On peut dire que le Canada a le vent en poupe cette année. Entre les sorties simultanées des deux chefs d’œuvres de Gris et Sombres forêts sans compter de nouveaux groupes qui émergent comme Neige Éternelle qui feraient pâlir les plus grands groupes de black Norvégiens qui jusqu'à maintenant étaient en première place sur le podium dans la catégorie Trve Black
Metal.
Monarque fait partie de cette cuvée de groupes Canadiens qui éclosent et qui tendent à détrôner la Norvège pour la reléguer au second rang du black metal. Si ce groupe ne vous dit rien, sachez qu'il s'est formé en 2005 avec la sortie d'un EP intitulé "
Ad Nauseam" suivi de leur premier album "
Fier Hérétique" en 2007 avant de sombrer dans l'oubli, ne sortant que quelques EP et splits jusqu'à cette année 2013 qui voit sortir un nouveau méfait intitulé "
Lys Noir".
Tout d'abord je tiens à m'attarder sur l'artwork de l'album, celui-ci n'est pas commun avec ce que l'on peut trouver habituellement sur un album de black, pas de forêts enneigées, pas de logo à la typographie illisible... Juste une œuvre représentant la fin du cosmos. Le cercle rouge a été dessiné avec le propre sang de l'artiste à l'origine de cette peinture Maxime Taccardi, celui-ci est connu pour utilisé régulièrement cette méthode de dessin.
Une fois l'album lancé, une sensation de froideur nous enveloppe immédiatement. "L'appel de la Nuit" commence par une voix off en introduction récitant un court texte faisant énormément penser au début du film "
Evil Dead 2" avec l'explication et l'historique du
Necronomicon. A peine cette phrase terminée l'apocalypse se déchaine dans un fracas de guitare en distorsion, de blasts et de la voix déchirée de
Monarque, vomissent sa haine telle une bête à l'agonie. L'ambiance est étouffante, glaçante mais le tout reste très accessible. A aucun moment une sensation de brouhaha inaudible ne se fait ressentir, tout est parfaitement exécuté. Un orgue vient même se greffer au grondement des guitare renforçant cette sensation de se retrouver dans les caveaux d'une église en pleine
Messe Noire. Le rythme et la cadence sont soutenus nous renvoyant aux premiers "
Emperor" qui sont connus pour mélanger cet effet "mur de son" avec une ambiance glauque et malsaine. Un court break acoustique vient nous donner un peu de répit avant que le titre ne se finisse en apothéose avec
Monarque qui déchire littéralement ses cordes vocales.
"
Vigor Mortis" est dans la continuité du premier morceau, avec une courte intro de chœurs masculins qui s'élèvent comme pour invoquer
Lucifer en personne et le rythme frénétique repart de plus belle pour ne plus s'arrêter jusqu'à la fin,
Monarque passe par tout les stades émotifs dans sa voix, on y retrouve de la haine, de la mélancolie, du cynisme même avec des rires qui font froid dans le dos. Le titre se termine par la voix off du début d'album qui récite à nouveau une courte phrase avant de déboucher sur la suite.
"La
Quintessence du Mal" est légèrement plus atmosphérique et mélancolique, les chœurs en retrait fredonnent une sorte d'hymne, quelque chose de plus honorifique se fait ressentir à l'écoute de ce titre pourvu, à sa moitié, d'un solo en tapping de toute beauté. A la fin de ce morceau arrive le petit interlude "
Solitude" réalisé à la guitare acoustique, celui-ci est bien agréable et nous permet de respirer avant de nous livrer le morceau qui m'a le plus accroché dans cet album.
"Mes Condoléances" ne déroge pas à la règle du rythme effréné des premiers morceaux mais il règne dans celui-ci une sensation de désespoir comme j'en ai rarement entendu en matière de black metal. Le chant y est presque absent, juste quelques râles par ci par là mais il est complètement inutile face à ce que nous livrent les instruments. Une véritable descente aux enfers. Les riffs sont rapides et tristes en même temps, la batterie blast tout le long avant de finir sur un son de pluie et d'orage laissant place à un orgue jouant un air funéraire. J'ai rarement entendu un morceau aussi beau et aussi violent en même temps.
"Au Seuil des Ténèbres" nous réveille après la claque que l'on vient de prendre de la manière la plus violente qui soit, ici nous sommes dans tout ce qui fait l'essence même du Trve Black
Metal, avec ces petites touches de thrash, aucune place pour la mélodie, juste la haine, le blasphème et tout ce qui se rapporte au mal à l'état pur. Là encore un petit break acoustique vient se glisser avant que le morceau ne redouble de violence dans ses dernières secondes.
Monarque termine de déverser sa haine sur le moreau "Comme des Vers", celui-ci se montre moins violent, le tout en mid tempo avec une guitare plus aérienne. Un morceau plus atmosphérique par rapport au reste de l'album mais très plaisant malgré tout et bien placé selon moi.
Monarque nous livre donc avec ce "
Lys Noir" un chef-d’œuvre occulte, où la haine et l'aversion de l'être humain sont légions. L'honneur est fait au Diable, chaque note lui ai dédiée, toutes les formes de religions sont blasphémées. Une œuvre d'art musicale, noire, dérangeante, mais qui au fond nous attire de par sa magnificence en touchant le côté noir de nos cœurs et met en extase le personnage lugubre qui sommeil en chacun de nous. Les ténèbres nous appellent au travers de cette œuvre, pourquoi résister ?
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