Une douce mélancolie neigeuse s'empare de nous dès la vue du gris de l'artwork (un peu pixelisé) et des premiers accords cristallins d'
Inside, émotion mise en exergue par le chant élégiaque au grain sensuel d'Alexandre.
Une marche dans le froid et le gris d'un matin d'Automne, dans la bruine et la brume de la campagne, avec le sentiment que l'on ne sait pas vraiment ni d'où l'on vient ni vers où l'on va.
Une chose est sûre,
Cold Lands a un peu bougé depuis son EP éponyme : le groupe a changé de batteur et deux fois de bassiste, s'est rapproché du style des grands de l'atmosphérique qui l'influencent, et a grandement développé la dimension spirituelle latente de ses textes.
Cold Lands n'a pas perdu de vue sa dynamique musicale : une atmosphérique minimaliste qui vise l'authenticité, dont le fil conducteur est l'onirisme mélancolique.
Cependant, on a par rapport à l'EP un changement dans le volume sonore : la basse, la rythmique et la batterie qui donnait à l'EP ce groove vrombissant est mit en arrière plan, de manière à ce que le chant et la mélodique soient toujours sur le devant de la scène.
On a de plus une perte de complexité dans la structure des chansons, qui se simplifient sur le schéma intro/couplet/refrain/etc.
Ce choix rajoute de la fluidité dans l'album, qui du coup s'écoute plus facilement, mais sucre en même temps l'aspect progressif dont se parait l'EP et renferme un peu plus
Cold Lands dans la boîte 'atmosphérique'.
Le résultat est cohérent avec l'objectif du groupe (qui est de mettre l'accent sur l'esthétique émotionnelle), le rapproche également de ses influences (
Katatonia,
Anathema,
Moonspell,
Paradise Lost), lui donne une facilité d'accès, mais en contrepartie lui fait perdre de ses caractéristiques propres.
En ce qui concerne les thématiques,
Cold Lands qui s'interrogeait sur la nature humaine sur son EP éponyme va plus loin avec
Inside, qui comme le titre l'indique vise l'introspection. Spirituelle.
En effet, on retrouve dans les morceaux 'Grave', 'When I die' et 'Signs' une réflexion sur la vie après la mort, comme dans l'EP (My
Heaven, Back From
Hell), mais avec des références bibliques : "Like your son in the highs / When he crucifies" dans When I
Die ; on a aussi une évocation des anges de l'apocalypse dans 'Avenged of the New World'.
Les chansons parlent beaucoup de prière et Dieu est souvent apostrophé.
Ces éléments se retrouvent dans des morceaux d'
Anathema, de
Paradise Lost et autres.
On a cependant des morceaux qui traitent d'autres choses, comme 'The
King on the Broken Chair' qui critique la vanité de la conquête du pouvoir (A lost walk, a lost fight / only for the broken chair), 'One Day' qui raconte la douleur de l'amour impossible, 'Inner World' qui parle d'un individu qui s'est construit par rapport à la personne qu'il aime (
In the Light I'm falling for joining you / my inner world exists only for you)...
Une certaine variété de thèmes quand même, donc, mais les paroles sont plutôt difficiles à vraiment comprendre, à cause de leur poétique bien sûr mais aussi de leur anglais parfois trop approximatif.
En bref, ce premier album nous emmène dans un univers froid et épuré, où prime la mélancolie et l'errance spirituelle.
Le principal problème d'
Inside réside dans sa trop grande ressemblance avec les groupes que j'ai déjà évoqués, au point d'en faire crier plus d'un au clonage.
Et c'est bien dommage, car
Cold Lands a les moyens de progresser - c'est ce que me font dire des morceaux comme 'The Way' et 'The
King on the Broken Chair', à la mélodie entraînante, portées par un chanteur talentueux.
Il va maintenant lui falloir travailler à se démarquer.
Il y a largement de quoi satisfaire les fans d'atmo dans cet Inside, car le groupe a réellement du niveau ; seulement, cette galette aurait pu être cuisinée par un Katatonia période 'Discouraged Ones'.
De plus, il y a par moment de sérieux problèmes avec les textes : incohérences, à cause de l'anglais j'imagine.
Je pense malgré ça que Cold Lands est un groupe a suivre. Avec un peu plus de travail sur leur musique, ils feront partie de ces groupes qu'on est obligés de reconnaître , autant par l'artwork que par le son.
Comme je l'ai mis en com avec ma note, "excellent mais pas exceptionnel"
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire