Ace Frehley, Vinnie Vincent, Mark St John (R.I.P. 1956-2007),
Bruce Kulick, re-
Ace Frehley et Tommy Thayer. Au vu du nombre de lead guitarists s’étant succédé au sein de son line-up, une question des plus existentielles subsiste encore aujourd’hui : est-ce vraiment difficile de tenir la six-cordes dans le cultissime groupe de hard rock
Kiss ? En ce qui concerne Vinnie Vincent en tout cas, sa courte collaboration avec le
Baiser new-yorkais le temps de l’album « Lick It Up » de 1983 et de la tournée mondiale qui s’en suivit suscitera une interrogation on ne peut plus légitime de la part de tout fan de hard rock/heavy metal estampillé 80’s empreint d’un minimum de curiosité. Selon les business associates
Paul Stanley et
Gene Simmons de la
Kiss Inc., Vinnie Vincent aurait été écarté du premier groupe corpsepaintisé de l’Histoire ; n’en déplaise à
King Diamond et autres godfathers du black metal ; pour diverses raisons dont les plus officielles seraient sa volonté trop affichée de toucher un pourcentage non négligeable des recettes de la
Kiss Inc. avant même qu’on ne lui ait proposé de signer le moindre contrat et son zèle caractérisée au cours des prestations live du combo qui consistait à improviser et à étendre ses soli plus que de normes ; attitude qui selon la légende aurait poussé
Paul Stanley et le remplaçant d’
Ace Frehley à en venir aux mains backstage en janvier 1984 après le show du Forum de
Los Angeles de l’american leg du Lick It Up tour.
Loin d’avoir poussé son dernier solo, profitant de sa gloire éphémère et l’attitude on ne peut plus revancharde ; Vinnie Vincent fonde en 1984 son propre combo modestement baptisé Vinnie Vincent
Invasion. Après divers changements de line-up qui verront entre autres l’arrivée puis le départ derrière le microphone de Mark
Slaughter de…
Slaughter et d’une très longue négociation (tiens tiens…) avec
Chrysalis Records ; un premier album éponyme envahit les bacs le 2 août 1986 à l’occasion duquel Vincent a finalement rassemblé une équipe de choc : Robert Fleischman (ex-
Journey) au chant, Dana Strum (futur
Slaughter,
Vince Neil) à la basse et le fantasme de ces dames Bobby Rock (futur Nitro,
Nelson) derrière les fûts.
En jettant le traditionnel et indispensable coup d’œil au tracklisting préalable à toute écoute d’album qui se respecte de la part d’un auditeur passionné et sensible au moindre détail d’une pochette ou même d’une thanklist ; ce dernier remarquera de suite qu’il a bel et bien affaire à un disque de hair metal qui s’assume et qui ouvertement semble cultiver tous les stéréotypes du genre. Effectivement, Vinnie Vincent
Invasion à décidé d’orthographier « Boyz » (Are Gonna Rock) avec la dernière lettre de l’alphabet cher à notre année de classe préparatoire et rejoint entre autres par ce détail en apparence insignifiant les légendaires et immuables
Tigertailz,
Pretty Boy Floyd,
Shotgun Messiah,
Wild Boyz,
Diamond Rexx et autres
Cadillac Bratz au Panthéon des combos sleaze ayant utilisé dans leur patronyme, song titles ou lyrics la lettre Z à la place du S. Dès lors, l’effet de surprise s’avère être vain à mesure que «
Boyz Are Gonna Rock » brise une à une les vitres de l’habitation d’un auditeur trop emporté par le sleaze metal de Vinnie Vincent
Invasion pour se rendre compte qu’il lui faudra le lendemain appeler le vitrier à la première heure sous peine de devoir passer les jours suivants à écouter du
Dissection ou du
Emperor dans un froid frigorifique. Trêve de plaisanteries ; VVI pratique un hard rock glam qui à défaut de sortir des sentiers battus et de se distinguer de par une quelconque originalité s’avère être relativement efficace et faire mouche aussi vite qu’un français moyen ne se jette sur le dernier DVD live d’Indochine le jour même de sa sortie au sein du rayon inculture de son hypermarché local.
