La
Toxocara est un genre de nématodes, ou pour faire plus simple, un embranchement de vers non segmentés, recouverts d'une épaisse cuticule et menant une vie libre ou parasitaire.
Mais la
Toxocara qui nous intéresse ici est bien plus énervée que le petit ver parasite des litières pour chat. La bestiole est plutôt du genre carnassier et épais, le genre qui s’accroche et réduit vos tympans en bouillie.
On connait plus le death metal hollandais via les excentricités de
The Monolith Deathcult qui, il faut bien l’avouer a réussi un sacré tour de force (et jeté un bon gros pavé dans la mare) avec un Triumvirate avant-gardiste et couillu. Le guitariste Martijn Moes (ayant quitté le groupe définitivement depuis peu) rejoignit les rangs de
Toxocara en 2003 avec deux trois collègues de travail dont l’ex-batteur de
Prostitute Disfigurement Michiel Van Der Plicht. Avec pareils CVs on se dit que ce n’est déjà pas trop mal parti…
Plus discret, plus conventionnel que ses confrères, notre bêbête signe ainsi son premier coup d’essai chez Sevared Records après une première démo contenant quatre titres repris sur Imminent
Repulsion.
Comment décrire le mieux la musique de
Toxocara ? Il faudrait prendre un peu de death technique virulent et virtuose, virant du côté je-triture-ma-guitare-et-je-sais-m’en-servir sur certains morceaux (T-34,
Visceral Larval Migrains), influant une petite couche atmosphérique et mélodique délectable sous une agression sonore de tous les instants.
Brutal oui, mais intelligent, malgré la courte durée des titres,
Toxocara arrive à retranscrire avec brio ses thèmes sur la guerre (principalement la Deuxième) par des plans démolisseurs de gencives efficaces bien comme il faut (The Bloodroad au rythme entraînant, Egoist
Existence et sa descente de toms par un passage à la double suivi d’un petit lead mélodique…). La production claire et puissante enrobant le tout soigneusement, c’est un petit brûlot de 37 minutes qu’on se prend dans la tête sans crier gare.
Car il faut bien avouer que
Toxocara sous ses airs de brute raffinée connait son job sur le bout des ongles. Evitant l’indigestion par des compos toutes parfaitement équilibrées entre efficacité (putain ce break en fin d’Imminent
Repulsion !) et passages plus atmosphériques (pour du death hein !), comme sur
Blast Wave Diffraction et Der Rattenkrieg : des leads plus lourds et sombres où le jeu de la bassiste Anne Van Doorn se dévoile quelque peu, venant appuyer les thèmes historiques. Cet aspect est de plus renforcé légèrement (et malheureusement pas assez) par les variations vocales de Kevin Quilligan pour distinguer les forces en conflit. Et pour ceux qui ne suivent pas c’est même marqué dans le livret ! On ne fait pas les choses à moitié ici, ne manque plus que les explications historiques comme le fait un certain
Monolith, et la boucle serait bouclée.
Et ensuite ? Ben c’est tout ma ptite dame, vous ne vous attendiez quand même pas à un numéro de claquettes en plein milieu, si ? Non
Toxocara reste très conventionnel sur le fond comme sur la forme, et ce pourrait être très bien le genre d’album à prendre la poussière sur une étagère après seulement quelques écoutes, celui-ci n’étant au final pas plus brutal, plus technique ou plus original que la plupart des sorties actuelles. Seulement voilà : Imminent
Repulsion possède un certain charme, ce petit goût de reviens-y perpétuel pour se prendre une bonne mandale dans la tronche avec un plaisir non dissimulé (oui, l’amateur de death est sado-maso…), la banane jusqu’aux oreilles et une furieuse envie d’en découdre avec son voisin amateur de saxophone à ses heures perdues.
L’expérience des membres de
Toxocara se faisant ressentir, c’est un premier album fortement abouti que nous livre le groupe. Nul doute qu’avec un
The Great Rebellious tout aussi implacable et un troisième effort à venir les Hollandais devraient trouver leur place au sein de la scène Death. Que demander de plus ? Peut-être une petite tournée avec TMDC qui boucle lui aussi son prochain opus, ce ne serait pas de refus !
Un groupe prometteur.
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