Loop of Yesterdays

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16/20
Nom du groupe Azusa (NOR)
Nom de l'album Loop of Yesterdays
Type Album
Date de parution 10 Avril 2020
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1.
 Memories of an Old Emotion
 02:47
2.
 One Too Many Times
 03:42
3.
 Detach
 04:09
4.
 Seven Demons Mary
 03:40
5.
 Support Becomes Resistance
 00:32
6.
 Monument
 02:30
7.
 Loop of Yesterdays
 02:43
8.
 Rapture Boy
 03:40
9.
 Skull Chamber
 03:53
10.
 Kill / Destroy
 03:06
11.
 Golden Words
 03:08
12.
 Aching Ritual
 02:04

Durée totale : 35:54

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Azusa (NOR)


Chronique @ JeanEdernDesecrator

05 Mai 2020

Une fausse déception et une vraie confirmation

Fin 2018 débarquait Azusa, quatuor issu d'anciens membres d'Extol (le batteur David Husvik , et le guitariste Christer Espevoll) et Dillinger Escape Plan (le bassiste Liam Wilson), avec une mystérieuse chanteuse d'indie pop sortie du chapeau d'on ne sait quel lapin tordu, Eleni Zafiriadou (ce n'est pas le nom du lapin). Cet improbable supergroupe reçut un accueil critique élogieux avec son premier album "Heavy Yoke", préparé en douce et sorti quasiment par surprise. Son thrash/death progressif déstructuré et alambiqué était d'une originalité certaine, transfiguré par le chant mi-popisant mi-screaméchant d'Eleni.

Quand j'ai, à l'époque, terminé la chronique de ce premier album, en disant que j'avais envie qu'ils "...retournent derechef en studio pour pondre un deuxième LP...", il se trouve que ... c'était exactement ce que les membres d'Azusa ont fait. Il faut dire que la distance entre la Norvège pour Christer, les USA pour Liam, et Berlin pour Eleni les poussait habituellement à faire des navettes de mails pour mettre en place les morceaux. Se trouvant tous réunis bien au chaud dans le studio personnel de David Husvik, où était enregistré "Heavy Yoke", les membres d'Azusa composèrent bien plus de matériel qu'il n'en faut. Il y avait déjà la moitié du deuxième album en boite en attendant les derniers pourparlers entre leurs labels Indie Recordings et Solid State Records pour caler la date de sortie du premier LP.

Heureusement pour eux, et pour conjurer l'éloignement, ils ont eu l'occasion de faire plus ample connaissance en faisant une tournée européenne avec The Contorsionist et quelques festivals estivaux (Arctangent au Royaume Uni, Brutal Assault en République Tchèque,...).
Si les deux anciens Extol Christer et David ont leurs habitudes pour composer ensemble les bases des morceaux, Liam Wilson ne cache pas son désir de faire d'Azusa un quasi sous-genre à lui-tout seul, bien aidé par la touche inimitable qu'apporte le chant d'Eleni Zarfiriadou. C'est dire qu'Azusa ne se contente pas d'être un supergroupe, car son caractère hybride multiforme doux/violent, masculin/féminin le rend effectivement unique. Liam Wilson y a trouvé une expérience différente de celle de Dillinger Escape Plan, sans rien avoir à prouver, mais en préférant avoir quelque chose à dire musicalement.
David et Christer ont pu enregistrer le reste de l'album au fur et à mesure au studio de David, alors que Liam et Eleni faisaient le voyage à Oslo pour faire leur parties quand leur emploi du temps le leur permettait. La touche finale a été apportée par Nick Terry (Serena Maneesh, Kvelertak,...) qui a mixé l'album.
Tout ceci explique l'arrivée assez prompte de ce deuxième opus d'Azusa, à peine un an et demie après le premier.

La première impression qui domine la découverte de "Loop of Yesterdays" est qu'Azusa a pris de la densité, et est devenu un groupe à part entière, c'est le cas de le dire. Les instruments sont moins éparpillés aux quatre coins du son. Celui-ci est plus lourd et resséré, et plus puissant. La basse de Liam, assez claire sur "Heavy Yoke", est ici bien plus collée au Low End, un peu comme c'était le cas sur les albums d'Extol. Il sort régulièrement de la masse en ronflant grassement par quelques notes, à bon escient, ou sur tout un morceau comme "One Too Many Times" qui fait apprécier sa texture charnue.

