C'est avec leur dernier album, "
Leaving Paris", que j'ai découvert
Hangman's Chair, groupe signé chez l'écurie français
Bones Brigade Records que j'affectionne tout particulièrement.
Je ne me voilerai pas la face en disant que leur premier album m'avait rebuté (n'étant pas fan de dommeries/stoneries en tout genres), tant par le son que par la pochette - franchement hideuse ".
Ici, c'est la pochette qui m'a attiré. Les français ont quitté leur bayou crasseux pour poser les valises du côté de
Paris, la ou un serveur de bar, l'air résigné, se tranche le cou d'une lame de rasoir. Certes, cette pochette est redondante et orthodoxe au possible. Mais c'est son aspect et sa réalisation qui priment : elle est magnifique, réalisée à la peinture dont seules les couleurs de la peau et du sang ressurgissent du décor blanc aseptisé en arrière-plan (un hôpital ?).
Gras. C'est le mot pour décrire le son employé par la formation. Les guitares sont très basses - voire dissonantes à certains moments -, tellement basses que la basse (justement) se contente d'émerger de temps à autre, ne serait-ce qu'à travers le frottement des cordes. Et la batterie martèle la cadence de cet ensemble jupitérien avec une lourdeur peu commune, agrémentant son jeu de quelques ghosts notes bien placées.
La voix du chanteur me rappelle immanquablement la voix de Phil Anselmo (
Down) à certains moments, mais la comparaison s'arrête la. Quelques gimmicks un peu énervants parfois (les minauderies tout droit sorties d'un mauvais titre de Pop), mais dans l'ensemble, le chanteur possède un très bel organe (sans jeu de mots douteux, s'il-vous-plaît), maîtrisant parfaitement les montées en puissances et les parties plus suffocantes et chuchotantes.
Il ressort de l'ensemble de cet album un feeling vraiment triste et mélancolique, sans être pour autant déprimant. La lourdeur des compositions et la voix parfois désespérée du vocaliste nous donnent envie de nous adonner à l'alcoolisme pour oublier tracas et malheurs (mais pas de nous trancher les veines, nous ne sommes pas en présence d'un groupe de DSBM).
L'ensemble est de très bonne facture, bénéficiant d'une très bonne production, et les titres sont tous plus intéressants les uns que les autres. En témoigne le diptyque "
Paris Spleen", dont la première partie étire un larsen dissonant couplé à des voix tenant des discours plus ou moins énigmatiques, tandis que la deuxième partie consiste en une incroyable explosion de violence sourde : on suffoque, écrasés par la masse imposante du mur qui nous écrase. Ou encore le "tube" de cet album, "Breathe where the vices are", qui hantera votre tête longtemps, tant la structure est efficace.
L'atmosphère qui découle de cet album est poisseuse, sent l'alcool de contrebande et la puanteur de cafards humains se piquant à l'héroïne. Crade, cet album est étonnamment crade, ce qui ne l'empêche nullement d'être une excellente surprise pour moi, qui avait laissé le groupe de côté sur un stoner pas vraiment intéressant.
"
Leaving Paris" est une oeuvre massive, monolithique et écrasante, qui en arriverait presque à nous étourdir. Peu de groupes - objectivement - sont aujourd'hui capables de faire une telle chose. Chapeau.
là où*
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire