Kósmos

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16/20
Nom du groupe Elessär (ARG)
Nom de l'album Kósmos
Type Album
Date de parution 01 Avril 2019
Style MusicalPower Symphonique
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1.
 Ultimate Escape
Ecouter06:32
2.
 Impetus
Ecouter06:33
3.
 Introducing the Majestic
Ecouter01:40
4.
 Afraid
Ecouter05:04
5.
 Eternity
Ecouter05:20
6.
 Kósmos
Ecouter06:37
7.
 Inside
Ecouter04:57
8.
 The Way
Ecouter05:27
9.
 What Precedes Us
Ecouter04:07
10.
 Be Still
Ecouter05:39
11.
 Truth
Ecouter08:12
12.
 Inside the Kósmos
Ecouter05:41

Durée totale : 01:05:49

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Elessär (ARG)



Chronique @ ericb4

05 Mai 2019

Qui pourrait bien enrayer l'ascension du condor patagonien vers les sommets ?

Après six longues années de silence radio depuis leur introductif album full length « Dark Desires », d'aucuns n'étaient pas loin de penser les espoirs de carrière du quintet patagonien originaire de Neuquén à jamais envolés. De l'eau a toutefois coulé sous les ponts depuis la création du combo, en 2007 : encensée par la critique nationale et internationale, cette poignante offrande a obtenu un large recueil de l'adhésion du public, que ce soit aux Etats-Unis, au Canada, en Europe ou au Japon. En outre, s'étant brillamment illustré en 2015 à un concours national organisé par Icarus Music, le groupe a eu le privilège de se produire auprès d'Epica au Teatro Flores à Buenos Aires. Jouissant d'une fructueuse expérience de ses membres en live sur la scène internationale et d'un projet savamment échafaudé, le collectif s'est fait fort d'en poursuivre l'entreprise. Déjouant ainsi tout pronostic, le voici donc de retour, mu par une furieuse envie d'en découdre. Et ce, sur une scène metal symphonique à chant féminin aujourd'hui pourtant on ne peut plus agitée par la féroce concurrence dictée par ses pairs. Un louable et légitime dessein, s'il en est...

Comme pour tenter d'assurer au mieux sa défense, et aux fins d'un travail de fourmi et de près de deux ans en studio, le combo nous octroie un second effort de longue durée dénommé « Kósmos » ; vivifiante, puissante et envoûtante auto-production, généreuse de ses 66 minutes où s'enchaînent sereinement douze pistes metal mélodico-symphonique aux relents power et prog. Mastérisé par l'expérimenté guitariste et vocaliste Brett Caldas-Lima du groupe death progressif français Kalisia, finement mixé par le guitariste Marcos Vidal du groupe power metal argentin Atila, le plantureux méfait témoigne dorénavant d'une belle profondeur de champ acoustique et de finitions aujourd'hui difficiles à prendre en défaut. Quant à la qualité des enregistrements, n'accusant que fort peu de sonorités résiduelles, elle ne laisser planer aucun doute quant aux exigences actuelles du combo avec lui-même et à ses intentions...

Fidèle à ses fondamentaux, le groupe continue de faire évoluer son art dans l'ombre de Nightwish, avec un soupçon de Xandria eu égard à ses lignes mélodiques. S'y agrègent l'un ou l'autre impact d'Ancient Bards dans la zone de frappe, des harmoniques rappelant Amberian Dawn, complétés d'un savant et réjouissant dosage de Tarja et Simone Simons (Epica) quant à l'empreinte vocale, le tout assaisonné d'une touche latino, cette dernière conférant au propos son caractère propre doublé d'une pointe d'originalité. Ce faisant, à l'image du précédent opus, le collectif sud-américain nous délivre alors une œuvre musicale épique sans être grandiloquente, puissante sans se montrer violente, éminemment mélodieuse sans mièvrerie parasite, assurant un bel équilibre entre vélocité et douceur. Un seyant manifeste que l'on doit aux frères Howen (guitare) et Joshua (batterie) Rava, aujourd'hui assistés de Sebastián Barrio (Atila, Hipnos) aux claviers (en remplacement d'Enrique Stella), de Rafael Uribe (Abaddon) à la basse (en lieu et place de Francisco Molinaroli) ; sans oublier Alejandra Barro, mezzo-soprano au charismatique filet de voix lyrique...


