Il y en a qui savent vivre avec leur temps. La technologie, la pollution, le stress, etc... Et il y en a qui pour qui c’était mieux avant. Un temps où on faisait de la musique en le prenant, avec de vrais instruments, de vrais ingés son, de vraies idées et surtout avec de vrais musiciens. Ca fait surement cliché et vieux con mais en ces temps reculés, quand on écoutait de la musique, on ressentait quelque chose et même parfois des émotions...
Le Revival qui commence à nous envahir le cerveau de plus en plus peut être divisé en plusieurs catégories. D’un coté les suiveurs qui savent que les vieux de la vieille qui écoutaient de la musique dans les années 70 sont maintenant bien installés dans la vie et qui par un retour de pendule, se font un ressourcement vers leurs émois d’ados. Ceux là ont un peu de pognon de coté et investiront sans mal dans une daube estampillée musique pour vioc.
Et il y a ceux qui y croient encore. Ceux pour qui le temps s’est plus ou moins figé lors de la découverte des vinyles de leurs parents ou qui ont une érection pour tous les chiffres compris entre 1970 et 1985.
Magister Templi.
Comme il fait froid dans les contrées du Grand nord de l’Europe, que le Black
Metal c’est pour les trends et que le Revival de cette musique sera pour les vieux de la prochaine génération, on se réchauffe comme on peut. Généralement, on a le choix entre les gymnases et le
Hand ou les garages et la musique. Le vynile dégageant des fumées toxiques lors de sa crémation, autant les écouter, ça évitera les cas de dopage avérés...
Alors on est d’emblée renvoyé hors des frontières du temps. La New Wave Of British Heavy
Metal bat son plein, le
Doom traditionnel est à son apogée, le son fleure bon l’analogique et les instruments, la sueur, le sang et les rites occultes des temps anciens.
Magister Templi, c’est le croisement de toutes ces belles choses. Ils ont assimilé
Mercyful Fate,
Witchfinder General,
Angel Witch,
Pentagram avec un bonheur inégalé pour nos charmantes oreilles qui en ont vu quand même quelques autres.
Il y a aussi un coté
Manilla Road dans l’esprit (et même un peu plus), mais je n’ai pas le droit...
L’artwork est d’ailleurs riche en symbolique avec son serpent, la dualité des deux personnages, et le noir et blanc utilisé pour celui ci.
Pas d’esbroufe niveau instrumentation. Pour ce qui est des accélérations, c’est à ce niveau qu’on peut parler de
Mercyful Fate car le chant en est relativement éloigné. VITRIOL et sa partie rythmique en sont un bon exemple comme la deuxième moitié de
Master of the
Temple. On avoisine aussi le Speed
Metal sur
Leviathan.
On alterne les tempi comme on descend les bières ou on fume de l'encens. Un titre de
Magister Templi se décompose à chaque fois en plusieurs parties, avec accélérations, ralentissements, remontée vers les cieux, descente aux enfers. Le mix et la production n’autorisent aucun poil de cul à dépasser du rang mais ils n’aseptisent en rien le rendu final des morceaux. 70‘s et 80‘s
Power.
Niveau chant, peu de choses à redire. C’est parfait. Les intonations pour faire passer le message occulte de la chose, quelques légères montées dans les aigus de temps en temps, toujours maitrisées (The
Innsmouth Look, Tiphareth,
Master of the
Temple). Un chouia de reverb ou d’écho de loin en loin (
Logos). Peu de choeurs, juste pour le coté ritualiste du truc (
Leviathan,
Master of the
Temple).
Un dialogue en guise d’intro pour The
Innsmouth Look est l’une des seules concessions extra musicale de ce
Lucifer Leviathan Logos avec la partie narrative de Tiphareth en forme de prière Égyptienne (à voir ci-dessous) ou l’incantation de
Master of the
Temple.
On remarquera donc une influence Égyptienne dans le riff qui suit l’intro de Tiphareth (un peu comme a su le faire Iron Maiden sur l’album Powerslave). La cavalcade guitaristique qui suit reste commune est très utilisée dans le Heavy classique comme sur cet opus d’ailleurs (
Master of the
Temple).
Aucun des musiciens n’est vraiment mis en avant, chacun occupant son espace avec brio. Avec un bémol pour la basse toutefois. Les soli sont généralement courts, concis, dans le ton des titres.
Pas de démonstrations à deux balles, le solo sert le morceau, pas l’inverse.
Quelques petites rythmiques saccadées sont parsemées de ci de là (
Logos).
Et il nous fallait un peu de guitare acoustique pour parfaire le tout et c’est sur le final qu’on va s’en délecter. VITRIOL sent le souffre, l’autel prêt au sacrifice, l’assemblée encapuchonnée qui attend le rituel final. Le titre monte d’ailleurs en puissance de fort belle manière.
Magister Templi ne pouvait mieux clôturer cette célébration aux forces du mal.
Merci à Cruz Del Sur de nous dénicher de tels oiseaux rares.
Magister Templi, c’est retour vers le passé mais pas dans un tas de ferraille. On est assis dans un fauteuil en cuir, Havane dans une main, Cognac dans l’autre, un coussin derrière la tête.
C’est beau la vieillesse...
Un bien beau disque qui surprend avec un feeling doom prononcé, sans renier quelques accélérations de bon aloi ("Leviathan, par exemple). Aucun souci de mon côté avec la voix, puissante et apportant avec son lyrisme une vraie valeur ajoutée à la musique. Belle découverte, pas si éloignée d'un Candlemass première époque.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire