Cette jeune formation de folk metal italienne s'inscrit dans un projet artistique peu conventionnel et à l'inspiration féconde. Et ce, de par son champ harmonique singulier tout en se voulant proche, de par ses sonorités abyssales, des traditions ancestrales. Le septet issu de Modène est l'auteur d'une auto-production qui trouve ses racines dans des influences celtiques tout en cultivant l'art de savoir y mêler une atmosphère vintage propre au prog rock des années 70 et un riffing corrosif typé metal. Et ce, à l'instar de cette œuvre introductive sous forme de démo de quatre titres, évoluant sur un ruban auditif de dix-sept petites minutes.
Le souci d'authenticité commence dès l'approche de la pochette, à l'artwork dépouillé et sombre dans ses tons. Quant au titre, en chiffres romains, il renvoie directement à la date de sortie de la menue rondelle.
Pas d'artifices ostentatoires non plus concernant l'arsenal instrumental : les violons, flûtes, guimbardes, et autres guitares sèches, violon et piano partagent opportunément l'espace sonore avec les synthés, basses vrombissantes, at autres riffs écornés et rythmiques vivifiantes. L'ensemble orchestral ainsi constitué jouit d'une homogénéité sans commune mesure, faisant montre d'une habileté éprouvée des musiciens. Quant à la partie vocale, elle se cale sur le schéma bien connu de la Belle et la Bête, mais, adaptée à cette ambiance roots, elle y a gagné concernant l'architecture oratoire et en profondeur de champ vocal. Ainsi, la cohésion groupale témoigne d'une parfaite coordination des éléments entre eux.
On aurait cependant aimé une qualité d'enregistrement un cran plus convaincante et un mixage plus équilibrant, le chant féminin apparaissant sous-mixé par rapport aux grunts et au corps orchestral. Les finitions souffrent également encore de quelques approximations et les enchaînements se montrent parfois radicaux. Toutefois, on suit chaque piste sans éprouver de difficultés d'accroche auditive, voire même, avec le désir d'y revenir pour certaines d'entre elles. Que nous révèle alors cette galette ?
L'art de savoir conjuguer les contrastes s'observe à plusieurs reprises. L'effet de surprise s'invite à nous dès l'entame du frêle opus. Ainsi, « Make the Iguana », au son caoutchouteux d'une inattendue guimbarde, nous attire dans de vastes espaces lunaires avortés de toute trace humaine, où se fait ouïr une flûte sous-tendue par un atmosphérique tapis organique. Soudain, les nappes synthétiques nous conduisent peu à peu à une densification de la rythmique et de l'orchestration d'ensemble, où cinglent les riffs et où un délicat filet de voix féminine nous caresse paradoxalement le tympan. Mais, ce serait sans compter avec de bestiaux grunts venant s'inviter au banquet. Un break guimbardeux assisté d'un joli picking à la guitare acoustique s'interpose, rapidement soufflé par les flammes d'un champ percussif rageur et d'un duo oral fulminant. Une quête de mise en relief vocal s'est aussi cristallisée sur son voisin, le graveleux et éminemment folk «
Wind of Truth », laissant danser les aériennes inflexions de la déesse, contrastant avec la présence des ombrages de son growleux d'acolyte, sur les couplets comme sur les refrains. L'instrumentation n'est pas en reste, incorporant une flute et quelques alertes perles de pluie au piano, au sein d'une rythmique enjouée et de riffs coléreux. Autre effet de contraste, là encore, à la façon de
Mayan. Lorsque le filet synthétique est tendu, la bête exulte, crachant son venin incantatoire, avant de nous dévisser de la piste prestement.
Autre type de contraste que l'on peut remarquer et qui relate une élasticité du champ acoustique et rythmique. Il concerne notamment « La Vergine e il Lupo », outro démarrant avec de sensibles gammes distillées par un piano bien inspiré. Celui-ci nous place sans attendre au sein d'une rythmique véloce, corroborée à des riffs acérés et à un grunter coléreux. La déesse prend alors le relai sur les couplets, le long de fines suites de notes au piano et d'un flûtiau enjoué, au cœur de cette roborative rythmique, devenant de plus en plus festive. Soudain, on change d'atmosphère, au fil des stridulations du fragile instrument à vent, tout en se délectant d'arpèges fringants au piano et de quelques touches à la guitare jusqu'au bout de la piste. L'intrigant « Starway's
End », titre où les arpèges au piano et à la flûte sont à nouveau alliés, suit cette tendance. Par une dynamique en mid tempo, le mélodieux morceau nous enchaîne rapidement dans l'antre de grunts baveux éructés par la bête, le long d'un serpent synthétique incursif. Mais, sans crier gare, la belle apparaît, tel un ange, sur les couplets qu'elle peint avec habileté, munie de son pinceau vocal aux fines lamelles, dans le sillage d'
Elane. Un savant délié au piano et quelques échappées synthétiques emboîtent le pas, sans se substituer aux inflexions de la sirène, cette dernière évoluant avec grâce, avant de se faire rejoindre par la bête au final.
Une brève incursion dans cette ambiance folk est apte à interpeler l'auditeur en ce qu'elle le renvoie à d'authentiques sonorités, en phase avec une judicieuse instrumentation contemporaine.
Outre quelques malencontreux dérapages de jeunesse concernant la production, l'amateur de folk metal à chant féminin pourra y trouver matière à satisfaire certaines aspirations. A titre expérimental, on se laissera donc tenter par quelques écoutes motivées, et peut-être plus. On attend maintenant un album full length pour plus largement se sustenter. C'est dire que le potentiel artistique du groupe est là, aussi, on a donc de bonnes raisons de croire à l'évolution substantielle de leur propos musical. D'ici là, patientons à l'aune de ces quelques notes patinées fleurant bon la tradition.
En effet déjà l'EP est proposés en version demo d'ou une production sans punch et relief, quand à la musique elle ne me parle pas ou peut.
Nous somme loin de la qualité de l'album " The Fifth Season " parut en 2013, qui lui m'a interpeller.
Encore un coup pour rien,vivement un album un vrai!
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