Kore

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16/20
Nom du groupe Victoria K
Nom de l'album Kore
Type Album
Date de parution 14 Octobre 2022
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1.
 Prologue
 01:09
2.
 Raptum
 05:12
3.
 Mother's Garden
 04:34
4.
 The Child
 04:01
5.
 Persephone
 05:19
6.
 A Divine Revelation
 07:09
7.
 Tower
 07:29
8.
 Blasphemia
 05:43
9.
 Pomegranate
 05:52
10.
 The Afterlife
 03:58
11.
 Epilogue
 00:54

Durée totale : 51:20

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Victoria K


Chronique @ ericb4

03 Novembre 2022

Bien malin qui pourra résister à la force d'aspiration de cette vague australienne aux rouleaux dévastateurs...

Nous ayant laissés sur le souvenir ému d'un sémillant premier essai dénommé « Essentia », sorti via Rockshots Records, en 2020, et au vu de l'accueil plus que favorable reçu par les critiques à son égard, le quartet australien ne sera pas resté dans l'ombre bien longtemps, tant s'en faut. Afin de mieux comprendre en quoi les arguments développés par ce prolifique combo sont loin de desservir son projet, et ce, dans un registre metal ô combien investi par ses pairs, un petit flashback s'impose.

Né à Melbourne en 2016, endossant le pseudo de sa conceptrice, auteure/compositrice et interprète au cristallin grain de voix, Victoria Knight, et mû par une sérieuse envie d'en découdre, le groupe océanien enchaînera de poignantes offrandes, à commencer par son premier single, « Monster ». Après une période de latence de trois ans, s'ensuivra « Lacuna », vibrant single auquel en succéderont deux autres – « Forsaken » et « The Haunting » – , en 2020, soit l'année même de la réalisation de l'album sus-cité. « Essentia » fut d'ailleurs élu meilleur album de l'année aux Femmetal Awards 2020, et son interprète, finaliste dans la catégorie des meilleures voix opératiques. Plus encore, cette dernière fut nominée ''meilleure vocaliste'' aux Metalgoddesses.com Awards, et ce, parmi les plus éminentes pointures du genre, dont Floor Jansen (Nightwish, ex-After Forever), Charlotte Wessels (ex-Delain), Elize Ryde (Amaranthe) et Fabienne Erni (Eluveitie, Illumishade). Excusez du peu !

Un succès d'audience que la troupe souhaita en toute légimité transformer en prestations live ; entreprise hélas avortée par la crise sanitaire planétaire liée à la Covid-19. Etat de fait qui ne saurait toutefois l'empêcher de réaliser, en 2021, « Essentia (Live Isolation Concert) » ; un délectable studio live doublé d'un dvd éponyme, reprenant ainsi, en les réarrangeant, la totalité des titres de son masterpiece. S'il reprit ensuite le chemin des planches, la pandémie contraria une fois encore les projets du collectif, sa tournée australienne entamée en novembre 2021 se déroulant finalement en trois temps, dont deux volets en 2022, l'un en mars, l'autre en avril.

2022, une année charnière pour le groupe, ce dernier se consacrant parallèlement à l'écriture et aux finitions de son nouveau matériau. De cette indéfectible énergie émaneront deux singles : « Persephone » et « Tower », soit deux des 11 pistes de son second album studio, « Kore », signé lui également chez le puissant label italien. Aussi, les 51 minutes de la galette seraient-elles à même de propulser la troupe océanienne parmi les valeurs montantes de cet espace metal ? Ses concurrents directs, dont un certain Kiara (groupe de metal symphonique russe emmené par sa talentueuse interprète, Anna Kiara (Imperial Age)), pourraient-ils être inquiétés par nos quatre valeureux gladiateurs ?

Dans ce dessein, un remaniement partiel de l'équipe s'est opéré, Victoria Knight conjuguant dorénavant les talents de : Julia Mammone aux guitares, James Davies à la batterie et Charlie Curnow aux growls et à la basse. De cette étroite collaboration naît un concept album rock'n'metal symphonique progressif, aux accents dark gothique et orientalisants, dans le sillage de Xandria (première période), Lacuna Coil, We Are The Fallen, Draconian, Tristania mais aussi d'Evanescence et Within Temptation (première mouture), soit en partie dans le prolongement stylistique du précédent opus, en partie seulement. Produit tout comme son devancier par Lee Bradshaw, le méfait jouit d'une belle profondeur de champ acoustique doublée de finitions passées au peigne fin. Si l'ingénierie du son comme les arrangements instrumentaux s'avèrent difficiles à prendre en défaut, c'est également au regard de la teneur argumentative des textes de ses paroles que le manifeste pourra capter l'attention du chaland.

Aussi, effeuille-t-on un message musical centré sur l'Hymne homérique à Déméter, hymne archaïque de la Grèce antique remontant à l'époque d'Hésiode, contant la douleur de Déméter, déesse de l'agriculture et des moissons, eu égard à l'enlèvement de sa fille, Perséphone (gracieuse vierge, d'abord connue sous le nom de Coré), par Hadès, frère de Zeus et de Poseidon, considéré comme le « dieu des Enfers » ; un hymne scindé en trois parties, dont les paroles respecteraient l'évolution chronologique de l'histoire. Un point de vue toutefois teinté d'une touche de modernité de la part de son auteure, conférant de fait un soupçon d'originalité à son essai. L'orchestration, quant à elle, gagne en intensité au fil des morceaux, traduisant ainsi la complexité de l'état émotionnel de Perséphone et de celui d'autres personnages impliqués dans ce poème. A l'aune de ce second mouvement, on comprend que nos acolytes souhaitent désormais porter l'estocade. Il ne nous reste plus qu'à explorer les arcanes du navire en quête de pépites profondément enfouies...


