Jeune groupe doom gothique canadien originaire de Winnipeg,
Madeira entame prudemment sa carrière à l'instar de ce laconique EP de 3 titres se succédant sur un parcours auditif d'à peine 18 minutes.
Plus précisément, c'est dans un doom atmosphérique gothique avec une touche rock psychédélique, dans la veine de
The Flaw, qu'officie le trio nord-américain, comptant dans ses rangs : le guitariste et vocaliste Jean-Louis Wittinger ; la frontwoman Rachel Quelch et le batteur
Will Hill. Sur ce premier jet, l'ingénierie du son, cosignée Jean-louis et Chris Buhrer, reste de bon aloi, tout comme la qualité de l'enregistrement, œuvre de l'ensemble du collectif. Chaque piste recelant une dynamique différente, l'analyse se calera sur un regard circonstancié et unitaire.
Tout d'abord, à la manière de
The Flaw, avec un zeste de
The Gathering, les riffs tourmentés et crayeux de « Artist
Skin », titre doom gothique progressif, corroborent les claires et déchirantes volutes oratoires de la déesse. Soudain, l'assise instrumentale devient brûlante, la lead guitare incisive, et la frondeuse section rythmique se plait à lacérer nos tympans sans ménagement. Ce faisant, le convoi orchestral suit parallèlement quelques chemins de traverse mélodiques, dans lesquels on viendrait aisément noyer son spleen.
Par ailleurs, sur un gimmick guitaristique avenant et en proie à la répétibilité, l'entraînant mid tempo «
Dark Shadows » n'en demeure pas moins imprégné d'une étrange ambiance dans cet espace sonore dépouillé de tout artifice et un tantinet lunaire. Dans ce climat éthéré, dans l'ombre de
Tristania, les graciles patines de la belle s'impriment, par contraste, sur une sente mélodique énigmatique et hypnotique à la fois. Troublant et efficace moment de grâce.
Enfin, d'apparence déstructuré, mais parfaitement sous contrôle, le low tempo «
Sugar » s'étire inlassablement et paresseusement sur ses 7:36 minutes. Dans cet univers dunaire, une guitare agonisante mais oppressante laisse glisser un sweeping évanescent et peu oscillatoire, assistant une interprétation morne, plaintive, et résolument pessimiste. Un titre obscur et lancinant à appréhender à part entière et dans des conditions particulières.
A l'issue du parcours du skeud, une frissonnante impression empreinte de lugubres et engloutissants espaces d'une profondeur abyssale nous envahit. C'est dire qu'un prégnant sentiment d'oppression nous submerge pour ne plus nous lâcher, jusqu'à la note ultime de cette offrande. C'est précisément ces petites matins brumeux, asphyxiés par des nappes de brouillard tenaces, que l'on vient chercher en écoutant ces mystérieuses incantations mêlées à une instrumentation glaciale et visqueuse. Une mise en abyme qui devrait rencontrer un écho favorable auprès d'amateurs de doom atmosphérique gothique à chant féminin. Du moins, on ne peut que le leur souhaiter...
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