A l'instar de son aîné, le message musical révèle de séduisants paysages de notes, à commencer par les pistes les plus offensives du répertoire du combo. On y décèle alors de nombreux jeux de correspondances instrumentales corroborant une inébranlable présence vocale qui, d'ailleurs, pourra rappeler d'illustres cantatrices du metal symphonique. Ainsi, sur fond d'ondulantes et galvanisantes rampes synthétiques corroborées à une frondeuse rythmique, eu égard à son atmosphère sulfureuse et son refrain catchy, le ''xandrien'' et échevelant up tempo « Ultimate Escape » nous renvoie d'un coup d'un seul aux premières amours du combo. Lorsque la sirène, telle Simone sur ses notes médianes, nous assène le pavillon de ses dièses et ses bémols de son timbre de voix envoûtant, la magie opère véritablement. Grisant, estampé power symphonique, à la manière d'Ancient Bards, avec un zeste de Nightwish, « Impetus », pour sa part, au regard de ses délicats arpèges au piano et ses riffs acérés, glisse avec célérité dans nos tympans alanguis, distillant au passage de saisissants couplets que relayent des refrains immersifs à souhait. Difficile alors de rester de marbre bien longtemps, ce morceau incitatif au headbanging nous faisant frissonner, avec l'extase circonstanciée, pour suivre les pérégrinations d'une déesse ondoyant allègrement sur sa ligne de chant, que suit à la trace un serpent synthétique bien habité. Autre proposition qui, à l'évidence, a l'allure d'un hit d'excellente facture.

L'inspiré combo dévoile, par ailleurs, de plus complexes séquences rythmiques, et ce, sans y perdre ni en substrat mélodique ni en intensité rythmique ni même de sa si chatoyante fibre latino. Ce qu'illustre précisément le mid tempo progressif « Afraid », vibrante et ''nightwishienne'' piste faisant suite, par un subtil fondu enchaîné, au cinématique et laconique mais infiltrant instrumental « Introducing the Majestic ». Aussi, effeuille-t-on un titre qui, de ses fines variations rythmiques, trace sa route sur un océan orchestral à la profonde agitation intérieure. Là encore, la déesse nous enchante de ses volutes cristallines d'obédience lyrique, quelque soit le moment de la traversée. Le spectacle est à son paroxysme lorsque d'enivrantes variations latino au bandonéon s'immiscent sur un pont techniciste, et dont le face à face avec la lead guitare, eu égard à un éblouissant legato, pourra scotcher plus d'un pavillon rétif. Dans cette énergie, on retiendra le frétillant « The Way » et le sensuel et néanmoins sanguin « Be Still » à la fois pour leurs dévorants gimmicks guitaristiques, la sidérante force de frappe et les coups de théâtre dont ils nous abreuvent. Enfin, voguant sur un frissonnant cheminement d'harmoniques renvoyant à Amberian Dawn (première mouture), et sans trahir l'adn power symphonique du collectif, le frondeur titre éponyme « Kósmos », quant à lui, réserve d'insoupçonnées montées en puissance du corps orchestral ainsi que de fuligineux soli d'une lead guitare résolument incisive.

Dans une même dynamique, et plus qu'elle ne l'avait consenti sur sa précédente livraison, la troupe a densifié d'un cran son message musical tout en l'ornant d'harmoniques encore vierges de leur incursion mais éminemment fédérateurs, et surtout générateurs d'une charge émotionnelle difficile à endiguer. Aussi ne pourra-t-on que malaisément se soustraire à la magnificence du filet mélodique coulant dans les artères de « Truth » ; luxuriante fresque symphonico-progressive au tempo mesuré, déroulant fièrement ses 8:12 minutes d'un spectacle épique et romanesque, un tantinet lévitant, que n'aurait nullement renié Therion. Dans ce bain orchestral aux doux remous, où s'inscrivent de seyantes ondulations d'une mélancolique guitare hawaïenne corroborées à de sémillantes rampes pianistiques, évolue un duo mixte en voix claires en parfaite osmose. Chapeau bas.

