Alors que les
Legions Noires, depuis leur formation, clamaient haut et fort que c'était les labels qui entraînaient le déclin du black metal avec leur politique de commercialisation, Voilà qu'en cette année 1995 Mütiilation sort son premier album chez
Drakkar et que
Vlad Tepes et
Belketre signent avec Embassy Productions pour un split. Il y avait bien eu l'histoire avec
Full Moon Productions et ces fameuses cassettes à 10 dollars, mais cette signature devait être comprise comme une provocation à l'égard du monde des labels. D'ailleurs, le deal avec Embassy prévoyait également une sortie CD de
War Funeral March qui se fera au cours de cette même année.
Pour expliquer ce revirement, Wlad nous fera simplement comprendre que
Drakkar et Embassy étaient les exceptions qui confirmaient la règle.
Le choix
Vlad Tepes /
Belketre pour un premier split n'est certainement pas anodin, puisqu'il s'agit des deux groupes fondateurs des
Legions Noires. Les deux groupes ont enregistré leur partie au
The Black Legion's Studio, simplement que l'enregistrement de
Vlad Tepes s'est fait sur 8 pistes et celui de
Belketre sur 4 pistes.
Pour la partie
Vlad Tepes, il s'agit en fait d'une sorte de best of de toutes leurs démos, donc aucun inédit. Le black metal, selon
Vlad Tepes se devait de rester attaché à une certaine tradition. Dénué de toute forme d’humanité et complètement purifié de toutes les impuretés venant du death metal, leur true black ne se plaçait pas dans une optique d’originalité, mais simplement dans celle de faire perdurer ce qui était jugé digne. Le groupe ne cherche pas à cacher ses influences, bien au contraire, il veut les mettre en valeur. C’est pour cela que l’album The
Return … de
Bathory arrive à l’esprit dès les premières notes de « In
Holocaust To The Natural
Darkness », que l’ombre du Under A
Funeral Moon de
Darkthrone plane fortement sur un morceau comme «
Massacre Song From The
Devasted Lands » ou que l’on pense au vieux
Graveland à l’écoute de «
Misery Fear & Storm Hunger ». En mélangeant toutes ces influences, notamment sur cette superbe pièce de 12 minutes qu’est « Drink The Poetry Of The Celtic Disciple »,
Vlad Tepes trouve réellement sa patte personnelle.
Vlad Tepes est un groupe breton, descendant des peuples celtiques, et son envie de mettre à l’honneur ses origines se fait sentir sur les riffs très païens, limite festifs de « Vladimir’s March », le morceau d’introduction. Un
Vlad Tepes plus grand et élitiste que jamais …
Pour ce qui concerne
Belketre, c’est un peu le frère de sang de
Vlad Tepes. Après un passé death metallique sous le nom de
Chapel Of
Ghouls puis Zelda, la rencontre avec Wlad, puis la création des
Legions Noires, vont complètement chambouler les aspirations musicales des musiciens qui vont aligner leur musique sur celle de
Vlad Tepes. Même si sur la première démo de
Belketre, Studio
Track 1993, on sent quelques traces du passé, on est dans un black metal à la
Bathory qui va se vlad tepestiser fortement sur la seconde démo,
Twilight Of
The Black Holocaust.
Cependant, on sent ici une envie de la part de
Belketre de se démarquer de son frère de sang, grâce à une nouvelle influence qui est celle d’
Ildjarn. Les deux premières démos du groupe norvégien, surtout
Seven Harmonies Of Unknown Truths, avaient bien marquées les esprits. Le black metal très raw et dégueulasses d’
Ildjarn entrait en parfaite osmose avec les aspirations des
Legions Noires.
Belketre va donc mettre en avant cette nouvelle influence. C’est pour cela que le groupe choisit l’enregistrement sur 4 pistes pour avoir ce son ildjarnien primitif. Le rendu est certes moins facile d’accès que la partie
Vlad Tepes, mais la noirceur et la haine qui se dégage du black metal de
Belketre est à vous couper le souffle. Mais surtout, quand
Belketre se met à cogner, notamment sur « Last
Sigh Of
God » ou « Those Of Our
Blood », ça devient vraiment très brutal. Cette brutalité va d’ailleurs être amplifiée sur leur toute dernière démo de 1996, Ambre Zuerkl Vuordhrevarhtre. Par la suite,
Vlad Tepes va d’ailleurs s’inspirer de l’influence ildjarnienne de
Belketre sur sa démo
Morte Lune.
Ce split complètement culte qui fait partie de notre patrimoine black metallique français vient d’être officiellement réédité par
Drakkar. Auparavant, pour ceux qui ne l’avaient pas acheté à l’époque, deux choix s’imposaient : soit l’acheter entre 400 et 600 dollars sur les plateformes de ventes soit se procurer les mauvais bootlegs de Tragic
Empire Records. Voilà donc une chose de réglée et surtout un disque essentiel remis à disposition.
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