Après un premier album remarquable (
First Things First (
1994)), il aura fallu quatre longues années aux Californiens de
Medicine Wheel pour lui donner, enfin, une suite. Ce nouvel effort sera intitulé
Immoral Fabric. Malheureusement ce second volet de la saga de ces américains est loin d'être aussi convaincant que ne le fut son prédécesseur. Mais n'allons pas trop vite en besogne et commençons donc par aborder les points nécessaires à la démonstration nous conduisant à une telle conclusion péremptoire.
Tout d'abord, alors que l'on pouvait regretter quelques peu que la voix de Michael Mulholland fut aussi peu singulière sur ce premier pas (et ce alors même que pourtant ces travaux restaient de très bonne facture, manquant juste d'un soupçon de personnalité), on se réjouira d'apprendre qu'il sera ici remplacé par Keith St. John. Une satisfaction de très courte durée, à vrai dire, car dès lors que l'on aura entendu le vocaliste sur le premier titre de ce manifeste, Love Generation, la désillusion poindra. Si la personnalité vocale de cette nouvelle recrue est, en effet et sans aucun doute, plus affirmée que celle de son prédécesseur (nous faisant parfois songer à la voix de
Serj Tankian (
Serj Tankian,
System Of A Down)), elle affiche quelques spécificités pas nécessairement consensuelles et pas nécessairement plaisantes pour le genre (ou du moins pour le genre emprunté autrefois par ce groupe). D'aucuns, dont votre humble serviteur, pourraient d'ailleurs n'apprécier que très modérément son timbre médium incapable de s'épanouir en des aigus pratiquement inaccessible pour lui, et ainsi être peu séduit par les intonations limitées de l'artiste.
Déjà furtivement évoqué auparavant, il faudra aussi aborder plus précisément ce changement de style opéré par les Californiens et dire qu'alors qu'il nous avait offert une remarquable expression
Hard Rock aux accents Heavy, il pare désormais son propos de relents plus modernes (Grunge, Neo...). De plus il nous faudra également mentionner le fait que si autrefois ils s'illustraient par des capacités de compositions délicieusement diversifiées, il semble désormais se complaire dans une volonté moins éclectique et plus univoque. De surcroit, alors que ces morceaux là avaient pourtant superbement exhausser son précédent opus, nul trace ici de titres enlevés et nerveux, la plupart des pistes de cette "fabrique immorale" évoluant en un rythme accablant et pénible dans lequel sombre nos indulgences les plus farouches (les éprouvants Love Generation, Cellophane, Velvet Symphonies, Summer Daze...). Autant d'éléments qui rendent la musique de
Medicine Wheel moins "aérienne", moins inspirée et moins exceptionnelle.
Fort heureusement, au milieu de ce naufrage désespérant, et alors que l'air nous manque, quelques brefs instants viennent subrepticement nous permettre de ne pas sombrer définitivement. Mais Dieu que c'est peu eu égard au talents encourageant entraperçue sur
First Things First. Citons , tout de même, les respirations salutaires que sont ici
Autumn, Colors ou encore, par exemple, The Sun Is in You.
En définitive, presque tout sur ce
Immoral Fabric est lourd et pesant. Presque tout y est sans inspiration et sans saveur. Presque tout y est terne et ennuyeux. Presque tout y est soporifique et assommant. Presque tout n'y est que cruelles déceptions. Qu'ajouter encore concernant deuxième album de ces américains de
Medicine Wheel qui pourtant apparaissait si prometteur? Rien, malheureusement.
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