Azusa ayant eu pour caractéristique de chercher à surprendre dans les grandes largeurs, j'ai été au premier abord un peu déçu de retrouver mes repères ici. Le format court de deux, trois minutes reste de mise, de même que les fins de morceaux en queue poisson. Les alternances et contrastes de mélodie et d'agression se font de la même manière, mais Azusa a eu le bon goût de ne pas verser dans la surenchère portnawak.

Au contraire, "Loop of Yesterdays" est plus constamment metal, ce qui donne la fausse impression qu'il a moins de relief que "Heavy Yoke", avec comme avertissement sans frais le tonitruant "Memories of an Old Emotion" qui démarre thrash pied au plancher comme le fait leur faux frère de Fleshkiller, autre transfuge issu d'Extol. D'ailleurs, la batterie de David Husvik fait dans l'efficacité plutôt que dans l'esbroufe technique, avec un kit au son très naturel.
Des morceaux comme "Kill/Destroy", "Monument" ou le galopant "Detach" vont plus droit au but, avec un gros riff moteur bien maousse, qui sont faits pour le live. Puisqu'on parle de metal, après le featuring de Bobby Koelble (ex-DEATH) sur le premier album, l'oreille avertie reconnaîtra vite le toucher de l'invité de marque qui éxécute le solo à la fin de "Detach" : un certain Alex Skolnick (Testament).

L'originalité est toujours présente, mais moins exubérante, et se manifeste plus dans les progressions d'accords tordus, qui doivent beaucoup au jazz ("Skull Chamber"), comme au prog. A la première écoute, je dois avouer que j'ai eu du mal avec ce trop plein d'accords à la con qui prennent un malin plaisir à être imprévisibles. Des riffs empoisonnés, qui se diffusent lentement et font leur effet au fil des écoutes, et se gravent dans les oreilles. Eleni Zafiriadou, jadis très mise en avant jusque dans le mix, est ici un poil plus sobre et surtout moins pop, et s'imbrique totalement dans la musique du groupe, tout en gardant son grain de folie douce amère.

Alors, ce deuxième album est moins bien que le premier ? Et bien non, au contraire. Tout d'abord, Azusa a pris en maturité et on sent que ses membres jouent dans une synergie puissante. Toutes les chansons sont meilleures du début à la fin, et cet album est extraordinairement cohérent dans son propos. Un des thèmes abordé est la folie, et il est parfaitement retranscrit par le chant de sirène sorcière d'Eleni ("Seven Demons May"). Les ambiances jouent avec l'émotion de manière discrète au détour d'un accord plaintif ("One Too Many Times"), ou d'un intermède aux arpèges d'hôpital psychiatrique ("Loop of Yesterdays" qui continue par un solo de guitare claire de toute beauté avant de finir dans des violons usés).

On retrouve toujours la patte d'Extol à son meilleur -"Golden Words" l'est à 90%, ou sur un "Rapture Boy" qui enfle comme un tsunami de désespoir. Il y a aussi quelques réminescences de Dillinger Escape Plan ("Skull Chamber, encore). Mais chaque chanson est enfin profondément du Azusa, avec cette étrangeté magnifique et dérangeante qui n'existe pas ailleurs. Le jeu de Christer Espevoll en est l'exemple le plus révélateur : il a absorbé le goût de Liam Wilson pour les accords jazzy, la sensibilité à fleur de peau d'Eleni. Il joue avec toute sa palette, avec une sournoiserie réjouissante -tiens, ces bends de saut à l'élastique sur "Aching Ritual".

J'avais tellement aimé "Heavy Yoke" que je craignais beaucoup d'être déçu par son successeur. Je l'ai été au départ, pas longtemps, mais je le regrette, je l'abjure, "Loops of Yesterday" est complexe, violent, beau, noir, addictif et inimitable.

1 Commentaire

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melpo - 14 Mai 2020:

Très bonne chronique bien documentée. A la première écoute, j'ai été égalment un peu déçu. Ta chonique m'invite à reconsidérer ma position. je vais essayer d'écouter cela à nouveau.

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