Pavillon Rouge n'est pas un groupe comme les autres. Il nous l'avait bien fait savoir avec les sorties de "Mizuage" et de "Solmeth Pervitine", qui mélangeaient le black metal et l'électro techno bien remuant et dansant. Alors que certains criaient au scandale et d'autres au génie, le combo en a profité pour développer ses compétences et pour se produire sur scène aux côtés de
Psygnosis,
Svart Crown ou encore The CNK. Il faut dire que les Frenchies ont réussi l'impensable en combinant la violence et la noirceur du black metal avec le côté cosmique et aérien des nappes de claviers et l'aspect percutant des beats techno, pour un résultat très...black dance floor?
Qu'on se le dise tout de suite,
Pavillon Rouge fait son propre black indus moderne qui tache. Rien à voir avec
Mysticum et ses boites à rythme. Cependant, ici on est dans l'air du temps, et en plus d'être dans l'air du temps, le groupe arrive à se distinguer, à avoir sa propre identité et une bonne dose d'originalité, ce qui est de plus en plus rare dans ce domaine. Dans le style "dancefloor", on a bien
Xe-None,
T3chn0ph0b1a, voire
Sybreed avec le titre "
Doomsday Party" et
Sidilarsen récemment. Sauf que là, l'avant-gardisme est de rigueur, ainsi que les ambiances solaires...
"Legio
Axis Ka" est donc le deuxième album, sorti chez Dooweet, et nous propose neuf titres de black metal "boite de nuit" à la fois rentre dedans et atmosphériques. Imaginez une énorme fête apocalyptique en plein air, les corps célestes régissant à eux-seuls tout ce qui est et tout ce qui sera. Cela donne des compos comme "Prisme vers l'Odyssée" ou "Droge Macht Frei" mélangeant à la fois le côté électro moderne et le côté new wave plus old school avec des riffs indus mélodiques, des vocaux black agressifs et un dynamisme imprenable. Les nappes sont parfaites et apportent beaucoup de force à ces hits electro black, très lumineux malgré ce qu'on pourrait croire.
Un léger côté martial à la
Samael se fait remarquer sur certaines pistes, comme "L'Enfer se souvient, l'enfer sait" où l'on s'attend à un moment ou un autre à voir débarquer Vorph, ou encore "Mars Stella
Patria" avec sa rythmique guerrière et ses "sole!" scandés. Et puis il y a des moments astraux et immersifs qui apparaissent toujours au bon moment comme sur l'excellent "Klur Santur" où les mélodies à la guitare et aux claviers viennent couvrir des nappes cosmiques, soutenues par les beats et la rage du chant de
Kra Cillag (ex-Crystallium). Epoustouflant.
"Legio
Axis Ka" se démarque largement de son grand frère "Solmeth Pervitine" par son originalité, sa force et son ombre cosmique qui plane à chaque moment. Le côté techno dance floor est d'ailleurs mieux intégré et s'adapte mieux aux compositions, qui sont, du coup, plus riches. Cet album ne se digère pas du premier coup, au contraire, il s'apprécie au fil des écoutes, le vide interstellaire s'offrant à nous au fur et à mesure que les sonorités s'offrent à nous. Ce qui n'est pas pour nous déplaire...même si quelques passages trainent en longueur, comme la fin de l'album par exemple. Hélas, on ne peut pas tout avoir !
Pavillon Rouge signe un très bon album et peut se targuer de faire partie des G.E.N.I, ces "Groupes Etranges Non Identifiés". Grâce à des influences bien digérées et à un mélange de styles ambitieux mais bien exécuté, l'auditeur est transporté aux confins de l'univers, des anneaux de Saturne aux recoins les plus froids et les plus mystérieux (cf teaser)...rien à voir avec le visuel japonisant et les couleurs vives de "Solmeth Pervitine"...
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