Liste des groupes Power Mélodique Defy The Tide In the Shadows I Shine

Voilà une nouvelle page blanche sur laquelle l'encre des compositions et des paroles du quintet américain vient se dessiner. Les natifs de Pittsburgh (Pennsylvanie) nous avaient déjà interpelés par leur créativité et leur dynamique lors de la sortie de leur premier EP éponyme sorti il y a un an et demi. Continuant à officier dans un power mélodique vigoureux, mais plus incisif et moins dark qu'auparavant, le groupe, initialisé par la rockeuse Carly Simon-Warneke (Silverblood) et le bassiste Greg Fristick, revient, animé d'un regain d'énergie qu'il met au service d'une nouvelle inspiration cristallisée une fois encore dans un EP de 3 titres, fluette auto-production de 13 minutes. Mais quelque chose a changé, sans y perdre ni sa rigueur d'écriture de ses portées ni son sens de la cohésion instrumentale, ni même sa personnalité.

Ce qui frappe de prime abord, c'est le surcroît d'agressivité déployé mais parfaitement sous contrôle, ayant pour corollaire une organisation millimétrée du corps orchestral, ce dont ne nous avait pas encore habitués le combo ricain. Cette fois, l'élément naturel privilégié est le feu. De plus, la ligne de chant ne laisse plus entrevoir que le filet devenu incendiaire de la sirène, les growls ayant été évincés de cette mouture, sans affecter pour cela la qualité de cette nouvelle production. Cependant, si les compositions sont de bonne facture, leur mise en valeur est encore une fois lacunaire, les parties vocales étant sous-mixées par rapport aux parties instrumentales, la qualité de l'enregistrement (réalisé au Sacred Sound Recording and Mastering (Martins Ferry, Ohio)) restant également à parfaire . De plus, quelques notes résiduelles transparaissent et font comprendre que les finitions n'ont pas fait l'objet d'une constante attention par la jeune troupe. Mais, un tour du propriétaire s'impose...

Les trois pistes n'offrent pas réellement de différence de climat ni de divergences de plans rythmiques. Aussi, c'est dans un seul et même paragraphe que nous les parcourrons, afin d'en déceler leur substance, qui pourrait en fonder leur originalité.
Ainsi, le rageur « Redemption » offre une vampirisante dynamique rythmique, que d'insatiables et lipidiques riffs tirés en rafale viennent corroborer. On découvre un titre éminemment pêchu, ardent, flirtant avec les flammes d'un inaliénable brasero. En outre, une lead guitare en furie renseigne sur les intentions de son instrumentiste de vouloir mordre l'asphalte, nous faisant déambuler dans une tourmente dans le sillage des premiers Doro conjointement à un tumultueux Bif Naked. Dans cette mouvance atmosphérique, la belle s'est résolument orientée vers des vibes rock, solidement arrimées dans les médiums et d'une puissance indéfectible.
De même, le magmatique et brutal « Upon the Looking Glass » lâche prestement les chevaux, laissant rugir la lead guitare tout en nous meutrissant le tympan de par sa ferveur percussive. Pas de doute, une onde vibratoire nous parcourt le long de ce prégnant brûlot. Par contraste, les refrains se montrent moins enfiévrés et enchanteurs, les couplets s'avérant plus bestiaux, sans pour autant y perdre en mélodicité. Schéma structurel déjà usité dans le précédent, mais dont l'assise rythmique est désormais plus assurée. De plus, on se délecte des foudres oratoires de la maîtresse de cérémonie qui jamais ne baisse la garde, et ce, non sans évoquer Asylum Pyre. On ressort à la fois surpris et émoustillé par ce volcan en fusion qui n'a de cesse de cracher sa lave.
Enfin, c'est dans un chaudron bouillant que l'on pénètre à l'abord de « Leilah's Salvation », ravageur instant qui, lui, nous saisit à la gorge sur la totalité de son parcours. Son riffing placide et d'une régularité pendulaire suit à la trace d'une impitoyable section rythmique, sanguine jusqu'au bout des ongles. La diablesse, par le truchement de ses amples et rauques impulsions, évolue alors dans son satanique élément, tout en veillant à ne pas perdre de vue une ligne mélodique peu oscillante mais aux nuances décelables aux fins de plusieurs écoutes circonstanciées. C'est dans la veine de feu Gwyllion, à l'instar de leur dernier album « The Edge of All I Know », que l'on se place, avec davantage de pugnacité et moins de redondances. Ce qui n'est pas le moindre des mérites du collectif étasunien.

Au final, c'est une offrande placée sous le signe des charbons ardents que nous propose le quintet. Ayant souhaité s'affranchir des codes d'un metal power mélodique à chant féminin pour explorer une branche éminemment truculente et incandescente du genre, il n'a cédé ni à un quelconque lyrisme hypnotique ni à quelques moments tamisés ou acidulés pourtant choisis par nombre d'homologues stylistiques. La restitution de ses portées s'avère convaincante de par sa capacité à se transcender sur les montées en puissance tout en sachant les maîtriser, à livrer une technicité de bon aloi doublée d'un sens harmonique probant. On aurait peut-être souhaité une offre plurielle, alternant des passages enjoués et d'autres plus intimistes, des schémas vocaux plus variés, d'autres exercices de style, et un poil d'originalité supplémentaire. Toutefois, pour les amateurs d'un power mélodique fuligineux et bien habité, ils se feront forts d'aller y jeter une oreille, pour mieux jauger le potentiel de cette valeureuse formation. On attend dès lors confirmation de cette dynamique en contruction, notamment par l'octroi d'un album full length...