Je mettais beaucoup d'espoirs en
Aksaya après un premier album plutôt réussi mais bien trop court. Pari gagné avec ce «
Kepler », surprenant à plus d'un titre.
La première surprise vient de la thématique générale abordée : la science, la conquête de l'espace et les possibles dérives trans- et post-humanistes. Autant dire que c'est un concept complexe, et qui est abordé d'un point de vue particulièrement sérieux et maitrisé (chose rare dans un milieu pour qui, dans 90% du temps, science = science-fiction).
Ce qui nous amène à la deuxième surprise : la musique. Compte tenu de la thématique abordée, on était en droit de s'attendre aux habituels samples industriels un poil foireux ou à un déluge de notes à la Voivod/
Vektor. Ce n'est pas vraiment le cas, encore que la dernière solution puisse être envisagée par moments : le Black/Death de
Aksaya s'est littéralement débridé, et l'on est passé de 'clone sympa de
Dissection' à un groupe à la maitrise technique proprement hallucinante par moments (notamment la batterie, où FY s'impose clairement comme une batteuse de combat capable de faire ravaler leurs dents à pas mal de cogneurs de fûts du sexe opposé). Si la base reste clairement Black, les éléments Death technique sont beaucoup plus présents qu'auparavant. Et par-dessus tout ça viennent se greffer quelques passages typiquement Heavy dans les solos. L'emploi de rares claviers (comme sur le morceau-titre) permet de donne la petite touche spatiale qui le fait bien.
Mais, la grande force d'
Aksaya ici est de dépasser ses influences et d'imprimer enfin sa propre personnalité dans un style où ce n'est pas en général ce que l'on demande. Et surtout,
Aksaya multiplie les changements de genre au sein d'un même morceau avec une facilité bluffante : on peu passer ainsi sans problèmes d'une ouverture très agressive et technique à un plan plus froid et mélodique à la Black suédoise («
Kepler »), on peut se retrouver avec un morceau à multiples breaks (« Laïka ») à la
Origin qui finira en Black atmosphérique, on alterne chant malsain en français avec voix claires avec un petit côté
Anata (« Fractale »)... Et jamais cela ne sonne brouillon ou bâclé. Au contraire, tout est calibré pour à la fois vous démonter le gueule à grands coups de pulsar sonique tout en vous faisant tripper, sans se sentir obligé de vous coller le fameux 'passage jazz obligatoire parce que SI TU VEUX ben moi j'ai de la culture musicale quoi pas comme ces bourrins qui écoutent
Archgoat' ((«
Anomalie, Prélude à La Découverte » et « Tau Ceti E » sont le genre de morceau qui me vengent de l'existence de
Born Of Osiris).
En seulement 37 minutes,
Aksaya livre un disque proprement impressionnant dont le spectre musical assez large est à même de toucher le maximum d'amateurs possibles sans jamais se la jouer racoleur. On a trop peu souvent des surprises de ce niveau en ce qui concerne les groupes underground, en particulier dans les genres à la fois brutaux et techniques, pour ne pas vous conseiller de soutenir
Aksaya.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire