Il y a des albums comme ça dont aurait souhaité ne jamais avoir posé les oreilles dessus. Pauvres consommateurs que nous sommes, envahis par une masse innombrable de groupes en tout genre, certains prêt à tout pour nous servir leur bouffe sous emballage plastique à consommer rapidement. Mais bon c’était offert par la maison, qu’est-ce que vous pouvez dire ?
Infested Blood nous vient tout droit du Brésil. « Trois albums à leurs actifs, une réputation internationale, et une qualité qui n’a jamais failli, tant l’intensité et la brutalité délivrée par les maîtres incontestés du brutal death ne s’est jamais tarie… ». J’aurais bien aimé vous déclamer cela, à grand coup de trompettes, de tapis rouge et de gestes grandiloquents afin d’appuyer toute la véracité de mon discours. Si seulement ce fut vrai…
Enregistré à (attendez, je cherche)…ben je ne sais pas, et je m’en fous royalement. Quand on entend le massacre que c’est au niveau du rendu, l’ingé son devrait avoir honte. Incroyablement mal mixé, linéaire de bout en bout, j’ai peine à y voir du travail de professionnel.
Le growl de Cristiano Alexandre, si on peut appeler ainsi ces cris porcins et ces grognements affreusement linéaires et sans puissance, est étouffé, englouti par un brassage brouillon du reste. La basse ? Inaudible. La guitare ? J’ai bien cherché, mais à part nous servir des pseudo-riffs pitoyables et sans une once de relief il n’y a rien, que-dalle. Et la batterie a un son de vieille pétoire rouillée. Si si, je vous assure : tac-tac-tac-tac bam-bam-bam-bam paf rechargez sergent-chef, on est à court de munitions ! Allez, je vous l’accorde cette dernière est peut-être le seul point intéressant de ce frisbee pour chien édenté. Sur-mixée par rapport au reste (normal, vu le carnage que c’est, derrière), les blasts continus s’avèrent assez plaisants. Sur un titre. Deux titres. Trois... ah tiens, encore ? On ne vient pas de l’entendre déjà, ce rythme ? Hé oui : on prend relativement bien son pied au début sur
Unearthly Menace, Sudden
Black Hole, mais au bout d’un moment, ça commence vraiment à ressembler à du gavage intempestif d’oie (ça tombe bien, on est en pleine période de fêtes de Noël !). Tous les titres sont exactement les mêmes, gravitent aux alentours de 2min05sec et 12 centièmes basés sur des « riffs » tous semblables, un chant (mais bordel, flinguez-le lui, où est-ce qu’il a appris à growler, c’est pas dieu-possible !) mono-corde... sans corde vocale justement. Tenez, faisons une expérience voulez-vous ? Prenez un morceau, et en plein milieu (autrement dit dans la minute qui suit, il vous faudra être attentif et extrêmement rapide), zappez sur le suivant. Par exemple (un parmi tous les autres), Purifying with
Gore suivi de The Sentient Artifact. Vous n’aurez pas l’impression d’avoir changé de titre. Incroyable comme c’est magique. Ils sont forts ces musiciens quand même !
N'exagérons pas, tout n’est pas à jeter : certains petits morceaux de ce truc peuvent être mis au recyclage, comme les premières secondes de Killing
Through the Portals, ou l’introduction ambiancée de
Gate to
Alien Dimension, de même que la batterie qui, encore une fois, sert de bouée de sauvetage à moitié gonflée. C’est peu. Trop peu.
Voilà, je crois qu’on en a fait le tour n’est-ce pas ? Je pourrais vous parler, si le cœur vous en dit, des images somptueuses composant le livret de l’album. Ah merde, j’oubliais : il n’y en a pas, de livret. Dommage, j’aurais bien aimé appréhender la réflexion philosophique et la syntaxe recherchée de Killing
Through the Portals ou Purifying with
Gore...
Que vous soyez passionnés de death-metal, de bal-musette, ou un simple visiteur de passage dans le coin, je vous en conjure : si par un malheureux concours de circonstances vous tombiez sur cette galette, fuyez sans vous retourner ! Il y a, en matière de death, bien plus intéressant et audible à se mettre sous la dent. Allez zop, poubelle ! Un ‘tit coup de génépi pour faire passer, ça ne pourra pas faire plus de mal que cet album.
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