Liste des groupes Death Alternatif Unfragment Les Courbures de l'Âme

Originaire de Cholet dans le Maine Et Loire, Unfragment, qui n’est pas un lapin de trois semaines, publie son quatrième long format, intitulé « Les Courbures De L’Âme ». L’artwork, signé Domenico Carbone, sort des sentiers battus du death-metal, faisant plus penser à une bande dessinée pour adulte. De plus, le groupe n’a pas vraiment choisi la facilité puisque c’est la langue de Molière qui sera utilisée pour l’écriture. Il est à noter que c’est le redoutable Kevin Paradis (Benighted, Mithridatic) qui est derrière les futs, autant dire qu’il faut s’attendre à une bonne rossée.

Et bien, pas tant que cela en fait. « L’aube Du Destin », morceau introductif totalement instrumental, plante très bien le décor de cet opus, avec un bon riffing, une bonne mélodie attractive, un blast furieux et une influence orientale, qui amène de la « chaleur » à l’album. Ce côté oriental sera également de mise sur « Sous Le Voile, Mon Orient » et « La Valse Des Âmes ». Les volées de bois verts sont bien présentes au travers des cadences frénétiques qui émaillent « Les Courbures De L’Âme » (quand on a la chance de travailler avec Kevin Paradis, autant en profiter), mais aussi avec la présence de mid-tempo très puissants (« Que M’Aurais-Tu Dit », « Dans Le Regard, Le Miroir », les débuts de « Colère Noire » et de « Le Reflet Des Actes » ou le break de « La Promesse »).

« Les Courbures De L’Âme » semble présenter une sorte de transition pour Unfragment car le propos des choletais s’éloigne quelque peu du métal de la mort. Les riffs de « Karmaggedon » et « Des Planches Et Des Cordes » sont plutôt « hard-rock », « Les courbes De Ma Dame » lorgne directement sur un rock suave et sexuel, « La Valse Des Âmes » est totalement acoustique (hormis le solo de guitare) et fait penser à des formations de métal oriental comme Orphaned Land ou encore « Que M’Aurais-Tu Dit » qui est une sorte de ritournelle entêtante. Aussi, Jérôme Guibert s’aventure dans du chant clair, confirmant la tendance.

La qualité technique des musiciens n’est pas à mettre en doute, la section rythmique bétonne sec et la paire de guitariste excelle avec la délivrance de nombreux solos de qualité. Jérôme Guibert « growl » profondément, collant à la facette death du disque, mais ses éructions manque un peu de nuance et son chant clair semble mal maîtrisé même si le bougre se débrouille fort bien. La mise en son est qualitativement élevée, surtout pour une autoproduction.

Malheureusement, selon votre humble serviteur, « Les Courbures De L’Âme » ressemble à un véritable patchwork musical et donne l’impression d’un groupe qui se cherche encore, il s’essaie à différent courants sans être totalement convaincant et amène à une absence totale de fil rouge pour l’auditeur, encore plus si celui-ci s’attend à du « death-metal » pur et dur. Aussi, le chant féminin, surtout sur « Sous Le Voile, Mon Orient » est totalement inapproprié et tire plus sur le lyrique et que sur l’oriental, rendant ce morceau finalement peu intéressant. Par contre, sur « Les Corbes De Ma Dame », même si celui-ci n’est pas extraordinaire, il revêt au morceau ce caractère sexuel et libertin. Pour finir, cet album pourrait se scinder en deux parties, avec six premiers titres (hormis « Sous Le Voile, Mon Orient ») qui sont très dynamiques, bardés de blasts et accrocheurs, tandis que les six dernières compositions sont bien plus « mollassonnes » (sauf « Le Reflet Des Actes » et son accélération furieuse), amenant des longueurs inévitables comme sur « Dans Le Regard, Le Miroir », « Karmaggedon » ou « La Valse Des Âmes ».

