« Même après avoir cherché pendant des années, le verdict reste le même : Il n'y en a pas un autre comme eux »
Carcariass. Fleuron de la scène hexagonale, quoi qu'on en dise. Découvert par le matou en 1997, via un sampler de
Hard Rock Mag, présentant
Hell on Earth, premier album de la bande, comme un espoir hors norme pour la scène Death
Metal gauloise. On passera au dessus des vocaux franchement ridicules, gâchant un tant soit peu l'expression de leur talent et leur maîtrise respectable, ce morceau «
Brain Dead » me fit jadis bander comme un étalon. Un Death metal heavy et couillu, bourré de prouesses à la six cordes et d'une capacité à composer largement au dessus de la masse. Je me demande encore ce qu'il m'a pris d'attendre si longtemps avant de renouveler cet intérêt que je nourrissais envers eux. Toujours est-il qu'en 2007,
Killing Process arrive chez moi, première étape d'une réconciliation je l'espérais fructueuse. Me voilà aujourd'hui prêt à concluer ces nombreuses écoutes et saluer ces artistes autodidactes fougueux comme au premier jour.
Des changements, il y en a eu. L'évolution et le besoin de se recycler ont fait leurs preuves musicalement, mais le groupe reste fidèle à sa devise originelle : Avancer et se moquer des conventions pré-établies.
Contradictoire? Et bien, il est vrai qu'en analysant les structures de
Killing Process, un metalhead aguerri ne pourrait se retrouver pris au dépourvu :
Carcariass fait dans le traditionnel. A la différence qu'il ne se contente pas d'élaborer davantage un genre parmi d'autres, mais réalise une osmose unique entre plusieurs styles de metal, au point que le collage d'étiquette s'avère plus compliqué que prévu.
Quelqu'un est chaud pour l'exercice? Bien.
Premier constat :
Killing Process sonne beaucoup plus heavy que les précédents. Ils ont cette fois-ci misé sur cette base pour construire l'édifice, en lui offrant une production beaucoup plus claire ( probablement que leur signature chez Adipocere y est pour quelque chose ). Toujours est-il que le rendu propret et peu puissant s'adapte très bien à leurs idées : Constructions 100% mélodiques, harmonies pimpantes, mélopées joliment tournées, ...
Une patte thrashy est bien entendu de la partie et rajoute un joli turbo à la musique. Sans pour autant atteindre des accélérations viscérales ( pour lesquelles il n'est d'ailleurs pas conçu ),
Killing Process ne se montre pas mollasson.
La facette Death du groupe, leur inspiration première, a pris un visage nettement plus édulcoré. Le groupe opère un tournant death mélodique et technique et cela lui va à merveille, n'hésitant pas à rouler des mécaniques comme sur l'impressionnant Mortal Climb où les riffs tranchants et imposants côtoient les leads somptueux en parfaite harmonie. Véritable emblème de l'énorme talent du groupe.
Le groupe use aussi d'une démarche progressive : De nombreux thèmes sont exploités dans un même morceau tout en préservant la cohérence de l'ensemble. Un ensemble restant cependant assez homogène, mais dont on savourera les exploits instrumentaux, en particulier du terrible
Pascal Lanquetin, virtuose accompli, inspiration et feeling gigantesque en plus lui permettant de surpasser les branleurs du manche ( dont je ne citerais pas de noms, quelques uns sauront de qui il s'agit ).
Un point non négligeable est à noter également : Les vocaux de Raphaël. Certes, améliorés depuis
Hell on Earth mais utilisés de manière anecdotique. Quelques phrasés rauques en débuts de morceaux pour laisser ensuite la part belle à l'orchestre. En vérité, on se demande à quoi ils servent... Non qu'ils soient encombrants, juste sans grand intérêt.
Et cela,
Carcariass semble le comprendre petit à petit, en intégrant un morceau instrumental toutes les deux pistes, dont le superbe morceau titre, plus court que la moyenne mais imperfectible comme totalement assumé.
On a aussi droit à un court interlude
Earth in
Sorrow, où les lignes basse-guitares sont interverties. Démarche originale et qui fonctionne diablement bien. On regrettera juste sa trop courte durée.
En gros,
Carcariass se bonifie et
Killing Process se présente à la fois comme l'aboutissement de leur travail et comme une nouvelle facette plus solide. C'est vrai, mais...
Oui, il y a un mais. Aucune oeuvre ne peut se vanter d'incarner la perfection ( quoique... ). Pourtant certains plans de ce
Killing Process m'ont rebuté. Ils étaient courts, mais dignes d'une douche froide.
L'utilisation de certaines mélodies en est la cause. Autant le groupe se montre de très haut niveau structurellement et techniquement, autant ce répertoire mélodique châtoyant, voire naïf par moment, pousse parfois à faire la grimace. Un exemple : Vers le final de Tragical
End, alors que la frénésie instrumentale atteint son apogée, cette petite mélodie à deux balles ( bâclée? ) vient s'incruster dans le monument, telle un goût de barbe à papa sur un steak saignant, une faiblesse soudaine pour le morceau et un joli cassage de gueule pour l'auditeur.
Un metal à la saveur d'un bonbon sucré est infect et vu les nouvelles aspirations plus doucereuses du groupe, je m'y attendais un peu. Pourtant ils ont tout fait pour nous en préserver, mais la maîtrise de l'harmonie mélodique moins affinée que le reste ne sauve pas les meubles de certaines fuites de guimauve peu agréables. Et là,
Hell on Earth se fait légèrement regretter, rappelant que le groupe était tout à fait capable d'exceller dans ce domaine.
Dommage. Le disque aurait pu monter encore plus haut dans mon estime. Magnifiant la démarche de ces artistes ne se prenant que très peu au sérieux et leur désinvolture face à certaines règles de « bienséance » de la scène,
Killing Process s'impose sans peine comme une oeuvre divinement bien ficelée et finalement originale. Quand je vous disais qu'il n'y en avait pas deux comme ça... J'avais raison, non?
Un bon album de death technique/mélodique assez accessible dans l'ensemble, beaucoup de tappings, quelques riffs récurrents pour le côté prog comme tu le dis, et un chant plutôt rauque. Une prod made in Buriez très clean.
Pour ma part je reprocherais le son assez froid et clairement identifiable de la batterie électronique, qui donne un côté un peu trop "synthétique" à la chose.
Perso je maintiens, le côté heavy-thrash de ce killing process est bien présent, même si l'empreinte death reste dominante.
Et j'y pense... je n'ai toujours pas écouté son successeur.
J'adore l'esprit de ce groupe, on sent qu'ils font ce qu'ils aiment, qu'ils s'éclatent, qu'ils ne suivent pas une mode, une convention, ils font du metal original, mélodique, technique, et tout est toujours bien ficelé, tout semble couler de source pour ces zicos d'exception.
Parait que le chanteur est prof de fac à Belfort, qu'est ce que j'aurais aimé avoir un prof comme cela en fac:)
enfin bref selon moi un groupe hors pair, Français, qui n'a pas fait assez de tournées scéniques....
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire