Six ans entre deux albums, ça commence à faire long, surtout lorsque le groupe concerné est l’un des plus reconnus de la fameuse scène de metal noir québécois. C’est donc judicieusement que
Monarque revient nous faire patienter avec cet EP trois titres intitulé Jusqu’à
La Mort, car depuis
Lys Noir sorti en 2013, mis à part un morceau sur le split partagé avec
Forteresse, Chasse Galerie et
Csejthe, on n’a rien entendu du Roi et sa bande.
Avant même de frapper l’oreille, ce qui saute aux yeux, c’est cette superbe peinture qui vient illustrer la pochette, premier bon point pour la horde québécoise. Et musicalement parlant, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on reconnaît immédiatement le sceau du monarque : d’entrée de jeu, le morceau éponyme envoie une flopée de riffs limpides, majestueux et conquérants sur un rythme rapide, et cette balance entre agressivité et mélodie est bien la marque de fabrique du Souverain. A la fois guerrière et exaltée, cette première composition de 7,17 minutes fait souffler ce vent de fierté guerrière grâce à un habile entremêlement entre les claviers, qui viennent parfaitement épouser le riffing des six cordes et en atténuer l’impact belliqueux, et les guitares très mises en avant. Puissant, véloce, mordant, mais aussi beau et mélancolique, avec notamment ces passages plus lents, bref, du
Monarque pur jus.
Sur Le Serment Prononcé,
Monarque préfère adopter un rythme plus lent, et ce sont la double pédale et ces riffs roulants et profonds qui emmènent le morceau et l’auditeur avec. La voix du hurleur, parfaitement articulée et écorchée, sied à merveille à ce type de composition plus lente et solennelle, créant un contraste important avec les riffs, moins incisifs et plus contemplatifs. Le morceau bien que plus court, alterne intelligemment entre mid tempo, parties acoustiques de toute beauté et courtes explosions de blasts, dégageant ce sentiment de grandeur et de noblesse propre à la formation.
Enfin, on termine sur Le Grand Deuil et ses presque onze minutes, les sanglots du violon de Lambert Segura (
Saor) nous accueillant tout en douceur avant qu’un blast ne vienne nous tirer de notre torpeur. Malgré le côté virulent et froid de la rythmique, cette longue pièce est sans conteste la plus atmosphérique de l’EP, plage principalement instrumentale au riffing nébuleux et entêtant répété en boucle et répercuté par ces percussions sauvages, symbiose parfaite entre beauté et violence que n’aurait pas reniée
Lunar Aurora – ou, plus proche de nos Québécois, Neige et Noirceur. Ainsi, à l’instar de
Lys Noir, Jusqu’à
La Mort représente bien les différentes facettes du groupe, entre parties rapides et conquérantes, ralentissements mélancoliques et longs passages atmosphériques, faisant de ces 23 minutes un EP complet et agréablement diversifié, en un mot une véritable réussite.
Ceci dit, si la mission de ces trois titres était de faire patienter l’auditeur avant la sortie de l’album, c’est raté, car on attend désormais le full length avec encore plus d’impatience ! Non, qu’on se le dise, le Roi n’est pas mort, mais vive le Roi quand même !
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