Arkona, vous connaissez forcément. Mais si, vous savez, ce groupe de folk pagan russe mené par une… Ah, excusez-moi, on me souffle dans l’oreillette que je me suis trompé… Au temps pour moi, mauvaise pioche, on va parler ici d’un autre
Arkona, une horde polonaise qui sévit depuis 1993 et qui jouit d’une belle réputation dans l’underground même si largement moins reconnue que leurs homologues moscovites. C’est que les deux combos ne jouent pas tout à fait dans le même registre : le
Arkona qui nous intéresse ici officie dans un black metal racé, glacial, violent, terriblement intense et envoûtant et bien loin de toutes accointances avec le folk.
Après un remaniement de line-up, le combo polonais signe chez Debemur Morti et nous sort donc ce sixième full length intitulé
Lunaris, qui risque bien de marquer les esprits des blackeux de tous poils de par son intensité et son souffle destructeur et iconoclaste.
Les premières notes de Droga do Ocalenia nous mettent tout de suite dans l’ambiance, noire, très noire, profondément spirituelle et blasphématoire, avec ces grondements souterrains, ces chœurs caverneux et solennels et ces claviers qui instaurent une aura angoissante. Puis un riff très scandinave, imparable de pureté et d’efficacité, jaillit des enceintes, appuyé par un tempo binaire avant que la batterie ne s’emballe en un blast furieux et que le premier hurlement glaçant de Necrosodom ne vienne nous déchirer les tympans.
Arkona ne fait absolument pas dans l’original, mais nous balance un black très pur et sans fioriture à la sincérité palpable porté par des riffs envoûtants. La deuxième partie du titre relance le morceau sur quelque chose de plus mélodique et épique, avec ce superbe break très cinématographique à l’intensité dramatique sensationnelle magnifié par un travail de cordes et de clavier remarquable.
Au niveau des bombes, on retrouvera avec plaisir Śmierć I Odrodzenie et Nie Dla Mnie Litość avec ces parties d’orgue malsaines et ce mélange unique entre intensité furieuse et beauté malsaine et décadente qui me rappellent la bonne époque d’
Imperium, ainsi que le titre éponyme qui clôt l’album, blasts meurtriers et ultra rapides, riffing tranchant, profond et résolument glacial et ce chant toujours aussi efficace qui en font un morceau sauvage et imparable. Ceci dit, les Polonais bourrinent intelligemment, avec toujours ce clavier maléfique en toile de fond qui ajoute une profondeur émotionnelle et maléfique ensorcelante, et des changements de ton et de rythme bienvenus, avec une deuxième partie de morceau moins effrénée et plus mélodique faisant la part belle à un riff poignant d’une admirable sensibilité. L’album se termine sur quelques notes de clavier de toute beauté qui apaisent et ne donnent qu’une envie : se repasser ce
Lunaris, encore et encore.
Les Polonais nous gratifient également de très bons mid tempi charbonneux et hypnotiques, comme Lsnienie sur lequel guitares et claviers fusionnent idéalement, traînant sur ce rythme lent marqué par la double cette ambiance de souffre et d’apocalypse.
On appréciera la justesse de ce
Lunaris à l’équilibre remarquable jamais grevé par des parties kitsch ou des orchestrations cheaps et pompeuses ; chaque élément est à sa place, renforçant la noirceur et la spiritualité de ces 47minutes, et l’ensemble sonne terriblement authentique et possédé. Tout juste pourra-ton reprocher quelques redondances et petites longueurs, notamment sur un titre comme Ziemia, un peu moins intense que le reste...
Non, il n’y a pas à chier,
Arkona vient de nous pondre une nouvelle tuerie qui manque de peu la mention de chef d’œuvre. Un album qui risque de se retrouver dans le top black de l’année de pas mal d’amateurs du style, et qui nous rappelle si besoin était que la Pologne n’est pas uniquement un pays de death metal.
Merci pour cette chronique qui je trouve retranscrit parfaitement l'ambiance dégagée par cet album.
Arkona c'est trop in, c'est trop fun, ce fut l'un si ce n'est THE groupe branchouille de l'année 2016 en black metal. Je les ai vu sur cette tournée "Lunaris", encore merci à l'orga de les avoir fait venir au Klub avec Angantyr. Ça ne valait certainement pas un fest outdoor mais bon..
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