Liste des groupes Death Technique Scarve Irradiant

Troisième album des Nancéens, Irradiant marque l'apogée du groupe français, arrivant suite à deux albums plus que prometteurs (Translucence & Luminiferous) et marquant la transition avec leur dernier album, The Undercurrent, ultime témoignage d'un groupe sur le déclin.
Bénéficiant d'un deal avec le renommé label national Listenable Records depuis leur album Luminiferous de 2002, le groupe poursuit son œuvre en enregistrant en 2003, au Dug-Out Studios, toujours sous l'égide du célèbre Daniel Bergstrand, le successeur tant attendu de la précédente offrande.
La production de Bergstrand aidant, le groupe s'est trouvé un son plus clair et massif que lors de ses précédentes réalisations, permettant de faire ressortir un véritable "mur sonore" où chacun des instruments (ou presque, la basse étant trop noyée dans l'ensemble) est à sa place (voix y compris).

Scarve nous avait habitué à un son particulier, mélange d'Indus, de Death et de Thrash. Avec Irradiant les Nancéens sont parvenus à se libérer de leurs influences, encore très présentes sur Luminiferous afin de créer leur propre univers musical, formé d'agressivité, de hargne et de sérénité. En effet, le groupe avait souvent été rapproché de Strapping Young Lad de par ses compositions chaotiques, de Fear Factory de par certaines structures ou riffs, ainsi que de Devin Townsend pour les similitudes au niveau des chants (notamment pour ce qui était du chant clair). Mais avec Irradiant, le groupe parvient à mêler son côté Indus à son côté Death pour un résultat au-delà des attentes.
Cet album propose neuf titres étant aussi variés que similaires dans l'esprit. Je m'explique. Scarve ici propose des titres agressifs, violents (à l'image de Mirthless Perspective ou autre Irradiant …), alambiqués et complexes (tel qu'Asphyxiate et son solo signé Fredrik Thordendal - je vous laisse imaginer le résultat), mais aussi mélodiques et aériens (Perfect Disaster par exemple). On assiste donc à un panel d'émotions et de tableaux dépeints par les Nancéens mais qui possèdent un lien, le lien, qui permet à un groupe de sortir un album de qualité et original.

Musicalement parlant nous pouvons également nous permettre de souligner la technique des musiciens et la qualité des compositions. Tout au long de ces 40 minutes, l'auditeur assiste à une prouesse de la part des membres, sans pour autant tomber à aucun moment dans la démonstration, tout étant au service de la musique : solos ultra techniques, aériens, rythmiques alambiquées (mais plus digestes que sur leur précédent opus Luminiferous cependant), le tout étant entrecoupé de parties ambiantes en son clair (An Emptier Void / Fire Proven).

Au niveau du chant également, une amélioration se fait sentir par rapport à leurs précédentes réalisations. Le chant de Pierrick (growl) se fait plus puissant alors que le chant de Guillaume (voix mélodiques en majorité) efface les côtés négatifs que je lui trouvais auparavant. En effet, ici le chant clair/mélodique prend une tournure différente d'avant, moins évident, plus ancré dans un esprit industriel, torturé. Le fait est que le duo de ces deux gaillards marquait une certaine fraicheur au sein de la scène Metal, tout autant qu'une efficacité et une carte à jouer pour Scarve à l'avenir.

Malheureusement nous savons tous comment l'histoire s'est terminée, plongeant l'un des groupes les plus prometteurs de sa génération pour ce qui est de la scène nationale ou même oserais-je, internationale, dans l'obscurité et (malheureusement) l'oubli. Irradiant marque donc d'après moi l'apogée de Scarve largement au dessus des précédentes réalisations et de la suivante, montrant un groupe qui a trouvé sa voie et se permettant de jouer avec divers genres sans jamais tomber dans le grotesque ou bien encore l'overdose musicale.

N.D.