Avec « Les Courbures Des Âmes », Unfragment livre un disque sympathique où le bon (« Tout Le Sang Versé, « Colère Noire » ou « La Promesse ») côtoie le moins bon (« Sous Le Voile, Mon Orient », « Karmaggedon » ou « Dans Le Regard, Le Miroir »), la faute à une orientation musicale pas bien définie. Il est incontestable qu’Unfragment en a encore sous la pédale et possède une qualité technique irréprochable et, les conseils d’un véritable producteur pourrait gommer les défauts énoncés.

Dans une contrée lointaine et paisible vivait en ces anciens temps un peuple réputé pour être loyal et pacifique. Cette tribu était nommée les Fragmentaires. Fort malheureusement, il y a de cela quelques années, cette communauté a été attaqué par les pirates les plus sanguinaires et les plus monstrueux de ce monde : les Courbutaires.

Ces Lucifériens comme ils étaient surnommés étaient en quête de richesses et de crimes afin de devenir les bandits les plus redoutables mais aussi, les plus redoutés de tous. Arrivant sur les territoires de nos attachants Fragmentaires, les Corbutaires ont tout pillés sur leur passage, ne laissant que derrière eux des ruines et des cadavres par milliers. Parmi toutes ces carcasses, le Roi, le plus chéri de tous a été décapité, supplicié par ces inhumains malfaiteurs.

Mais nos Fragmentaires n’allaient pas se laisser faire. Malgré leur réputation d’antimilitaristes et de bienveillants, ceux-ci prirent leurs armes afin de venger leur ethnie. Une guerre des plus barbares allait avoir lieu, remporté fort heureusement par les innocents, ayant réussi à châtier ceux qui leur avaient tout pris, tout détruit.

Pour rendre un hommage inoubliable à ces sages victimes, quatre valeureux musiciens du nom d’Unfragment prirent la décision de composer pour tous ceux ayant subi ces inguérissables blessures de guerre et ayant péri dans cette bestialité invraisemblable. Douze histoires ont été écrites pour retracer cette lugubre période.

Pour que ces mémoires soient des plus somptueuses, il faut bien évidemment qu’elles soient percutantes, audacieuses, éprouvant pitié et sympathie pour ces pauvres étrangers. Elles doivent être également inoubliables pour les futures générations afin qu’elles soient dans la capacité de prendre en considération cette lourde tâche qui les attend, à savoir de reconstruire ce qui a été détruit.

Certains récits se montreront très féroces à l’image de « Tout le sang versé », très hâtive et agressive, imageant parfaitement cette souffrance subie durant cette invasion ou encore « Le reflet des actes » racontant la vie palpitante d’un Roi aimant particulièrement les femmes mais ayant vécu un passé tumultueux et qui sombrera plus tard dans la folie et le désir permanent de s’accoupler. Et en parlant de ces dames, une annale toute particulière vient s’installer dans ces quelques fables : il s’agit de « Les courbes de ma dame », une relation parfaite entre le Roi et sa maitresse prenant l’air d’une histoire érotique, chanté par les deux passionnés, ajoutant une pointe de tendresse dans ces épisodes innommables.

En revanche, d’autres peintures semblent très inexpressives comme « Sous le voile, mon Orient » racontant les derniers instants de nos deux jeunes tourtereaux. Les sons orientaux sont très bien choisis, très excitants mais malheureusement, ce chant féminin est assez déroutant, voire distant, faisant perdre le fil conducteur à notre auditeur. « Dans le regard, le miroir » souffre des mêmes défauts évoqués précédemment avec en plus un instrumental assez banal et impersonnel qui en font un morceau tout à fait dispensable.

Malgré ces quelques erreurs et malgré un chant féminin embarrassant, Les Courbures de l’Âme est un disque très atypique dans son genre et nous offre quelques pépites musicales (Tout le Sang Versé et Le Reflet des actes) qui sont la bienvenue. Avec un peu plus de sérieux dans chacune de ses compositions et avec un peu plus de technicité, Unfragment peut sans aucun doute devenir une marque phare dans son domaine et ainsi, côtoyé les plus grands noms de la scène du metal français.