Que ce soit du death metal (
Orphaned Land) ou du black metal (
Melechesh), l'oriental metal en lui-même est né du côté de l'Israël, au début des années 1990. Depuis, c'est toute une génération de metalleux avertis qui s'est décidée à suivre les pas de ces précurseurs-ci, puisant leurs inspirations dans le folklore de leur pays et dans le côté extrême de la musique metal.
L'oriental black metal semble faire partie des genres de metal les plus prolifiques au Moyen Orient, la scène en elle-même s'agrandissant de jours en jours et comptant parmi elles les Egyptiens d'
Odious, les Bahreïnis de Narjahaman, les Jordaniens de
Kaoteon mais aussi les Saoudiens de Al Namrood. Ces derniers sont sans aucun doute les plus actifs car formés en 2008 et déjà auteurs d'un EP et de trois albums. Et pourtant, les conditions de leur pays ne favorisent pas la prolifération du metal en lui-même, l'Islam étant radical et les albums metal bannis.
Al-Namrood, depuis le début, s'arrange donc pour tout confectionner à l’abri des regards dans un home studio tout ce qu'il y a de plus traditionnel, tout en se permettant de signer chez le label canadien mais très axé sur l'orient Shaytan Productions.
Al Namrood continue donc son petit bonhomme de chemin avec le dernier « Kital Al Awthan », tout en se disant être « le groupe d'Arabic black metal le plus connu » avec
Narjahanam. Ce qui est un fait dans la mesure où peu de formations officient dans le genre. Avec cet opus, les trois Saoudiens suivent ce qui avait été entamé avec le dernier «
Estorat Taghoot » centré sur Babylone et la fameuse tour de Babel pour se concentrer sur les racines du monde arabe, avant même que l'Islam soit apparu en ces terres. Il s'agissait de la culture paganiste, comprenant les anciennes croyances des Arabes ainsi que leur démons, djinns, demi-dieux et divinités. L'auditeur est donc porté dans les traditions arabes, soit 1600 ans avant notre ère, ce qui fait un sacré chemin...
C'est avec une introduction significative « Mirath Al Shar », soit « l'héritage du mal » (titre dans lequel on pourrait retrouver un clin d'oeil à la formation tunisienne '
Myrath') que tout commence, le voyage dans les sables orientales se faisant à coup de claviers et de symphonies arabisantes et impériales. Puissantes, mystérieuses et mystiques, l'auditeur est alors pris dans l'univers d'
Al-Namrood, qui ne lésine pas sur les claviers et leur apport en éléments moyen-orientaux. Le groupe n'a pas changé sa recette et on retrouve la même patte que sur les opus précédents, même si les claviers deviennent plus précis et plus imposants.
« Min Trab Al Jahel » (de la poussière de l'ignorance) combine la douceur et l'exotisme de l'orient avec la noirceur et l'agressivité du black metal, intégrant une guitare bien raw et grasse, des percussions, des choeurs traditionnels et la voix black menaçante de Mudamer. La musique est à l'image de la pochette mythologique où se côtoient les ténèbres de la nuit et la chaleur du sable.
C'est une immersion totale qui nous est offerte.
Al-Namrood raccourcit le nombre des morceaux, écrit ses textes en arabe et se permet de privilégier les parties instrumentales plutôt que les parties chantées, si bien qu'on se retrouve tantôt avec une atmosphère accueillante, tantôt avec une atmosphère guerrière et souvent menaçante. L'ensemble n'est cependant pas très violent, dans la mesure où les blasts sont rares voire inexistants, les accélérations de rythme n'étant pas à l'honneur. Tout est porté sur les ambiances et ce côté authentique flagrant comme sur « Hayat Al Khool » et sa symphonie traditionnelle.
S'il y a bien des morceaux qui marquent, ce sont sans doute un « Kiram Al Mataia » bien dansant et bien méchant à la fois – quoique bien oriental – et un « Wa Man Kan Lil Sufha Entisar » proche de
Narjahanam dans l'esprit avec ce côté instrumental très musique de film. Le Moyen-Orient dans toute sa splendeur version black metal. Un régal.
Même si la production a réussi à s'améliorer, les moyens du bord étant légèrement plus conséquents, l'ensemble musical en lui-même n'évolue peu, les morceaux peinant à se distinguer franchement les uns des autres. Les notes sont plus justes, certes, cependant il règne une sorte de cacophonie étrange sur plusieurs titres, tant le mélange guitare/claviers/voix peut laisser à désirer (« Ashab Al Aika », « Al Quam, Hakem Al Huroob »). De plus, le clavier semble être l'élément principal des compositions et étouffe quelque peu les guitares et leur riffings assez simples dans l'ensemble. Quant à la basse, elle semble quasi inexistante, happée par les nombreux éléments arabisants tels que les violons, flutes, percussions, sitars et j'en passe.
Malgré tout,
Al-Namrood arrive à offrir un bon album bien que les soucis au Moyen-Orient peinent à diffuser les opus de la culture metal, ces derniers étant souvent anti-religion, et pour cause, les Saoudiens ne se cachent pas d'effectuer dans l'anti-islam (leur nom de scène signifiant « le non-croyant ») et d'essayer de faire découvrir aux gens une nouvelle Arabie. En conséquence, les amateurs d'histoire, d'orient et de black metal ne pourront qu'être ravis de la sortie de cet album qui, tant bien que mal, permet à
Al-Namrood de s'imposer une fois encore sur la scène oriental black metal.
Sinon merci pour la chro, je vais me pencher dessus!
@angel: c'est rien. j'ai pas réussis à traduire tous les titres, les maghrébins ne sont pas très forts en arabe :p
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