Il est des formations affichant une furieuse détermination à en découdre, resserrant alors les intervalles de sortie de leurs efforts, sans pour autant sacrifier ni la qualité de production ni celle de leurs compositions. Et ce jeune combo californien natif de
Los Angeles serait précisément du nombre. En effet, quelques mois à peine leur introductive démo « Alluring Fear » accouchée que le quartet nord-américain réenclenche les machines...
Cette fois, la frontwoman et parolière Court Henson et ses acolytes (John Pinon (guitare), Casey Artus (basse et growls) et Dylan Suierveld (batterie)) nous octroient un EP 5 titres, modeste de ses 21 minutes mais témoignant, tout comme son aîné, d'un enregistrement de bon aloi, de finitions passées au crible et d'un mixage plus équilibré que naguère. Cela étant, si le collectif étasunien continue d'officier dans un metal mélodico-symphonique gothique tonique et enivrant, nous faisant penser tour à tour à
Sirenia,
Lunatica,
Tristania ou encore
Delain, il assombrit davantage ses atmosphères tout en intensifiant ses frappes et en complexifiant son propos. Est-ce à dire qu'un changement de cap s'esquisserait déjà à l'instar de ce nouvel arrivage ? Exploration...
Comme il nous y avait déjà sensibilisé il y a quelques mois, le groupe californien témoigne d'une certaine faculté à générer les séries d'accords qui font mouche. Ce qu'il démontre à l'aune du pimpant mid tempo syncopé « Liberation » ; tubesque et orientalisant manifeste dans le sillage de
Delain paré d'arrangements instrumentaux d'excellente facture. Doté d'un grisant cheminement d'harmoniques et pourvu de refrains certes convenus mais d'une efficacité redoutable, l'entraînant méfait recueillera assurément l'adhésion de l'aficionado du genre.
Dans la lignée de son prédécesseur, cet opus dissémine ses pistes enfiévrées et susceptibles de déclencher d'un claquement de doigts un headbang bien senti. Ainsi, le mordant « The
Fall » dissémine un hypnotique et énergisant tapping et des riffs épais tout en restant calé sur une mélodicité toute en nuances. Dans la veine de
Lunatica, se plaisant à alterner accélérations et ralentissements, cette offensive proposition multiplie ses coups de théâtre pour tenter de nous rallier à sa cause. Et la sauce prend...
Sinon, nos compères ont pris le pari de complexifier leurs phases technicistes, caressant ainsi l'espoir de magnétiser des tympans issus d'horizons des plus hétérogènes. Et ce, sans accuser un quelconque espace de remplissage, parvenant dès lors à maintenir constante l'attention de votre humble serviteur. Ce faisant, le pavillon sera irrémédiablement aspiré par les riffs en tirs en rafale et la sanguine rythmique du magmatique et ''sirénien'' « Promise and Pride ». On appréciera notamment la saisissante reprise sur la crête d'un entêtant refrain mis en habits de lumière par les claires et puissantes inflexions de la maîtresse de cérémonie.
Plus difficiles d'accès encore, d'autres pistes ne se dompteront qu'au bout de plusieurs passages circonstanciés. Ainsi, le ''lacunacoilesque'' et sensuel « Prayers » tout comme le vitaminé et ''sirénien'' «
Push and Pull » décochent tous deux leurs riffs acérés et leur basse claquante, laissant parallèlement entrevoir de soudaines et galvanisantes accélérations du corps percussif. Si l'on appréciera tant les variations rythmiques que le fin legato à la lead guitare de chacune de ces offrandes, on regrettera toutefois, dans un cas comme dans l'autre, de devoir se contenter de lignes mélodiques en proie à de déconcertantes linéarités.
Au final, nos quatre mousquetaires nous livrent une œuvre à nouveau dans un mouchoir de poche et qui, à défaut d'avoir perdu en substrat mélodique, s'avère techniquement bien plus aboutie que son aîné. On aurait cependant souhaité une palette plus étoffée de l'offre sur les plans rythmique et vocal, des exercices de style moins stéréotypés et une charge émotionnelle moins contenue. Cela étant, l'octroi de quelques prises de risques, au demeurant parfaitement assumées, et un message musical à l'identité artistique plus stable renseignent sur l'impérieux désir d'évolution du projet mis sur pied par nos acolytes. De plus, à l'instar de ce nouvel opus, le groupe américain aurait moins succombé aux chimères de l'extrême accessibilité tout en ayant su s'éloigner de ses modèles identificatoires. Bref, sans être un foudre de guerre, ce nouvel arrivage place déjà le combo californien parmi les outsiders à ne pas mésestimer. Qu'on se le dise...
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