Liste des groupes Heavy Rock Year Of The Goat Lucem Ferre

En 2006, un groupe de nostalgiques de rock des 70’s et de heavy des 80’s voit le jour : Year Of The Goat. Il a cependant fallu attendre 2011 pour que ces musiciens nous sortent leur premier EP, Lucem Ferre, ou « Celui qui amène la lumière », encore connu sous le nom de Lucifer. Et quelle luminosité dans les compositions ! Un son peaufiné depuis 5 ans, des guitares légères et mélodieuses, et des paroles occultes nous transportent 30 ans en arrière, à l’apogée d’un style délaissé par beaucoup mais également revisité sans succès par certains.

Le manque d’éléments biographiques sur la formation, aussi bien au sein du livret (les noms/rôles des musiciens n’y sont même pas indiqués !) que sur internet, en fait un groupe mystérieux. Ce mystère s’allie parfaitement à leur pochette, mélange de doré, de noir, et d’enluminures de dragons à têtes de boucs, ainsi qu’à leur musique débordant à la fois de nostalgie d’une époque révolue et de joie : celle d’invoquer Le Porteur de Lumière ou le Seigneur Noir, le sauveur et la contradiction. On identifie malgré tout le chanteur, celui du groupe de Doom Griftegard.

Au cours de 21 minutes et 25 secondes, Year Of The Goat nous sert une musique contrastée et évocatrice. Pas de riffs accrocheurs, ni d’efficacité tranchante et de production impeccable : la basse, alignée parfaitement sur la batterie, laisse une place privilégiée aux guitares au son plutôt clair qui nous arrosent de mélodies portant ce contraste de nostalgie et de joie propre à l’ancien temps. Elles se complètent, se répondent, se superposent. Puis vient le chant de Thomas Eriksson, clair et calme par moment, plus rock par d’autres, pour compléter le tout. L’atmosphère dégagée, nettement rétro, est marquée par une touche contemporaine qui hisse la formation au-dessus des mélancoliques habituels : une oreille tournée vers le passé, l’autre vers le présent.
Le plus marquant, mais qui est propre aux groupes des 70’s et 80’s, est la mélodie presque joyeuse servant de support à des paroles plutôt sombres. On ne peut s’empêcher d’être heureux à l’idée que les âmes fidèles invoquent Satan, d’être transporté de joie simplement par le fait d’attendre sa venue : Il nous apportera la lumière dans les ténèbres de l’obscurantisme.

Les morceaux sont très réussis: "Of Darkness", avec ses guitares s’exprimant pleinement, nous reste dans la tête toute la journée. "Vermillion Clouds", plus sombre avec une introduction presque triste voire cryptique, nous ballote de riffs en riffs qui reviennent de temps en temps, ponctués du chant de Thomas ainsi que de cœurs discrets bien placés. La fameuse reprise de Sam Gopal, "Dark Lord", chantée à l’origine par Lemmy Kilmister, est admirablement menée, avec une introduction et des refrains plus énergiques et des solos de guitares accrocheurs. Enfin la chanson du nom de l’album, "Lucem Ferre", courte et instrumentale, est pleine d’émotions : elle clos l’EP avec une douceur et une maitrise du genre impressionnantes. Je regrette vraiment la courte durée de l’EP, et attends avec impatience un album entier. Car si ce CD n’est pas synonyme de quantité, il l’est évidemment de qualité.

En résumé, malgré les paroles occultes, notre humeur s’allège lorsqu’on écoute ces chansons : une propriété propre au rock/heavy des 70’s et 80’s. L’écho du passé est récupéré par ce groupe prometteur et retranscrit de manière plus moderne, en conservant ce qu’on aime de rétro, et en ajoutant leur toucher personnel, permettant d’éviter l’impression de déjà-vu.

En espérant que cet avis vous sera utile.