Jesu

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17/20
Nom du groupe Jesu
Nom de l'album Jesu
Type Album
Date de parution 25 Janvier 2005
Style MusicalDoom Atmosphérique
Membres possèdant cet album37

Tracklist

1.
 Your Path to Divinity
 09:14
2.
 Friends Are Evil
 09:43
3.
 Tired of Me
 09:31
4.
 We All Faulter
 06:56
5.
 Walk on Water
 11:23
6.
 Sun Day
 10:03
7.
 Man/Woman
 09:29
8.
 Guardian Angel
 08:06

Durée totale : 01:14:25

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Jesu


Chronique @ Trndblck

24 Mai 2008
Jesu est typiquement le genre de groupe ovni qu’on ne voit que trop rarement émerger. Derrière ce nom se cache ni plus ni moins Justin Broadrick, nom qui doit forcément évoquer à certains Godflesh. Je n’effectuerais pas de comparaison entre les deux groupes, pour la simple et bonne raison que je n’ai jamais écouter Godflesh. Je compte réparer ce manque dès que possible, je rassure ceux qui se seraient indignés.

Jesu livre donc ici son premier album, 5 moins après un premier ep. 8 morceaux, pour pas moins d’une heure et quart de musique. Ça peut paraître énorme, voir indigeste, pourtant non, le temps semble se distendre, s’étirer, voir même s’arrêter la durée de l’écoute. Niveau artwork, le sobre est de mise, mais sans être dénué d’originalité. La pochette en dit d’ailleurs bien plus que ce que l’on pourrait penser. Au fond, des bâtiments ; au milieu une rue. Et devant, semblant fuir tout cela, un individu marche, individu quelconque, l’humain moyen, si l’on peut dire. Le fait d’observer cela par une sorte de fente n’est pas anodin non plus, c’est une mise à distance. La musique de Jesu se propose donc de s’évader de notre monde, de fuir notre réalité. Peur importe où l’on va, Ailleurs sera suffisant.

Qu’est donc Jesu musicalement? Je dirais un mélange de rock et de doom. Rock pour les mélodies simples et volatiles. Doom pour la lenteur des compos et la puissance du son. Le tout étant ultra planant. Un simple trio guitare-basse-batterie, accompagné d’une pléiade d’effet. Le tout emmené par la voix douce et calme de Justin Broadrick. Si certains groupes utilisent les effets à torts et à travers, Jesu parvient à les utiliser quasi parfaitement. On aime où on n’aime pas, mais force est de constater à l’écoute d’un tel album que les effets tiennent une place quasi centrale. Comment imaginer Jesu sans effet ? Impossible. La sur-présence de distorsion, noyant les mélodies sous un épais brouillard, n’est d’ailleurs pas sans faire penser au Shoegaze, et le chant s’y rapporte également. Rien à voir avec le metal extrême me direz-vous, certes non, si ce n’est le fait de proposer une musique réellement troublante.

Ce Jesu requiert tout de même un certain investissement de la part de l’auditeur. Il faut pouvoir s’abandonner, se laisser perdre, car sans cela les compositions vous paraîtront d’une lenteur et d’une redondance quasiment mortel, et surtout sans aucun intérêt. Il serait bien dommage de s’arrêter ici, car Jesu possède selon moi bien du génie. Si les groupes atmosphériques sont tout de même nombreux, rares sont ceux qui possèdent cette capacité à nous faire s’évader. L’originalité de Jesu réside dans l’absence de point d’ancrage. La musique ne vous propose pas de vous emmener ici ou là, elle vous emmène Ailleurs, nulle part en quelque sorte, ce qui compte est de ne plus être dans notre horrible réalité.

Curiosité s’il en est bien une, le titre Man/Woman se détache étrangement du lot. Les septs autres morceaux nous propose une musique aérienne, plutôt nostalgique et appelant à la rêverie. Man/Woman est quant à lui une agression pure et simple, une angoisse hautement déstabilisatrice. Une basse ronflante et redondante nous enfonce violement dans les entrailles de la terre, comme le rythme du cœur qui s’accélère. Le chanteur nous gueule dessus, burine notre cerveau, viole notre intégrité, comme ces pensées qui s’imposent parfois. Et puis quelques mélodies nous parviennent, complètement noyées, presque insaisissables et pourtant bien présentes, vague tentative d’oublier la douleur, de fuir le présent.

