Victoria K, du nom de sa conceptrice, auteure/compositrice et frontwoman au cristallin grain de voix, est un projet metal symphonique gothique sorti de terre en 2016 à Melbourne, dont les influences de
Xandria (première mouture),
Lacuna Coil,
We Are The Fallen, et surtout
Evanescence et
Within Temptation ne sauraient être éludées. Déjà repéré et bien classé dans les charts de l'espace metal australien grâce à son premier single «
Monster », sorti peu de temps suite à sa création, le groupe poursuit sa graduelle ascension, sans pour cela chercher à précipiter les événements. Aussi, proposera-t-il, quelque trois années plus tard, un second et vibrant single répondant au nom de «
Lacuna », distribué en Australie et en Nouvelle-Zélande, cette fois, via Warner Music. Un bagage encore mince mais des plus efficaces et qui, surtout, lui ouvrira plus largement les portes de la scène metal, le combo assurant notamment la première partie d'
Eluveitie, lors de leur tournée à Melbourne, le 18 mai 2019 ; une prestation de premier ordre, plébiscitée par le public, que d'aucuns espèrent voir essaimées à l'international, à commencer par l'escadron australien lui-même..
Aux fins d'un travail en studio des plus exigeants et de longue haleine, le groupe accouche en 2020 de son premier et présent bébé «
Essentia » ; galette d'une durée n'excédant guère les 37 minutes, signée chez le puissant label italien Rockshots Records. Une fraîche et palpitante aventure à laquelle participent également : Sheri-Jesse Tantawy (dite ''Sheri
Vengeance'') (
Black Like Vengeance, ex-
Ne Obliviscaris), aux growls ; Julia Mammone aux guitares ; Marty Kawaler à la basse et James Davies à la batterie. Avec le concours, pour l'occasion, de Michalina Malisz (
Eluveitie) à la vielle à roue. De cette étroite collaboration émane un propos à la fois éminemment tonique, souvent enjoué, diablement enivrant, un brin romantique, produit par le prolifique auteur/compositeur, interprète, consultant en développement et coach Lee Bradshaw. Doté d'une qualité d'enregistrement de bon aloi et de finitions ne souffrant que de rares approximations, l'introductif effort se double d'arrangements d'excellente facture, plaçant dores et déjà la formation australienne sur les rails pour espérer bousculer l'âpre concurrence continuant d'agiter ce registre metal. Aussi, suivons sans plus attendre nos acolytes dans leurs pérégrinations...
Le combo interpelle, tout d'abord, par sa faculté à concocter ces séries d'accords qui, peu ou prou, vous resteront gravées en mémoire longtemps après les avoir effleurées. Ainsi, à mi-chemin entre
Evanescence et
Within Temptation (dernière cuvée), «
Forsaken » et « Matrix » se posent tels de pugnaces et enchanteurs up tempi au tapping effilé, aux airs de véritables hits en puissance. Surmontés tous deux d'un grisant effet de contraste vocal, les chatoyantes impulsions de la belle (à la confluence d'Amy Lee et Sharon den Adel) faisant écho aux growls glaçants de Sheri
Vengeance, ces tubesques manifestes ne se quitteront qu'à regret. Et comment ne pas se sentir transporté par les vibes enchanteresses jaillissant des entrailles du single «
Lacuna » ? Doté de riffs épais adossés à une frondeuse rythmique, glissant sur un sillon mélodique d'une précision d'orfèvre et des plus enveloppants, mis en exergue par les hypnotiques patines de l'interprète, ici dans l'ombre de Judith Rijnveld (
Kingfisher Sky), cet impulsif et rayonnant effort ne se quittera qu'avec l'irrépressible envie d'y revenir, histoire de plonger à nouveau au cœur de cet océan de félicité.
