La fougue de la jeunesse, une certaine naïveté salvatrice pour l’inspiration, moteur d’une expression à la grandeur et à la fluidité témoignant de l’avidité et de la passion de jeunes individus ayant simplement envie de se faire plaisir en faisant plaisir l’autre.
Si certains musiciens attendent logiquement, avec l’expérience et la maturité, de nombreuses années avant de produire leur chef d’œuvre ; d’autres, au contraire, le réalise dès le plus jeune âge. Souvenons-nous du mythique "Angels
Cry" alors que
Angra était inconnu de tous…la bombe "
Vain Glory Opera" tandis que Tobias Sammet n’avait pas 20 ans…la magie juvénile d’un "
Ecliptica" pendant que Sonata n’avait pas encore son bac…
Toutes ces images, ces souvenirs, ces groupes qui, en cette fin de deuxième millénaire, explosait par centaines pour devenir chez certains des futurs mastodontes de la scène, ressurgissent aujourd’hui que trop rarement à l’écoute de premier album de groupe. La crise du disque étant passée par là, les labels prennent difficilement de jeunes groupes sous leur ailes, les budgets studios sont faméliques, les moyens inexistants…et la production d’un album de metal symphonique n’en devient que plus désastreux, voir irréalisable. Pourtant, de jeunes autrichiens l’ont fait…"
Inhuman Nature"…
A l’instar, autant musicalement qu’historiquement, que
Angra,
Juvaliant sort de nulle part et lance, avec son premier album, un véritable pavé dans la mare. Un metal mélodique miraculeusement beau, produit de main de maitre, aux orchestrations fabuleuses, monstrueuses de densité et d’intensité, et surtout de réalisme. Il est évident que beaucoup de grands groupes actuels utilisent d’excellent sample (il n’y a qu’à écouter "The Days of Grays" pour s’en convaincre) mais pour un premier opus, le travail abattu est véritablement bluffant.
Suite à l’imposante introduction orchestrale déboule un "Heroes (We
Will Be)" au riff thrash et aux vocaux parfois à la limite du death pour nous prouver que
Juvaliant est tout sauf un énième groupe si soft qu’il en devient soporifique. A la manière d’un
Angra (encore et toujours tant le rapprochement semble spirituel), les riffs se veulent rugueux, directs mais très techniques, contrebalançant avec des vocaux et des chœurs grandiloquents, des lignes de basses tortueuses et des parties de batterie en double pédale relativement speed.
"
Doomsday Machine" suit le même rythme, technique et alambiqué, avec toujours ses chœurs et ses symphonies à la beauté angélique. Malgré le fait que l’on sache pertinemment que le produit n’est pas des plus novateurs, l’ensemble est si cohérent et réussi, tout en soulignant qu’il s’agit d’un premier essai, que l’admiration est forcée. Le splendide "
Hell's Roundabout" évoque immédiatement le merveilleux "
Evil Warning" de vous-savez-qui (si vous n’avez pas encore compris, la corde est trouvable un peu partout…), ponctué de soli à la technicité affolante (Robert Schönleitner, unique guitariste de la formation, réalise un travail de titan) alors que Thomas Strübler, s’il est parfois un poil limite vocalement, rattrape constamment le coup par son envie et sa fougue.
"On the
Wings of Steel" continuera d’enfoncer le clou concernant les orchestrations au réalisme bluffant, particulièrement le travail sur les cuivres, à la profondeur impériale, même si le rendu sonne légèrement synthétique, détail complètement excusable en vue du travail accompli par le groupe. Morceau génial où les riffs syncopés fusionneront avec le plus beau et le plus enlevé des refrains de l’album, véritable ode au dépaysement et à l’émerveillement auditif. Car, loin de se soucier des schémas habituels, les morceaux durent pour la plupart plus de six minutes et laissent libre cours à leur créativité pour s’exprimer tels qu’ils en ont envie.
Puis il y a ce monument…douze minutes…"
Cold Distance of the
Universe"…
Enchevêtrement d’idée, de mélodies, de lignes vocales inspirés et surprenantes, d’un refrain restant en tête dès la première écoute (la science du refrain qui tue…)…un travail épique et de compositeur expérimentés émane de ce long morceau final. Une touche très cinématographique perle dans la partie centrale du morceau, lorsque la pression semble se resserrer sur l’auditeur, les symphonies se faisant plus menaçantes, les riffs belliqueux et tranchants, la batterie mécanique et brutale. Viens alors la douceur, la candeur d’un piano déposant ses notes sur une peau fragile, laissant s’envoler quelques mots enchanteurs, images d’un pays lointain et fantasmagorique…puis les soli…beaux, créatifs, intelligents, grandioses…oniriques…(cette flute de pan…).
Non, "
Inhuman Nature" n’est pas un chef d’œuvre…pas encore…mais
Juvaliant est, depuis
Machine Men avec son énorme "
Circus of
Fools", peut-être la plus grosse des surprises du monde mélodique depuis des années. Il devient en tout cas la seconde plus grosse révélation de l’année avec
Orden Ogan, dans un genre similaire mais néanmoins très différent, préservant l’identité musicale de chacun.
Juvaliant peut aller loin, très loin et est, d’hors et déjà, porteur d’une forte attente concernant le futur…un futur qu’ils devront encore embellir à l’avenir, et surtout transcender…ce dont ils semblent être manifestement tout à fait capable…
Comme je dis, je le trouve très proche du Angel's Cry de Angra, donc le sympho me va bien, tu peux changer si tu veux :)
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