Fraîche formation doom gothique canadienne native de Winnipeg, créée en 2014,
Madeira poursuit sa route suite au minimaliste mais néanmoins encourageant EP «
Madeira », avec « Bury You : live sessions 2015 », un album live éclair de 2 titres (dont un inédit) pour un parcours auditif d'à peine 12 petites minutes. Pour (re)précision, c'est dans un doom atmosphérique gothique avec une touche rock psychédélique, dans la veine de
The Flaw, qu'officie le trio nord-américain, comptant toujours dans ses rangs : le guitariste et vocaliste Jean-Louis Wittinger ; la frontwoman Rachel Quelch et le batteur
Will Hill. Sur ce second effort, entièrement écrit et composé par le collectif canadien, l'ingénierie du son, plutôt soignée, à été laissée aux mains expertes de Spencer Baudoin.
Tout d'abord, à la manière de
The Flaw, avec un zeste de
The Gathering, d'apparence désarticulé, mais empreint d'une réelle cohérence harmonique, le low tempo «
Sugar », déjà présent sur l'EP, s'étire inlassablement sur ses 7:30 minutes, avec un poil de dynamisme supplémentaire à son actif sur cette mouture live. Dans cet univers dunaire, une guitare agonisante mais oppressante laisse glisser un sweeping évanescent et peu oscillatoire, assistant une interprétation morne, plaintive, et résolument pessimiste. Un titre obscur et lancinant à appréhender à part entière mais prenant ici un caractère moins terne, nous octroyant une plus ample profondeur de champ acoustique. Cette dernière lui confère dès lors, sans effets ajoutés, une dimension supplémentaire en version live.
Par ailleurs, « Conniving Black », sur un gimmick guitaristique plombant et répétitif, nous embarque dans une larmoyante et acide complainte, mise en exergue par les puissantes et linéaires patines oratoires de la déesse. Ce faisant, on ne tarde pas à être imprégné d'une étrange ambiance dans cet espace sonore aux riffs incessamment grésillants, dépouillé de tout artifice ostentatoire et un tantinet lunaire. Dans ce climat éthéré, dans l'ombre de
Tristania, on éprouve un indicible sentiment d'inquiétude mêlé d'une envie de s'immerger dans les eaux troubles et visqueuses de ce brûlot.
Au final, à l'image du précédent méfait, un indéfectible sentiment d'oppression nous envahit de bout en bout à la lueur de ce paysage de notes crépusculaire. Ce sont cependant ces petites matins brumeux, asphyxiés par des nappes de brouillard tenaces, que l'on vient chercher en écoutant ces mystérieuses incantations mêlées à une instrumentation glaciale, particulièrement mise en relief dans cette version. Malgré la brièveté de ce message musical, tout comme sur le précédent effort, celui-ci devrait trouver un débouché favorable auprès d'aficionados de doom atmosphérique gothique à chant féminin dans la veine des sources sus-citées, à condition de ne pas succomber à la tentation de la comparaison. On attend dès lors une œuvre d'envergure plus significative à l'aune d'un album full length...
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