Après avoir exploré la noirceur d'univers sombres où magie noire et monstres fantasmagoriques rôdaient en chaque recoin, puisant notamment son inspiration thématique au cœur de l'art ténébreux du Frater Perdurabo (l'écrivain Edward Alexander
Crowley), et dans une moindre mesure dans celui d'Howard Phillips Lovecraft, les Norvégiens de
Magister Templi auront décidé, en cette année 2015, de changer de perspective et de s'égarer en ces contrées antiques et arides de l'Egypte ancienne. Des terres, elles aussi, emplies de Dieux et de mythes obscurs auxquels
Abraxas d'
Ruckus et ses acolytes auront voulu rendre hommage au travers d'un nouvel effort baptisé
Into Duat.
Si autrefois le groupe pratiquait un Heavy
Metal occulte et ritualiste aux relents
Doom très prononcés, servi, par ailleurs, par une production épaisse, et surannée de laquelle, soit dit en passant, exhalait une épaisse brume, loin de nombre de ces poncifs actuels en quelque sorte; rien n'aura véritablement changé puisque aujourd'hui encore la formation native d'Oslo nous proposera de nous perdre dans les méandres de cette même expression influencée par
Mercyful Fate,
Black Sabbath,
Dio,
Witchfinder General,
Angel Witch,
Pentagram et autres
Manilla Road. Tout juste les Scandinaves auront délesté leur art de quelques-uns de ces atours les plus
Doom. Et encore...
S'agissant du traitement sonore réservé à ce disque, le label Cruz Del Sur n'aura pas non plus désiré bouleverser la donne en affublant ce
Into Duat d'une production plus moderne. Grand bien lui en fera puisque ainsi ce méfait gardera de cette saveur si particulière, et de cette particularité si savoureuse, qui fit le charme du
Magister Templi d'antan.
Pourtant lorsqu'on parcourt une première fois ce nouvel opus, on ne pourra s'empêcher de ressentir une certaine gène. Un sentiment curieux. Indéfinissable. La sensation étrange (et pénétrante) d'être moins immédiatement conquis que nous le fûmes par le passé. Le groupe aurait-il ici perdu de son efficacité? Ou même de sa verve?
Pas véritablement. La cause de cette légère (et insistons sur le "légère") contrariété venant sans doute des espoirs démesurés placés en cette formation qui, autrefois, nous avait délicieusement surpris et qui ici semble un peu plus en peine à y parvenir. Il va sans dire que cette impression grise, dès lors qu'on aura jaugé ce méfait à sa juste valeur, s'estompera pour laisser place au plaisir.
Et ainsi, au-delà d'un bon
Creation à l'entame cérémonielle, aux parfums de ces déserts antiques, aux passages parfois superbement lourds et à la construction, sans doute, un peu trop alambiquée, on découvrira un album riche et savoureux. D'ailleurs, puisque nous en sommes à évoquer les séquences plus pesantes et les ambiances dépaysantes dont est affublé ce morceau, il est à noter que, plus généralement, ce sont des éléments caractérisant assez largement ce disque.
S'il nous fallait extraire quelques titres supplémentaires afin d'illustrer la bonne tenue de ce disque, nous pourrions également citer les Osiris, Horus the
Avenger et autres
Anubis superbement habités. Mais nous pourrions aussi parler de ce
Destruction à l'âme anglaise très prononcée, dans lequel Steve Harris et ses comparses se reconnaîtraient volontiers du temps où ils s'intéressaient à ces contes ancestraux d'Afrique du Nord (Powerslave (1984)). Le break final du morceau composé par
Magister Templi n'étant d'ailleurs pas sans nous faire songer à celui, fameux s'il en est, écrit par le bassiste britannique pour son Rime of the
Ancient Mariner.
Moins étonnant que par le passé, abordant un tout autre sujet et délaissant quelque peu ses racines
Doom pour se recentrer sur ses aspirations Heavy
Metal, ce
Into Duat n'en demeure pas moins une œuvre très intéressante.
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