témoignant d'une ingénierie du son aux petits oignons. Si l'exercice de style est loin d'être novateur, le groupe a su éviter l'écueil de la pâle caricature, développant un propos personnalisé tout en faisant montre de quelques prises de risques et d'arrangements de bonne facture. Aussi, disposant d'un arsenal suffisamment fourni pour éloigner ses concurrents, toujours plus nombreux à se lancer dans la bataille, la troupe ibérique pourrait-elle dès lors jouer dans la cour des sérieux espoirs du metal symphonique à chant féminin. Bref, un groupe qui a le vent en poupe...

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