Les autres morceaux sont beaucoup moins agressifs, plus posés. Allongez-vous par terre, dans l’herbe ou n’importes où, avec un coin de ciel à observer, Puis contemplez l’imperceptible mais inébranlable mouvement des nuages. Déconnectez-vous de toute cette réalité humaine pour vous laisser emporter ailleurs, et ressentez l’effluve d’air qui caresse votre peau, la douce lumière qui vous fait plisser les yeux, la délicate chaleur qui vous enveloppe et vous apaise. Perdez-vous dans votre esprit, ne pensez même plus, inutile de se fixer aux idées, de s’accrocher à un quelconque détail. Le seul intérêt est l’Ailleurs, venez donc vous y perdre, définitivement.

Voilà un album qui ravira ceux qui aiment s’allonger tranquillement et ne rien faire d’autre que se laisser emporter par la musique. La tristesse qui se dégage est à la fois simple et sincère. Jesu est une négation de soi, il est d’ailleurs étonnant de voir combien les choses et les idées paraissent distantes après l’écoute de cet album. Après tout, rien de très surprenant, cela fait une heure et quart que l’on s’est complètement déconnecté de tout ce qui existait, mise à part les décibels qui parvenaient à notre cerveau. De toute évidence, on en redemande, encore et toujours.

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Chronique @ Svartolycka

21 Avril 2005
Nouveau groupe de Justin K Broadrick, fondateur du maintenant disparu Godflesh, Jesu s’en montre comme le prolongement le plus scrupuleux et hypnotique. Ne cherchez pas, l’empreinte de Godflesh est viscéralement soudée et unie sur ce premier album miraculeux dans sa détresse comme dans sa véracité.

Commençant par un passage indus, faits de saturations aiguës, graves et rythmiques se poursuivant par des riffs gras sur un tempo presque doom, Jesu dévoile ses intentions et ses sentiments monotones par l’apparition d’un chant clair, beau, monolithique aussi captivant qu’empreint de neutralité, prenant dans un sublime contre-sens l’auditeur car les éléments indus sont placés adroitement en arrière plan.
Se permettant une durée astronomique de 75 minutes, cet album pose les bases d’un après Godflesh faramineux et mélancolique. Tout en jouant habilement entre la surcharge instrumentale et l’éthérée vocale, Broadrick signe là un magnifique album de metal/indus assez expérimental, triste, fataliste mais aussi d’une grande finesse qui vise, avant tout, au cœur.
Véritable infortune de la vie, "Jesu" s’en pose comme le symbole inéluctable où toute création est amenée à disparaître. Triste constat thématique stigmatisant une structure musicale monocorde, cyclique où les sentiments sont remis en équilibre face au lourd substrat industriel aspirant à une neutralité hypnotique, planante et sélénite.

Fidèle à Godflesh tout s’en écartant, Jesu trouve dès le premier titre son identité musicale inédite et prenante qui se répondra sur les huit titres du disque, jamais de façon redondante mais toujours avec la même charge magnétique outre le titre "Man/Woman" plus rêche et aux voix plus âpres et rageuses (ainsi qu'une basse claquante).
La finalité d’un tel disque peut paraître fantomatique tant que l’ensemble semble lointain. La voix de Justin K Broadrick n’est elle pas le dernier souffle d’une humanité vouée à disparaître ? Plus l’écoute de l’album se déroule et plus l’humain s’évapore devenant une simple figure vide et sans émotion. La finalité de Jesu est notre finalité, contemplant un monde laissé à l’abandon qui n’est plus le nôtre, derrière une fenêtre.

Il est facilement compréhensible pourquoi Neurosis, Isis voir même Cult of Luna vénèrent Justin K Broadrick par sa vision avant-garde et son talent d'écriture.
Prophète hybride de notre déchéance, "Jesu" est tout simplement sublime.
Magnifique !!!

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