Il…
Voilà plusieurs décennies déjà que
Michael Kiske, chanteur emblématique, non seulement, pour toute une scène mais aussi, à n’en pas douter, pour toute une génération, hante, telle une âme en peine, ces lieux peuplés d’adeptes férus de musique sinon âpre, tout au moins énergique. L’artiste aurait tant voulu convertir nombre de ces congénères à cet éclectisme qui le séduit tant. Mais rien n’y fit. Peu enclin à se laisser enfermer dans les sacro-saints poncifs obligatoires d’un
Power Metal qu’il contribua lui-même à créer, l’homme tenta, en effet, vainement d’ouvrir les esprits étriqués. Mais là encore rien n‘y fit. Et la cinglante déconvenue, qui fut la sienne et celle de ses compagnons d’armes d’
Helloween à la sortie d’un piètre Chameleon, le laissa définitivement amer. Dès lors, profondément blessé en son orgueil, l’interprète aura même juré qu’il n’y reviendrait plus jamais. Que nul ne le verrait plus en ces terres dédiées aux musiques sobrement, et parfois un peu trop sommairement, résumé sous la bannière
Metal.
Il aura fallu du temps, beaucoup de mots et de sollicitude pour que le chanteur daigne enfin délaisser ses autres aventures musicales quelque peu anecdotiques et vienne enfin se fourvoyer, à nouveau, en ce milieu qu’il avait, pourtant, tant décrié. Ainsi put-on le réentendre sur le projet
Avantasia à l’instigation de son très talentueux congénère Tobias Sammet.
Elle…
Nouvelle égérie omniprésente d’une scène
Power Metal Symphonico-Mélodique ardente, Amanda Somerville aura marqué de son empreinte vivace nombre de productions actuelles. Auteure, interprète et même productrice, son nom demeure, en effet, associé à ceux d’autres plus illustres liés à des projets tels qu’
Aina – Days of
Rising Doom,
Andre Matos – Mentalize,
Avantasia – The Scarecrow ou encore, par exemple,
Edguy – Rocket Ride. Elle remplaça même Simone Simons au sein d’
Epica lorsque cette dernière fut incapable, rendue muette par la maladie, de chanter.
Eux…
L’union de ces deux acteurs donne donc naissance à cette œuvre, sobrement intitulée
Kiske-Somerville.
Nous…
La déception frustrante ressentie à l’écoute de cet album est d’autant plus âcre que le talent des deux voix œuvrant sur cet opus est indéniablement remarquable. Pis encore, la conjugaison des aigus maitrisés d’un Kiske très à son aise et des intonations plus graves suaves d’une excellente Amanda offre, à l’auditeur, l’expression d’une magie dont le charme est terriblement séduisant. Rien ne devrait donc assombrir ce tableau idyllique.
En réalité, en dehors des qualités évidentes de cette rencontre délicieuse, cette première œuvre commune nous propose surtout de nous égarer dans les méandres de titres mélodiques terriblement conventionnels. Loin de la brillance promise par la confrontation de ces deux caractères, le disque s’enfonce, en effet, progressivement dans une facilité musicale embarrassante. De mélodies mièvres en airs convenus, Kiske-Sommerville nous offre le spectacle soporifique d’une musique aux confins d’un
Hard Rock mélodique agrémentés des poncifs les plus éculés d’un
Metal Symphonique à chanteuse. Pour bien faire, le groupe saupoudre aussi sa musique de quelques riffs pour ne pas totalement trahir l’esprit duquel il se réclame, mais aussi de quelques inflexions mélodiques aux airs typiquement scandinaves. Ce choix musical n’aurait, évidemment, rien de condamnable si les morceaux de cet enregistrement n’étaient pas si insipides, si naïfs parfois, si éculés, si inefficaces, si convenus, si vains, si ennuyeux. Comment pourrait-on donc, alors, s’ébahir sur des morceaux aussi douceâtres et caricaturaux que
Silence,
End of the
Road, Don’t Walk Away,
Rain ou encore, par exemple, One
Night Burning ?
De plus, le mixage sans aspérité de cet opus, où l’équilibre parfaitement maitrisé de chaque instrument écrase un ensemble de sa perfection sonore, est, assez étonnamment, d’une lourdeur fastidieuse.
Dans ce paysage épouvantablement beau, épouvantablement accablant, épouvantablement sans nuances, seuls les excellents
Nothing Left to Say,
Arise et, par exemple, A Thousand Suns sont à même de redonner quelques vertus plaisantes à une œuvre qui en manque cruellement.
Ce
Kiske-Somerville, né de la rencontre de
Michael Kiske et d’Amanda Somerville, est donc une œuvre, malheureusement, maitrisée dans ses moindres détails. Manquant singulièrement de spontanéité, ces titres se perdent dans les affres d’une musique aux confins de plusieurs genres mélodiques dont il s’inspire assez maladroitement. Le résultat navrant ne se glorifie un peu que sur l’osmose admirable des voix de ces deux protagonistes.
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