Sortez les violons, les flûtes, les sitars ainsi que les tambours de guerre ! Préparez vos mantras, vos pierres magiques et vos tenues traditionnelles de prière et de combat. Il est temps de vénérer le retour du dieu
Kartikeya ainsi que l'avènement du dieu créateur Brahma grâce à cet album nommé «
Mahayuga ».
Dans la cosmogonie hindoue,
Mahayuga correspond à l'ensemble des quatre âges du monde. Et c'est autour de ce thème mystique et oriental que se concentrent les russes de
Kartikeya. Après un « The Battle Begins » sorti en 2008 retraçant les conquêtes et batailles de ce dieu hindou particulier, le sextet décide de faire fort en signant avec le label Grailight Productions et en s'armant d'un concept inimitable et d'instruments traditionnels typiquement orientaux. On s'en doute, cette fois-ci, les moskovites poussent le vice jusqu'au bout concernant l'originalité de leur musique. Voici donc un condensé de brutal death moderne à la sauce orientale et ethnique. Mais contrairement au précédent opus, dans une optique plus folk, «
Mahayuga » lui, nous fait découvrir un côté symphonique plus prononcé, qui couplé à des tambours de guerres et des chants traditionnels, rend le tout encore plus guerrier et épique.
Bien sûr, ils ne sont pas les premiers à officier dans un death teinté d'éléments orientaux et ethniques. On connaît déjà
Nile,
Orphaned Land ou
Behemoth («
Demigod »). Rajoutez à cela quelques influences
Melechesh et l'expérimentation de
Senmuth et vous saurez plus ou moins comment situer l'ensemble musical de
Kartikeya. Quant à la thématique hindoue, elle est totalement inédite.
L'album, durant plus de soixante dix minutes, est une sorte de voyage initiatique en Inde aux côté de six musiciens talentueux, arrivant avec brio à nous embarquer dans ces terres mystiques et spirituelles. Le tout se divise en étapes et événements, comme si on nous racontait une histoire. L'introduction ethnique aux instruments traditionnels est une sorte de prologue : elle pose le décor ainsi que les ambiances, avant de nous lancer pour de bon dans le premier chapitre metallique et agressif avec un « He Who Carries the
Head of Brahma » où s'entremêlent riffs endiablés, voix bien gutturale et parties folks de toute beauté.
Pas de répit avant une fin davantage atmosphérique où des mantras sont récités, à la manière de
Rudra sur leur trilogie « Brahmavidya ».
Si « The
Path » apparaît de façon plus mélodique avec un refrain lancinant où se superposent voix claires et claviers à la manière d'un « Holographic
Universe » de
Scar Symmetry, « Fields of Kurukshetra » (un champ de bataille), quant à lui, ne fait pas de cadeau avec ces riffs efficaces bien que déjà entendus, ces tambours de guerre, ces flûtes, et surtout ce duo entre le growl de Mars et le chant black de Kathir de
Rudra en guest.
Après une introduction chantée en langue sanskrit, « Surya Jayanti » nous envoie son gros death alternant brutalité et mélodie, et ce avec ces claviers et instruments typiques en fond. Il est clair que le multi-intrumentiste
Arsafes aura mis de tout son cœur dans chaque compo, car rien n'est synthétique, le sieur s'occupe de tous les instruments ethniques, et l'outro de « Surya Jayanti » ainsi que les titres instrumentaux éparpillés au sein de l'album ne peuvent que nous prouver son talent.
Les neuf minutes quarante de « Utpavana » montrent un côté épique à couper le souffle, malgré sa longueur conséquente. Les orchestrations sont soignées ainsi que les parties plus posées et les parties plus brutales. Bien que les riffs soient redondants, la fresque est superbe et les sont claviers puissants (peut-être trop), jusqu'à une fin aux blast beats terribles.
Le voyage initiatique se termine avec la présentation des quatre âges du monde sur quatre titres sans coupure.
Mahayuga !
Si « Satya Yuga » (l'âge d'or) nous offre quelque chose d'assez ambient et spirituel, bien que longuet, «
Treta Yuga » (l'âge d'argent) arrive pour nous proposer un ensemble symphonique, aidé de guitares écrasantes. « Dvapara Yuga » (l'âge de bronze) alterne autant les parties bien death metal que les parties plus ambiancées ou les parties plus folk où l'on retrouve un chant féminin chaleureux. On retrouve bien l'atmosphère de l'opus précédent sur ce titre, avant de passer à l'étonnant «
Kali Yuga » (l'âge de fer) beaucoup plus sombre voire davantage death/black à la sauce
Aeternam.
Bien évidemment,
Kartikeya n'a pas oublié de nous étonner, comme sur « The Battle Begins ». Souvenez vous, les russes avaient intégré en piste cachée une reprise de «
Babylon » de
Soulfly. Ici, encore plus surprenant, nous avons droit à du Shakira avec son «
Eyes Like Yours » ! Les parties folk et orientales sont sensiblement restées identiques, par contre tout se transforme en death, les rythmiques se retrouvent donc changées, pour notre plus grand bonheur ! Chant clair, choeurs, growl, riffs monstres et mélodie accrocheuse...le résultat est véritablement bluffant !
Le pari fut osé mais
Kartikeya a réussi son coup en nous offrant un album résolument original, oriental et chaleureux, n'arrivant tout de même pas à la hauteur des
Nile et consorts. Malgré tout, on se délecte de cet opus très bien produit et au design magnifique, chaque page du livret représentant les étapes à franchir, et ce, grâce aux coups de pinceaux de Mstibog de deviant art. Voici peut-être un bon compromis pour les folk metalleux ayant du mal avec le death metal pur et dur.
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