« Espèce de fils à papa. »
…
« Ta gueule ! »
Je ne sais pas pour vous, mais moi, dans ma jeunesse, quand quelqu’un te disait ça, ben c’était pas un compliment et ça pouvait vite tourner aux bourre-pifs.
Pour les rockers non plus ce n’est pas toujours facile d’être le fils à papa, surtout quand celui-ci a fait parti d’un des groupes les plus célèbres du monde et qu’il eu une vie et une mort de rock star. Un père brulé à 32 ans quand toi, pauvre ado, tu as à peine 14 printemps au compteur. Alors tu grandis comme tu peux, dans l’ombre envahissante de ce père si tôt disparu. De toute façon, chers jeunes Somiens, sachez que la vie vous apprendra que les parents partent toujours trop tôt…
Les vieux, on essuie son nez qui coule et ses yeux humides et on poursuite la lecture.
Donc toi, le fils à papa, tu vas faire quoi de ta vie ? Tu épouses la carrière de zicos, comme ton père qui a été considéré en 2016 par le magazine Rolling
Stone comme le meilleur batteur de tous les temps – c’est con ces classements - , ou, tel un gangster, tu t’affranchis et tu te lances dans un emploi de comptable cravaté ?
Jason a choisi, il trouera des peaux de caisse claire comme papa. Très bien. Reste ensuite à définir son identité musicale. Tu poursuis l’héritage ou tu lèves bien haut ton majeur et tu prends le monde entier à rebrousse-poil ?
Sur le très honorable premier album du groupe, «
The Disregard of Timekeeping » (1989),
Jason enfile les chaussons de papa et emprunte très fortement à Led Zep. Ca marche le feu de Dieu, le disque finit en or aux US.
Trois ans plus tard, le quatuor sort son deuxième opus studio. Sous le même line up. Avec les trois british exilés aux states,
Jason,
Ian Hitton (guitare), John Smithson (basse et claviers) ainsi que le chanteur canadien Daniel Mac
Master.
Le groupe est encore jeune, tous ses membres sont largement sous la trentaine. Le premier album était leur première expérience en studio. Sauf pour
Jason. A seulement 26 ans, ce «
Mad Hatter » est déjà son 6eme disque. Avant le premier Bonham, il s’était fait les dents et les baguettes à tout juste 18 ans avec
Airrace sur l’album « Shaft of Light », puis sur les deux disques de
Virginia Wolf (1986 et 87) ainsi que sur le skeud solo de Page, le moyen « Outrider » (1988). Bref, il est peut être temps pour lui de proposer un truc plus éloigné musicalement de la sphère Led Zep. Ce sera le cas.
Co-produit par
Jason et Tony Plat, l’ancien ingé son de Mutt Langue au CV long comme la série de défaites de l’OM en Champions League – j’en peux plus putain -, ce skeud, qui porte le nom du bar où le groupe passait pas mal de temps pendant les sessions d’enregistrement, est plus « direct » que son prédécesseur (« Bing », « Hold on », « Ride on a dream » ou les groovy « Backdoor » et «
Secrets »). Oui, j’avoue, ma phrase précédente est grave à rallonge. Y’a même un feeling à la
Aerosmith sur la très chouette title track.
Alors bien sur, il suffit de vouloir se dégager de l’influence du Zep pour qu’elle sorte par la porte et revienne par la fenêtre, mais c’est franchement bien fait à chaque fois, comme sur la superbe ballade « Change of a season » ou encore sur « The storm ». Mac
Master (RIP) affirme lui aussi une plus grande personnalité et ne se contente plus de singer Plant et ses aigus castrateurs.
Autre bon point (que tu pourras montrer à ton papa après l’école),
Ian Hatton est franchement excellent lors des soli.
Pas du tout le modèle TGV, plutôt ancré dans le style seventies avec ces silences qui en disent tellement. Sur l’instru, certes un peu chiante, « Los locos », il fait preuve d’un sacré feeling.
Histoire de justifier ma note, comme pour le premier album, je vais surtout regretter un disque beaucoup trop long pour ne pas finir par me perdre parfois (« Good with the bad », «
Chimera »).
Alors, pari payant que cette identité plus personnelle ? Mon c-l oui ! Le groupe ne recueille que de l’indifférence de la part d’un public ricain désormais nourri au sein du grunge. Enorme échec commercial, départ d’un Mac
Master picolo-camé, fin de l’histoire.
Les trois autres formeront Motherland et tenteront un truc disons plus dans l’air du temps et clairement opportuniste avec « Peace 4 me » (
1994) - que l’Histoire de la musique préfèrera gentiment oublier -. Hatton continuera ensuite notamment avec
Robert Plant puis Paul Rodgers.
Quant à
Jason, musicien respecté de tous dans le milieu, ce n’est pas lui faire offense que d’écrire qu’il n’a à ce jour pas encore véritablement trouvé chaussure/groupe à son pied.
Pas facile d’être un fils à papa. A papa Gonzo surtout. Ca n’empêche, qu’est-ce qu’on les aime nos papas hein les gars ?
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