Autre indice révélateur de l'évolution de leur projet, nos acolytes ont enrichi leurs gammes et leurs arpèges d'un soupçon d'originalité et ouvert le champ des possibles en matière d'atmosphère. Ainsi, lorsque résonnent des tambours martiaux et que s'emballe la cavalerie instrumentale, c'est pour mieux porter l'estocade, comme l'atteste « What Precedes Us », pénétrant mid tempo progressif aux hypnotiques relents roots. En effet, sans crier gare, l'intrigant méfait finit crescendo, et ce, sur fond de profondes inflexions mixtes semblant tout droit sorties des entrailles de la terre. Bref, une inédite et troublante proposition insufflée par nos gladiateurs.

A l'image de son aîné, le présent manifeste n'aura pu se résoudre à laisser pour compte l'aficionado de moments intimistes. Aussi, nos acolytes nous adressent-ils leurs mots bleus les plus sensibles, à commencer par « Eternity », troublante ballade atmosphérique dotée d'un fin picking à la guitare acoustique et octroyant d'incessantes ondulations d'une hypnotique cornemuse samplée, dans la lignée d'un « The Islander » de Nightwish. Mais c'est principalement sur une mer synthétique d'huile que dansent langoureusement les limpides et pénétrantes volutes de la diva. Cette fois tout en retenue certes, les magnétiques ondulations de la belle ne feront pas moins chavirer les cœurs en bataille. Et comment rester inflexible sur « Inside », ballade romantique jusqu'au bout des ongles ? Avec une belle profondeur d'âme, l'émouvante offrande finit par couler dans nos veines. Clapotis pianistiques et velours synthétique assistent une déesse bien habitée, modulant à la perfection son vibrato, sur une plage tout en délicates nuances de tonalité. Magique, tout simplement... Comme pour boucler la boucle, nos compères nous réservent une outro des plus ensorcelantes. Aussi, à l'aune du caressant « Inside the Kósmos », un jouissif paysage de notes déliées, évoluant au gré de délicats arpèges au piano et de violoneux samples, nous est alors adressé. Octroyant d'enveloppantes nappes synthétiques et mise en habits de soie par les angéliques patines de la maîtresse de cérémonie, cette aérienne et touchante ballade a-rythmique est une véritable invitation au voyage en d'oniriques contrées...


On ressort de notre périple gagné par un agréable sentiment de plénitude, et prêt à remettre le couvert aussitôt l'ultime mesure du skeud envolée. Force est d'observer que cette seconde proposition reflète un degré d'inspiration supérieur à ce qu'il fut naguère, à l'image d'une démarche plus personnelle et d'une ingénierie du son aujourd'hui bien moins lacunaire qu'autrefois. C'est dire que les accords des illustres sources d'influence du combo patagonien ont été digérées au point de les faire leurs, le présent message musical faisant montre d'une belle épaisseur artistique. Classique dans son architecture, le sculptural méfait n'en recèle pas moins moult sonorités et harmoniques inédits ainsi qu'une touche d'originalité, conférant à cette œuvre tout son caractère et sa singularité.

Toutefois, eu égard à une indéniable maturité compositionnelle, techniquement plus aguerrie et à la mélodicité plus nuancée, plus diversifiée encore quant à ses exercices de style, cette seconde offrande témoigne certes d'une réelle évolution par rapport à sa devancière, pas encore une franche rupture. Signe que le combo n'a pas radicalement tourné le dos à son passé, loin s'en faut. Simplement, le projet s'est étoffé de nouvelles portées, voire d'horizons encore vierges de leur incursion, avec un petit supplément d'âme à la clé ; stratégie payante précisément destinée à renforcer l'impact de leurs fondamentaux. On comprend que cet enfant spirituel de Nightwish exploite dorénavant plus judicieusement son potentiel et qu'il en a sans doute encore sous le pied ; pour le moins, suffisamment pour le voir désormais caracoler parmi les valeurs confirmées du metal symphonique à chant féminin et essaimer ses vibes à l'international. Qui, désormais, parmi ses pairs, pourrait bien enrayer l'ascension du condor patagonien vers les sommets ?...

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melpo - 18 Mai 2019:

Merci pour cette découverte. C'est à la fois très fin et puissant.

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