D'ordinaire, alors qu'une œuvre s'apprête à passer sous le crible de la plume assassine de votre humble serviteur, l'inspiration envahit son esprit et les mots fusent noircissant le papier de ces impressions précises et éclairées. De ce fonctionnement parfaitement idyllique nait donc un texte avisé et pertinent que la foule immense boit comme un divin nectar. Mais bien sûr...
En réalité peu imagine le désarroi qui parfois, pour ne pas dire souvent, étreins le chroniqueur face à la multitude toujours grandissante de travaux dangereusement ordinaires, redoutablement semblables et gravement indissociables les uns des autres.
A l'aune de ce
Journey to Infinity, deuxième opus des italiens de
Soul Of Steel, une fois encore, seul le doute et la sécheresse aride d'une conscience obscurcis par un album aussi désespérément conventionnel, aura péniblement guidé la verve de votre modeste obligé.
Pourtant il va sans dire que ce
Power Metal aux accents légèrement Prog, en un propos parfaitement maitrisé, et, soyons honnête, parfaitement aseptisé, aura ses défenseurs qui, fort d'une certaine légitimité, sauront, avec une justesse appropriée, décrire les émois nés de l'écoute de ces quelques titres. Comment d'ailleurs ne pas leurs donner raison alors qu'un agréable
Through the
Gates of
Heaven, malgré quelques facilités consentis, résultant notamment de ces breaks un peu trop classiques, vient plaisamment nous inviter à pénétrer dans l'univers méconnu de ces transalpins? Comment ne pas être, effectivement, intrigué par les atours certes un peu convenus mais sympathiques d'un bon Shadows of the
Past ou d'un intéressant Waiting for you?
Malheureusement l'esprit aguerris est bien trop vite rassasié par ce festin frugal et la suite des réjouissances n'est que l'expression d'une redondance alourdis de tous les poncifs de rigueur. Les interventions d'invités, aussi prestigieux fussent ils, tels que Rob Tiranti (
Labyrinth) ou Alessio Lucatti (
Vision Divine), celles d'un illustre producteur en la personne d'Olaf Thorsen (
Labyrinth,
Vision Divine) ou encore celles d'un ingénieur du son talentueux à savoir Simone Mularoni (
DGM) ne saurait totalement endiguer le naufrage inéluctable d'un manifeste aussi atrocement fade.
De plus, si la musique de ces six artistes dénote déjà d'une certaine banalité, instaurant une atmosphère pesante et monotone, il faudra aussi souligner qu'elle sera, de surcroit, desservis par les chants désespérément communs d'un vocaliste peinant à construire ne serait ce qu'un semblant de nuance. Entendons nous bien, son travail n'est absolument pas à remettre en cause d'un point de vue strictement technique, ni même celui des autres d'ailleurs, mais son interprétation sera sans éclat et offrira à l'ensemble un vernis terriblement académique. Une tare dont, à dire vrai, ce
Journey to Infinity se serait assurément passé.
Evoquons aussi, pour clore le débat, l'aspect totalement conformiste d'un thème sans grand intérêt puisqu'il s'agira ici de nous narrer, une fois encore, la journée d'un homme tentant d'échapper à ses démons intérieurs.
Sans âme, lisse et sans inspiration, coquille épouvantablement vide, ce
Journey to Infinity terrasse aisément toutes les velléités un tant soit peu bienveillantes à son égards. Un échec qui, conjugué à celui du dernier opus très ordinaire de
Vision Divine, annonce, peut-être, un certain déclin de la mouvance la plus américano-centré de ce
Power Metal ultramontain.
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