Jim Gillette de décoffrage, enthousiaste et on ne peut plus spontanée ; la musique de Vinnie Vincent
Invasion ne fait pas dans la dentelle et présente dès lors une caractéristique intéressante pour un combo censé faire dans un minimum d’esthétisme de par son affiliation à la scène glam des mid 80’s. Symbole de sa personnalité primitive et quelques fois grossière ; les inénarrables soli de Vincent qui à défaut d’être exécutés, s’avèrent être littéralement gerbés par un guitariste confirmant ses fameuses tendances stylistiques lui ayant couté sa place au sein du line-up de
Kiss deux ans plus tôt. Sur quasiment tous les morceaux de ce premier album éponyme, l’ex remplaçant d’
Ace Frehley vomit avec une déconcertante rapidité une espèce de dégueuli fluorescent de barba papa sucrée plus que de norme qui assurément, devient alors bon gré mal gré la marque de fabrique du heavy metal glam de VVI.
Fronté par un vocaliste typiquement 80’s en la personne de Robert Fleischman qui n’est pas sans rappeler une légion d’autres chanteurs ayant reçu dans leur tendre enfance un coup de ciseaux Fiskars là où il ne faut pas à l’instar d’un
Jim Gillette, d’un Mark/Marcie Free ou d’un
Rhett Forrester (R.I.P.), VVI parvient également à se distinguer de ses pairs grâce à l’absence d’une quelconque ligne de synthé sur l’ensemble des dix titres constituant ce massacre sonore qu’est ce singulier « Vinnie Vincent
Invasion ». Ainsi, le propriétaire téméraire de cette galette pourra remarquer sur la back cover de l’album l’inscription « No synthesizers used anywhere on this album ». Bien que le rythme de la galette s’avère être relativement soutenu avec des titres tels que les très catchy «
Twisted », « Do You Wanna Make Love » et ses chœurs typiquement hair metal et autres « Baby-O », l’auditeur fera aussi connaissance avec des morceaux un peu plus lents au sein desquels Vinnie Vincent ne semble pas démordre pas et continue sans jamais s’en lasser de gerber ses soli cacophoniques dans les oreilles torturées d’une pauvre âme qui souhaitait juste en savoir un peu plus sur ce guitariste ayant brièvement porté le maquillage de l’Egyptian
Ankh au sein de l’immuable légende du hard rock qu’est
Kiss. A ce titre, notons la fausse ballade «
No Substitute » ou encore « Back On The
Streets » voyant Fleischman chanter à tu tête qu’il est de retour dans les rues pour y trouver l’amour, en sachant espérons le pour lui ; qu’il lui faudra sortir son portefeuille pour ce faire ; les prostituées jusqu’à preuve du contraire n’acceptant pas les paiements par Carte Bleue. Alors que le combo glam proclamait ne pas user d’une quelconque ligne de keyboards sur l’opus, le titre « Animal » est introduit par un effet synthétique modifiant la voix de Robert Fleischman qui n’est pas sans rappeler ceux du mythique «
Hysteria » de
Def Leppard sorti un an plus tard. Même si l’album s’avère être particulièrement agréable à écouter malgré son manque de rigueur certain et les soli assourdissants de son leader VV, ce premier effort éponyme ne s’avère pas vraiment être le genre de disque que l’on écoutera plusieurs fois de suite jusqu’à le promouvoir album de chevet par excellence. Culte certes, mais plus anecdotique que réellement constructif dans la culture musicale des irréductibles amateurs de sleaze rock/hair metal résistant encore contre vents et marées à l’oppression de la culture de masse actuelle lobotomisant les cerveaux.
En apparence peu original et plutôt conformiste, « Vinnie Vincent
Invasion » se distingue néanmoins sans doute inconsciemment de ses nombreux pairs grâce à ses imperfections constituant aussi étrange que cela puisse paraître ; la véritable marque de fabrique du groupe. Centre d’intérêt majeur de la galette, les soli on ne peut plus tumultueux de Vinnie Vincent illustrant d’une façon des plus pertinentes et factuelles cette citation du grand Johnny Thunders (R.I.P.) : « Rock N’ Roll is about attitude. I couldn’t care less about technique ». Un album indispensable à la curiosité de tout fan de
Kiss qui se respecte et qui mérite parallèlement l’attention des amateurs de sleaze rock/hair metal avides de tous ces albums insolites et pour le moins oubliés par l'Histoire mais qui doivent au plus vite revoir la lumière du jour.
Un album génial dont je ne me lasse pas, il est énorme!
Voilà la preuve que Vinnie était le seul soliste qui aurait permis à Kiss d'affronter les 80's sans faillir.
Merci pour la chronique Adrien.
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