Comme il nous y avait déjà sensibilisés, le collectif océanien semble doté de cette rare aptitude à générer ces arpèges d'accords qui font mouche, à commencer par ses passages à la cadence mesurée. Ainsi, par un fondu enchaîné finement esquissé, la laconique et somme toute dispensable entame instrumentale « Prologue » cède le pas à l'envoûtant « Raptum » ; un mid tempo syncopé à mi-chemin entre Xandria et Within Temptation. Pourvu de riffs crochetés, investi d'enivrantes senteurs orientalisantes, et doté d'un refrain immersif à souhait mis en exergue par les sensuelles modulations de la sirène, le tubesque méfait annonce la couleur des intentions de ses concepteurs. Dans une ambiance plus souffreteuse, on ne saurait davantage esquiver ni « Pomegranate » ni « The Afterlife », mid tempi dark symphonique gothique au carrefour entre Tristania et Draconian, qui, au regard de contrastes atmosphériques et oratoires bien marqués et des plus pénétrants et savamment orchestrés par nos deux vocalistes patentés, pousseront assurément le chaland à y revenir.

Dans une même dynamique mais moins immédiatement inscriptibles dans les charts, d'autres pistes tireront toutefois leur épingle du jeu. Ce qu'atteste, tout d'abord, « Persephone », ''draconien'' mid tempo symphonique gothique, où les angéliques et néanmoins puissantes inflexions de la belle et les growls aussi ombrageux que glacials de son comparse offrent un mémorable face à face. Dans cette mouvance, s'inscrit « A Divine Revelation », fresque symphonico-progressive déroulant ses quelque 7:09 minutes d'un spectacle aussi chatoyant et énigmatique qu'endiablé, que l'on croirait volontiers émaner d'un conte des Mille et Une Nuits. Un poil plus tourmenté, et parfois empreint d'une noirceur infinie, l'opulent et frissonnant mid tempo progressif « Tower », quant à lui, se plaît à nous secouer le pavillon de ses virulents coups de boutoir tout en nous immergeant dans une atmosphère résolument crépusculaire. Et, là encore, au bout de plusieurs passages circonstanciés, la sauce finit par prendre.

Quand ils en viennent à nous embarquer en de plus apaisantes contrées, nos acolytes nous adressent par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Ce qu'illustre, « Mother's Garden », ''evanescente'' ballade d'une sensibilité à fleur de peau, empreinte d'une mélodicité toute de fines nuances cousue mais nullement aguicheuse. Mise en habits de soie par les caressantes volutes de la maîtresse de cérémonie, agrémentée d'orientalisantes vibes et de cristallines séries de notes échappées d'une harpe samplée, la tendre aubade ne saurait être éludée par le féru d'instants tamisés.

Enfin, à la lumière de ses passages les plus enfiévrés, la troupe parvient non moins à nous retenir, un peu malgré nous. Aussi, c'est d'un battement de cils que les truculentes gammes nourrissant le mid tempo progressif « The Child » happeront le tympan du chaland. Instillé d'effets de contraste rythmique bien marqués et recelant une reprise aussi vibrante qu'insoupçonnée sur la crête de son entêtant refrain, ce saisissant effort à la confluence entre Within Temptation et Lacuna Coil ne se quittera qu'à regret, Plus anxiogène car plus ténébreux, le ''tristanien'' up tempo « Blasphemia », pour sa part, poussera à un headbang bien senti, mouvement oscillatoire de la tête qu'un pont mélodique sous-tendu par les ''siréniennes'' impulsions de la princesse interrompra à mi-morceau.


En définitive, le quartet océanien nous octroie un propos aussi torrentiel et enivrant qu'empreint de mystère, et bénéficiant, comme son aîné, d'une production d'ensemble ne souffrant que de rares irrégularités. Moins immédiatement lisible que son devancier, ce second méfait renseigne néanmoins sur la capacité de la troupe à renouveler ses gammes et à nous amener là où on ne l'attendait pas nécessairement. Quelques prises de risques doublées d'une technicité instrumentale affermie et plus complexe, des sentes mélodiques certes moins fédératrices car moins lumineuses, mais finement sculptées et nullement linéaires, un duo mixte en voix de contrastes en parfaite osmose, et une histoire palpitante dont la finesse du trait de plume s'en fait l'écho, sont autant de qualités à mettre à l'actif du combo.

Diversifiant ses ambiances, alternant à l'envi ses phases rythmiques et réservant de poignantes joutes oratoires, le collectif a également veillé à varier davantage ses exercices de style aujourd'hui qu'hier. A condition de faire fi de la fluette outro instrumentale, « Prologue », à l'aune de cette offrande, la troupe détiendrait-là l'arsenal requis pour se hisser parmi les valeurs montantes de ce registre metal. Bien malin qui pourra résister à la force d'aspiration de cette vague australienne aux rouleaux dévastateurs...

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