La première fois que j'ai entendu parler de
Debauchery, c'était sur cette fameuse affaire qui avait soulevé l'indignation de pas mal de metalleux. Thomas Gurrath, professeur de Philosophie était renvoyé de son établissement parce que des parents en colère avaient découvert que cet enseignant se transformait après ses heures de travail en
Blood God, une entité qui prônait le meurtre, le sang, la luxure et le végétarisme – si si, le végétarisme – dans un groupe offensant et morbide,
Debauchery.
Intéressé par l'affaire comme bon nombre d'entre nous, je me suis penché sur le groupe et j'ai découvert quelque chose de très familier, de brut, couillu, drôle et pourtant entrainant.
Car il est évident que prendre au premier degré les textes de ce groupe serait une erreur que seul le père Domergue pourrait commettre. Grand bien fasse aux puritains, ecclésiastes et autres frustrés pédophiles, l'idée même de
Debauchery sonnait bien dans son genre.
Après une paire d'année à trôner sur les machines de guerre du Death
Metal (référence au titre Death
Metal Warmachine et son clip porno géniallissime) avec
Germany's Next Death Metal, j'étais tout fou quand j'ai vu que s'annonçait la suite avec
Kings of Carnage.
Le trailer alléchant laissait paraître que
Debauchery ne changeait pas grand chose et dépotait toujours avec autant d'élégance et de finesse.
Et bien, à ne pas s'y méprendre, dès la première écoute, aucune déception de ce côté là.
Debauchery fait du
Debauchery, ne cherche pas à s'éloigner des sentiers battus qu'il a tant sillonné depuis
Back in Blood, et propose quelque chose de gras, coloré, et propre à souhait.
La production est tout ce qu'il y a de plus géniale pour un album du style. Les guitares sont bien équilibrées, la batterie lourde comme on l'aime et la basse bien présente donne du corps à l'ensemble ce qui en fait un plaisir auditif. A noter que l'on entend plus le métronome en mettant le volume à fond comme on pouvait l'entendre sur « Warmachines
At War » par exemple.
Le Headbang est de rigueur, car les morceaux se suivent et invitent ouvertement à la fête et au mouvements de foule dans les concerts.
Parce qu'il faut reconnaître que
Debauchery en live, bien que toujours très campés sur leur territoire – pour ne pas dire qu'ils sont statiques – offrent toujours au public tout ce qui est possible de donner et ce même dans des conditions parfois déplorables.
Alors que le faux sang coule à flot sur les quelques danseuses venues s'inviter dans mon imaginaire, et servant de la bière les nichons à l'air, l'album continue sa progression de la manière la plus logique qu'il soit.
Kings of Carnage, c'est 20% de Death
Metal, 50% de
Hard Rock, 30% de Heavy complétement épique. Le
Blood God nous possède avec ses hymnes fédérateurs, et les back vocals indiquent que la foule devra scander en choeur des hurlements possédés!
Bien sur, les mauvaises langues pourront dire facilement qu'écouter un album de
Debauchery revient à comprendre le sens et la totalité de leur discographie. Je ne blâmerai pas les fans de progressif et d'expérimental, mais il est clair qu'annoncer cela vaut pour autant pour
Debauchery que des groupes qui font la même chose depuis plus de trente ans mais qui ont pourtant un statut culte.
Pour cette formation, c'est la même chose: la volonté est de rassembler un maximum de monde autour d'un
Hard Rock plus couillu que la moyenne et une thématique plus macabre que les vieux de la vieille.
L'album est pour ainsi dire séparé en quatre parties quasiment distincte. Les premiers titres inspirent bon le death old school.
Pas de quoi détrôner
Cannibal Corpse ni
Immolation, mais suffisant pour aller pousser son prochain dans un pit en émoi. La suite est beaucoup plus
Hard Rock avec des riffs chauds et répétitifs. Le titre éponyme est clairement un hommage à
Manowar: même rythme binaire et lent que
Warriors of The World
United et même construction que
Kings of
Metal (chanson précédemment reprise par
Debauchery), dont il tient la similarité du titre et le même type de refrain puissant et évocateur.
La troisième partie qui est à mon sens la meilleure, composé de trois des derniers titres originaux –
Victory Awaits,
Murder Squad, The Last
Crusade – est carrément une invitation au voyage et à la conquête. Les compositions sont plus dantesque, à mi-chemin entre du Heavy de
Blind Guardian et un
Pagan Metal scandinave, mélodiques et très prenantes.
Le dernier titre «
Debauchery Motherfuckin' Family » s'inscrit plus dans la catégorie Death
Metal de l'album et remet un petit coup de jus avant la fin.
La quatrième partie par contre était carrément dispensable. Les reprises n'apportent rien, si ce n'est pas mal de ridicule. Le pauvre Johnny Cash doit s'en retourner dans sa tombe, car autant certains groupes arrivent à reprendre des chansons ne se prêtant pas au styles extrêmes avec brio, autant ici, c'est un échec. Mis à part le dernier titre « Böse » d'un groupe allemand inconnu de mes oreilles
Die Fantastischen Vier, une sorte de fusion avec des samples de gémissements sexuels dont l'origine et le genre sont indéterminés.
A peine sorti de la première écoute, l'important est de ne pas laisser l'impression s'estomper, et repartir de plus belle sur la base. Le plaisir est là, l'envie de faire la fête aussi.
Debauchery remplit bien son rôle.
Il est difficile de prévoir combien de temps
Debauchery pourra continuer à sortir des albums aussi similaires, mais tant que le pouvoir fédérateur de ses hymnes et l'ambiance seront au rendez-vous, je serai toujours là à hocher la tête avec conviction et pour aller faire, comme le diraient nos compatriotes d'
Ultra Vomit, « Un petit tour dans la fosse pour te péter les bras! ».
Et pour le coup, j'avoue adorer Debauchery. Chroniquer cet album devait donc s'imposer de source!
Merci des bons retours.
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