Nous sommes en 2017, et Philip Parris Lynott est mort et enterré depuis plus de trente années. 30 ans que nous n’avons plus entendu la voix chaleureuse et la basse vrombissante du métis irlandais, membre fondateur de
Thin Lizzy. Mais sommes-nous orphelins depuis tout ce temps ? Non ! Car il semblerait que quelques gênes de notre irlandais préféré se soient égarés en
2012, à Stockholm. Il faut dire qu’avec la vie sexuelle que menait Phil, il ne serait pas étonnant de découvrir quatre enfants illégitimes. En
2012 se forme donc
Dead Lord, autour du chanteur et guitariste Hakim Krim. Ce dernier étant en bonne position pour remporter l’élection de la meilleure pilosité faciale du rock’n’roll depuis la disparition de Lemmy.
Dès les débuts de
Dead Lord, on se rend compte bien sûr de l’énorme affection que les suédois portent pour les années 70, et en particulier les sons bluesy typiques de
Thin Lizzy, avec leur premier album full-lenght
Goodbye Repentance. On les voit ensuite reconduire l’effort sur le très bon
Heads Held High en 2015. Premier signe de reconnaissance de leur talent, ce deuxième album était distribué par le géant
Century Media qui a décidé de leur faire confiance. S’ensuivirent plusieurs tournées en Europe aux côtés des non moins talentueux
Audrey Horne, Tiebreaker ou encore
The Vintage Caravan, donnant lieu à des concerts mémorables à
Paris. Et comme le rock’n’roll ne s’arrête jamais, les voilà en 2017 prêts à remettre le couvert une troisième fois.
In Ignorance We Trust garde, certes, l’apparence de l’opus précédent (toujours chez
Century Media, le même style de pochette dessinée et simple), mais on devine une petite évolution. Le titre fait bien sûr référence à la devise des États-Unis «In
God We
Trust», quand à l’ignorance, on se doute bien qu’il s’agit d’un clin d’œil appuyé à l’actuel président américain … Mais si les références sont actuelles,
Dead Lord ne renie en aucun cas sa personnalité, qu’il puise avec toujours autant de vigueur dans l’âge d’or du hard rock.
Dès les premières secondes, on ressent l’urgence de la musique et l’immédiateté d’un rock sans artifice.
Dead Lord ne se compromet pas dans une production lisse et aseptisée qui touche trop de groupes de hard aujourd’hui. Le son est d’ailleurs d’excellente facture, brut, fourmillant de petits détails. Juste ce qu’il faut pour profiter pleinement des harmonies à la twin guitare sur The Glitch, ou de la batterie démentielle d’Adam Lindmark sur les couplets de
Kill Them All. Si certains titres peuvent rappeler fortement l’album précédent (Too Late), nos suédois ne sont pas non plus du genre à se reposer sur leurs lauriers. On note ainsi une plus grande variété de tons pour ce millésime 2017 en n’hésitant pas à tenter des compositions plus posées, à l’instar d’un Leave Me Be, où Hakim Krim dévoile une nouvelle facette de son chant. Mais
Dead Lord se révèle pleinement sur Part of Me, une ballade mélancolique et majoritairement instrumentale, qui fera battre le cœur de tout hardos sous son perfecto.
N’oublions pas non plus les hits dynamiques qui feront suer la fosse pour les concerts à venir : l’entraînant Reruns, le final Darker Times, ou encore
Never Die et ses superbes chœurs.
Vous vous en doutez, tout le long de ces dix titres,
Dead Lord fait la part belle à ses influences, au premier rang desquelles
Thin Lizzy. Pour ne pas faire dans la répétition, on notera aussi quelques sonorités plus proche des débuts de Blue Öyster Cult. Ces influences sont particulièrement notables dans le chant, mais Hakim Krim a l’intelligence de développer son propre phrasé, qui ne reprend pas exactement toutes les mimiques de Phil Lynott. L’absence de l’influence soul en est le meilleur exemple. On regrette toutefois que la basse de Martin Nordin ne soit pas plus mise en avant, avec un son plus chaud inspiré de la vague psychédélique.
En 40 minutes, l’affaire est pliée, comme au bon vieux temps.
Dead Lord ne perd pas son temps en baratin, suivant la doctrine du «All killer, no filler». Il n’y a absolument rien à jeter dans ce «
In Ignorance We Trust», qui balance tout son savoir faire dans les dix titres réglementaires. Les suédois évitent aussi royalement l’écueil des morceaux qui ont tendance à tous se ressembler, un écueil que peu de groupes de la vague revival semblent vouloir esquiver. Alors si par hasard vous apercevez une pomme enflammée dans la vitrine de votre disquaire, ou mieux, une affiche annonçant leur venue prochaine dans votre ville : foncez !
Phil Lynott, si tu nous écoutes, saches que ta descendance illégitime fait du bon boulot.
Moi qui suis un gros fan de Thin Lizzy, je découvre cette formation avec beaucoup d’intérêt. Audrey Horne sur certains titres et évidemment black stars ridets ont des gènes de TL. Merci pour la chronique.
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