Les groupes de power metal à tendance progressive (ou l'inverse) méconnus sont légion. Bien sûr cela est fréquent dans des pays éloignés où le metal n'est pas élevé au rang de religion, mais même dans les pays les plus en vue pour ce genre de scène (Allemagne, Suède, Europe du Nord en général) il devient de plus en plus difficile de se faire un nom. Même lorsque le line-up du groupe comprend des musiciens ayant auparavant œuvré dans de prestigieuses formations, telles que
Therion,
Candlemass,
Royal Hunt,
Narnia, ou encore
Secret Sphere.
Donc nous nous retrouvons là avec sur les bras une jolie petite galette, prénommée
Into Forever, et ayant été enfantée en 2010 par un groupe du nom de 7 days. Ce dernier n'en est pas à son coup d'essai, puisque l'année 2006 avait vu la sortie de
The Weight of the World, un album sympathique sous bien des aspects, mais un peu redondant et guère très original. Ici, c'est une galette bien remplie que nous offrent les suédois, dont la durée totale (bonus compris) avoisine les soixante-sept minutes. Il y a plusieurs réactions à avoir quand un album dure si longtemps. En voici quelques-unes :
- Trop cool, ça fait moins cher la minute de musique !
- Quel courage et quel boulot pour un groupe pas encore très connus !
- Mouais, faut que ça tienne la longueur …
- Oh non … Encore un qui se prend pour
Dream Theater …
Bref, pour savoir, il n'y a qu'à écouter. Au mieux on découvre une pépite, et au pire le groupe retourne dans une indifférence bien méritée après avoir terminé l'écoute. Il m'est assez souvent arrivé d'écouter des groupes de progressif complètement inconnus en farfouillant sur internet et si il y a forcément un peu de déchet, je tombe de temps en temps sur des choses fort agréables. Alors pourquoi pas ce 7 days ? Reste que je n'ai pas trouvé ce disque dans les tréfonds d'internet, mais dans les tréfonds d'une médiathèque d'une petite ville de seconde zone. Mais cela ne change rien à notre affaire, revenons à l'écoute d'
Into Forever.
L'intro est très bien, elle annonce la couleur, à savoir quelque chose d'assez sombre, très sérieux, mais pas froid comme le précédent album. On peut aussi se référer à la pochette dans ce cas pour les deux productions du groupe. Mais tout de suite résonnent dans nos oreilles les notes du premier vrai morceau : le titre éponyme. Là, ça commence à sentir bon, c'est bien fait, propre mais pas trop, la production est bonne et claire, et chaque musicien est audible. Chose originale, quatre voix se partagent le micro, une féminine (Caroline Sigfridsson, certainement de la famille de la tête pensante du groupe), et trois masculines (Erik Tordsson, Christian "Rivel" Liljegren et Thomas Vikström – de
Therion). Les voix sont toutes d'un niveau tout à fait acceptable, toujours justes. Du côté de la gestion c'est tout bon, chacun doit être content car le travail est équitablement réparti. Nous aussi on est content puisque c'est très agréable de pouvoir varier les voix tout au long d'un album (même si ce n'est pas
Avantasia).
Le titre éponyme laisse donc présager d'un bon moment de musique progressive aux doux relents de power mélodique sauce européenne. Et ce n'est pas le titre suivant, The Innocence in Me, qui va le contredire ! Un titre fabuleux, de neuf minutes, ce qui signifie que le groupe sait tenir la longueur propre au genre du progressif. La reprise du thème de l'intro est un très bonne idée, de même pour le deuxième refrain chanté partiellement en canon, et on se surprend à fredonner "
Will we ever see what our lives could be …
Will we ever find our meaning in life …"
Cependant si le début de l'album laisse une excellente impression, la suite n'est pas toujours mémorable. Tout reste d'un niveau très correct bien sûr, mais on tend là à se rapprocher des dizaines de sorties power-prog de ce début de XXIème siècle. Si
You Hold the Key et We
Cry No More sont de très bons moments, Enter a
Dream pèche par son côté speed qui fait un peu à côté de la plaque. Quant au morceau final de dix-neuf minutes, il peut en ravir certains comme il peut en ennuyer d'autres. C'est vrai qu'on arrive là dans une certaine redondance, comme sur le précédent opus. Comme si la combinaison très sèche guitare-basse-batterie que le groupe utilise comme sa propre personnalité commençait à s'essouffler et à tourner en rond. Heureusement, les autres morceaux plus courts de la fin d'album proposent des mélodies un peu différentes plus axées sur les claviers, qui réussissent à maintenir un bon niveau pour clôturer l'opus.
Ce
Into Forever est donc dans l'ensemble une agréable surprise, qu'on ne se lasse pas tout de suite d'écouter, et qui promet de bonnes heures d'écoute devant sa platine. Du point de vue du groupe c'est un bon point, même si cela n'a malheureusement pas suffi à les propulser sur le devant de la scène. Il ne leur reste plus qu'à persévérer, pour fournir un troisième album peut-être plus accessible, en prenant toutefois garde à ne pas tomber dans la redondance. On leur souhaite bon courage !
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