A s’y méprendre, cet album «
Jesus King of Wine » et ce groupe baptisé
Hemoragy paraissent être contemporains de l’âge d’or du style auquel ils sont rattachés, tant le logo du combo et la pochette de ce premier effort sont esthétiquement réussis et on ne peut plus marqués par l’identité visuelle propre aux années 80, option thrash metal en plus. En réalité,
Hemoragy s’avère être un groupe francilien de heavy/thrash formé en 2002 autour des frères Johannes et Steve Musslin (respectivement vocaux/guitare et batterie) et de la sublime blonde franco-polonaise Lynda Siewicz (basse).
Ainsi, alors que les thrasheux parisiens ont placé la barre très haut d’un point de vue purement visuel avec un joli logo symétrique, une belle pochette que n’aurait pas renié
Tankard si il avait été un groupe français et la présence au sein du line-up d’une magnifique quatre-cordiste qui aurait tout à fait sa place au sein du combo féminin suédois
Crucified Barbara ; qu’en est-t-il des qualités musicales intrinsèques de ce premier opus sorti en auto-production en octobre 2007 après une démo et un EP ? Car nombreux sont les albums de thrash ayant dans l’Histoire de ce genre sacré beaucoup plus marqué l’amateur par leur visuel abouti que par leur contenu musical assez peu inspiré voir stérile ; à l’image d’un « Syndroms of the
Cities » d’
Alastor ou d’un « From the Darkest
Depths of the Imagination » de
Silent Scream.
A peine le premier morceau « A Strange Man from
Hell » déflagrant les enceintes et les murs de l’habitation de tout metalhead qui se respecte, deux constats s’imposent à l’auditeur alors en pleine séance de headbanging, une Heineken 50cl à la main : le son s’avère être plutôt modeste mais loin d’être inaudible, auto-production oblige ; et le heavy/thrash assené par
Hemoragy est hyper efficace et très spontané dans son exécution. En effet et ce malgré un son perfectible, les riffs incisifs de Johannes Musslin associés à la rythmique précise de Steve le frangin batteur et de la belle Lynda à la basse sont les ingrédients d’un heavy/thrash de bonne facture rappelant indéniablement les balbutiements du style dans les garages des pavillons middle class des suburbs de la Bay
Area san franciscaine où dans les entrepôts désaffectés des friches industrielles des villes ouvrières de l’ex RFA, Essen et Gelsenkirchen en tête. Les vocaux très Dave Mustaine de Johannes Musslin trahissent l’influence indéniable de
Megadeth sur l’identité musicale d’
Hemoragy, ce dernier possédant d’ailleurs « Holy Wars… The
Punishment Due » bien au chaud dans son carnet de reprises en vue de ses trop rares prestations scéniques (à quand un gig d’
Hemoragy au Black Pearl de Laigneville au sein duquel ses membres viennent souvent trainer et y vider les fûts de 1664 ?).
Loin d’être un sosie vocal sans âme du rouquin nasillard dissident de
Metallica, Johannes Musslin parvient honorablement à empreindre les vocaux des neuf titres de ce «
Jesus King of Wine » d’une personnalité propre, en saccadant notamment ses lyrics à la manière d’un Chuck Billy de
Testament sur le cultissime « The
Legacy » ; appuyant ainsi encore plus l’identité thrash old school du trio parisien sur ce «
Jesus King of Wine ». Ses soli sont également très bons, laissant irrémédiablement deviner un bon niveau technique permis certainement grâce à des heures et des heures de torture sadique de sa Jackson
Flying V sur « Killing is my Business… » entre autres. A l’image des excellents et inspirés «
Jesus King of Wine », « The Final Horseriding » et autres « Black Beard » ; le thrash metal d’
Hemoragy s’avère être frais et spontané, transpirant la bière blonde bon marché dans un vieux t-shirt
Agent Steel sans manches et donnant ainsi envie à tout fan de metal old school normalement constitué de monter au grenier pour retrouver sa veste à patchs et sa paire de Air Jordan à grosses languettes abandonnées depuis l’été 1991 et la parution du black album de Metallicash.
Malgré une production perfectible évidente mais largement excusable pour un release indépendant, ce «
Jesus King of Wine » racé et esthétique visuellement s’avère être une démarche remarquable, tant dans ses qualités musicales intrinsèques que dans l’hommage inspiré qu’il constitue aux mythiques thrash bands ayant brisé d’innombrables nuques aux quatre coins du globe depuis l’aube de la décennie 80. A défaut de révolutionner le style qui n’en a d’ailleurs nullement besoin,
Hemoragy fait partager avec ce premier opus autoproduit sa passion à l’auditeur avec un enthousiasme et une spontanéité sans faille. Mérite l’attention des nostalgiques de l’époque des légendaires « Bonded by
Blood », «
Darkness Descends » et autres « Peace Sells… but Who’s Buying ? ».
J'ai écouté quelques vidéos sur Youtube mais la qualité du son est immonde, on n'arrive pas à se faire une idée. je finirai bien par les voir en première partie d'un concert parisien si le groupe commence à prendre de l'ampleur.
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