On ne l’y reprendrait plus. Ah ça non. Jamais. Il avait apporté sa pierre à l’édifice et revenir dans le monde du metal serait inutile. De toute façon, il n’aime plus le genre...
Si on devait compter le nombre de fois que
Michael Kiske a dit ça...
Certes, il aura fallu du temps pour qu’il digère son éviction de
Helloween et l’aide d’un certain Tobias Sammet qui lui donna divers rôles primordiaux dans
Avantasia et l’invita chez
Edguy. Puis
Timo Tolkki qui lui offrit également une opportunité avec
Revolution Renaissance et enfin des projets solo (Kiske, Place Vendome) et
Unisonic qui terminèrent de le faire revenir au premier plan du metal mélodique, souvent teinté de hard FM qui lui va désormais à merveille grâce à sa voix sucrée et, si elle est moins haut-perchée qu’à la grande époque, reste absolument magique et véhicule des émotions incroyables.
Kiske-Sommerville est un autre de ses projets qu’il fonda avec Amanda Sommerville, muse des
Gate Studio (studio de Sascha Paeth et Miro Rodenberg), mais souvent utilisée comme choriste ou invitée mais quasiment jamais en tête d’affiche. Elle profita de cette opportunité pour sortir un disque possédant une portée plus importante que ses disques solo et chanter en duo avec un homme qu’elle a appris à connaitre sur les différentes tournées de
Avantasia.
Cela donna naissance à un disque surtravaillé, sans réelle conviction et tellement propre qu’on avait cette désagréable sensation d’entendre une perfection à chaque instant, sans feeling ni la flamme qui devrait animer ces artistes d’une scène revenue plus ardente que jamais.
Cinq ans ont passé et "City of Heroes", que nous n’attendions pas forcément, vient frapper à notre porte.
Comme beaucoup d’albums dernièrement de la scène allemande, une grande partie de la composition a été élaborée par Matt
Sinner (
Primal Fear,
Sinner,
Level 10) et
Magnus Karlsson (
Primal Fear), chose qui n’est pas sans nous effrayer lorsque l’on écoute les médiocres opus dont ils accouchèrent récemment (
Level 10, les deux derniers
Primal Fear, le dernier
Silent Force...).
Et pourtant...
Il convient de le dire. "City of Heroes" n’est pas une révolution. Ce n’est pas ce qu’on demande à ses acteurs mais une conviction, une force de proposition et d’interprétation qui permettra à l’album de passer la vitesse supérieure et force est d’admettre que le contrat est cette fois-ci rempli avec brio. Le disque regorge de mélodies catchy et marquantes, les envolées vocales sont gracieuses, les soli réussis, les refrains restent gravés en tête et on ressent une vitalité et une fraicheur tout au long de l’album (chose que ne fait pas le nouveau
Cain’s Offering, sortant en même temps). Une fois de plus, c’est plutôt du côté d’un
Hard FM sensiblement metallisé que lorgne Kiske et Sommerville mais avec une puissance et une énergie que ne possédait pas le premier essai (ni le dernier
Unisonic au passage). Il suffit d’écouter le premier titre, de se prendre en pleine face ce premier riff, ce premier break de batterie et cette première ligne vocale de Michael pour déjà remarquer que la puissance est au rendez-vous mais également qu’un soin très particulier a été apporté à une production superbement travaillée, très ample, où aucun instrument ne vient empiéter sur le terrain des autres. Amanda illumine son couplet et les deux compères délivrent un refrain imparable que nous ne demandons qu’à entendre exploser les planches des festivals d’été. Et l’album ne fait que commencer.
Les perles de metal mélodique s’enchainent et c’est peut-être la première fois depuis son grand retour que
Michael Kiske parvient, sur tout un album, à ne jamais donner l’impression de s’ennuyer à un moment, d’être véritablement à fond dans sa musique. Il ne faut pas y voir quelconque expérimentation mais un savoir-faire rafraichissant qui parvient à faire du neuf avec du vieux, sans jamais que des groupes ou des morceaux en particulier ne nous viennent à l’esprit pour venir ternir la sensation de nouveauté.
"Breaking
Neptune" se pare d’un riff d’ouverture lumineux de beauté, sur lequel les deux voix se rencontrent superbement avant d’enchainer sur l’un des meilleurs refrains du disque, l’un de ces refrains pour lequel on est capable de réécouter la chanson en boucle. Il met également en valeur le boulot abattu par Veronika Lukesova, jeune batteuse inconnue au bataillon mais d’une intelligence musicale faisant trop souvent défaut aux productions récentes du genre. Multipliant les breaks, ne se bornant jamais à une rythmique passive et d’une énorme dynamique, elle insuffle une puissance et une énergie incroyable aux morceaux et est également grandement responsable du ressenti positif de l’album. Il en est de même sur le plus symphonique "
Rising Up" où elle abreuve de son talent les transitions entre les couplets, alors que ce sont les claviers qui prennent le pas sur les guitares. En revanche, le solo est une petite merveille de mélodie qui démontre une fois de plus le soin apporté à ce "City of Heroes".
On pourrait presque évoquer chacune des douze compositions tant aucune ne fait office de remplissage comme c’est de plus en plus le cas. "
Salvation" et son côté plus épique, la sublime "After The
Night Is Over" où Kiske s’envole dans les cieux accompagné par l’ange Sommerville (quel refrain encore une fois...), le calibré "Walk on Water" (très joli clip) mélodique à souhait et FM mais loin d’être dénuée d’intérêt ou encore la hard rockienne "Last Goodbye" qui envoie la sauce avec efficacité et rugosité.
La surprise est d’autant plus grande que l’album a été confectionné avec discrétion et que peu de monde attendait réellement de ce second opus. Une franche réussite pour les deux compères qui peuvent s’enorgueillir de sortir, avec le récent
Dracula de
Jorn Lande, le meilleur album de
Hard FM de l’année pour le moment. Histoire de rétablir un statut de légende que
Michael Kiske ne parvenait que partiellement à justifier ces derniers temps.
Michael Kiske n'a pas perdu de sa superbe. Sans oublier des titres, un peu plus pêchue et très bien exécuté.
Pas le disque de l'année, mais son écoute s'avère assez agréable.
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