Répondant à un souci de diversification rythmique, d'autres espaces d'expression trouveront là encore un débouché favorable auprès du chaland. Ainsi, se plaisant à nous bringuebaler comme pour mieux nous retenir, l'''evanescent'' mid/up tempo syncopé « Surreal » n'a de cesse d'alterner ses accélérations et ses décélérations. C'est au cœur d'une atmosphère capiteuse, que l'on croirait volontiers empruntée à un conte des mille et une nuits, que nous plonge le magnétique méfait, la déesse, eu égard à ses ensorcelantes oscillations, contribuant à nous retenir plus que de raison. Dans un même climat de torpeur, dans le sillage coalisé de
We Are The Fallen et
Within Temptation, le polyrythmique «
The Haunting », lui, ne mettra qu'une poignée de secondes pour happer le pavillon. Au sein de ce champ de turbulences, élargissant son spectre vocale d'un octave, allant jusqu'à tutoyer les notes les plus haut perchées, les envolées semi-lyriques de la frontwoman font mouche où qu'elles se meuvent. On retiendra encore «
Mist Filled Sky », complexe et romanesque mid/up tempo aussi bien pour son soufflant solo de guitare qu'au regard de son infiltrant cheminement d'harmoniques.
Quand la cadence se fait un poil plus mesurée, les vibes essaimées par nos gladiateurs s'avèrent aptes à aspirer le tympan, et ce, sans avoir à forcer le trait. Aussi, tant l'envoûtant refrain mis en exergue par les ondulantes inflexions de la princesse que les enchaînements ultra sécurisés exhalant de l'orientalisant et ''xandrien'' mid tempo «
Freedom Uncharted » auront raison des plus tenaces des résistances à leur assimilation. Dans cette mouvance, déployant ses couplets finement ciselés que relayent des refrains un poil plus linéaires, sous-tendu par de seyantes gammes au piano, le ''delainien'' mid tempo syncopé « Freaks » s'avère des plus agréables à défaut de pouvoir prétendre à une inconditionnelle adhésion.
Lorsque nos compères nous adressent leurs mots bleus, la charge émotionnelle sera des plus difficiles à endiguer. Ce qu'atteste précisément « Shroud of
Solitude », ballade atmosphérique d'une confondante fluidité mélodique et mise en habits de soie par les caressantes modulations de la maîtresse de cérémonie, que n'auraient reniée ni
Evanescence ni
We Are The Fallen. La colombe ouvrant peu à peu ses ailes, au délicat piano/voix du début viennent se superposer l'habile doigté de Michalina Malisz à la vielle à roue, une violoneuse assise et une rythmique féline jusqu'au bout des ongles. Si l'on peut regretter la brutalité de la chute en fin de piste, la petite larme au coin de l'oeil ne pourra que malaisément être esquivée. D'une sensibilité à fleur de peau et voguant sur une radieuse sente mélodique, la romantique et classieuse ballade « Humanity », pour sa part, est une invitation à une incursion en de célestes espaces, nous élevant alors bien au-delà du plancher des vaches. Propice au total abandon de soi, la soyeuse ritournelle ne saurait davantage être esquivée par l'aficionado du genre intimiste.
Pari réussi pour le combo australien, celui-ci nous livrant ici une œuvre à la fois volontiers incisive, des plus charismatiques, éminemment troublante, jouissant d'une production d'ensemble coulée dans le marbre, témoignant d'un réel potentiel technique et mélodique, et surtout portée par une frontwoman au faîte de son art. Diversifiée sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, n'accusant pas l'ombre d'un bémol ou inutile longueur, la goûteuse galette, en revanche, ne varie que peu ses exercices de style et les prises de risques manquent cruellement à l'appel. D'autre part, le collectif n'ayant pas totalement digéré ses sources d'influence au point de les faire siennes, et l'originalité n'étant pas franchement inscrite dans son cahier des charges, le propos, en l'état, s'avère certes immersif à souhait mais demeure éminemment prévisible. Mais pour une entrée en matière, la troupe s'en sort fort honorablement, parvenant à maintenir l'attention constante de bout en bout de notre parcours tout en générant bien souvent une émotion que l'on tenterait de contenir, en vain. Bref, un envoûtant et fédérateur, mais classique méfait...
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