Ce n'est une surprise pour personne, l'Histoire est souvent ingrate. Musicalement, cela se prouve par certains groupes ineptes; dont je ne citerais pas les noms; accaparant les feux de la rampe, tandis que d'autres groupes font avancer dans l'ombre la musique avec intelligence et originalité, résignés à un anonymat souvent fatal pour la seule raison de ne pas être dans le mouvement de l'époque. Bref, la mode est partout, même dans le metal bien qu'il s'y prétend être un des derniers bastions de résistance. Autant vous dire que
Cyclone Temple fait partie de ces groupes au talent dont on ne pourra jamais savoir la limite, pouvant nourrir des regrets et même de la rancœur d'avoir été ainsi laissés sur le bord de la route.
Dès l'introductif "
Why", le cerveau du groupe Greg Fulton orchestre magistralement avec son jeu de guitare énergique mais contenu la machine
Cyclone Temple. D'entrée de jeu, le voile tombe: on a ici affaire à du thrash progressif un peu à la
Heathen période
Victims of Deceiption, sans doute un poil plus rythmé mais moins technique. Les riffs sont parfois d'une telle fraicheur qu'ils me font penser à l'ironie de
Suicidal Tendencies, effet accentué par certains propos. Par exemple, comment ne pas voir la dérision derrière le refrain d'"In
God We
Trust"?
Historiquement, il se place comme un parfait tremplin entre le thrash des 80's de la côte est, reconnaissable à cette rythmique parfois punkish au point d'en avoir des faux airs de crossover comme dans "
Sister" et ses refrains repris en fond comme les grands classiques d'
Anthrax, et le thrash mélodique des 90's. Véritable témoin de cet héritage, "
Born To Lose" est un titre très racé avec des faux airs bluesy et ses passages mid-tempos lancinants, ses multiples transitions notamment rythmiques, et ses sonorités mystiques et modernes.
On éprouve parfois une certaine froideur notamment à cause d'une basse plutôt en retrait; il faut en effet souvent tendre l'oreille pour la saisir; qui nous donne à l'écoute d'un "
Silence So
Loud" des vagues sensations de ...
And Justice For All. L'effet est d'ailleurs accentué par le biais des thème des paroles et du timbre de voix très power au final du chanteur Brian Troch, dans lequel on peut discerner un désespoir que n'aurait pas renié
Depressive Age.
S'il y a bien un atout majeur, il s'agit indéniablement du jeu de batterie ultra-précis de John Slattery. Il fait montre d'un talent effroyable pour mener sa double-pédale à la perfection, que ce soit dans le morceau "Public Enemy"; qui démontre d'ailleurs d'évidentes influences hip-hop old-school (peut-être est-ce de là que vient le rapprochement avec
Suicidal Tendencies...); ou sur les autres comme "Marche For Me,
Die For Me" ainsi que "
Silence So
Loud".
Les deux ballades sont épiques et constituent les autres points forts de l'album car ils composent un formidable territoire d'expression par le chant si caractéristique de Brian Troch . Le final de "Words Are Just Words", dont la démarche d'une ballade aboutissant à une furieuse conclusion ressemble à un "One" ou "Welcome
Home (Sanitarium) de
Metallica, est grandiose de par sa rapidité, ses saccades maîtrisés et son riff simple mais tueur. "I
Hate Therefore I Am", l'éponyme, se distingue quant à lui de par ses délicieuses touches exotiques.
Au final, "I
Hate Therefore I Am" est un album de très grande qualité et même plutôt accessible grâce à ce chant et ce son relativement clair. Il permettra donc à tout un chacun d'appréhender le thrash des 90's du bon pied. Indéniablement classé parmi les perles perdues, il aura souffert de son époque de transition poussant soit vers une radicalisation via l'explosion de popularité du death soit vers le grunge, démarches dans lesquelles ces américains de Chicago ne s'inscrivaient évidemment pas.
Spiritual Healing.Je connais pas mal ce disque puisque je le possède...
L'un des derniers albums parus sous la coupe de l'écurie culte Combat Records, qui venait de passer sous contrôle du label Relativity trois années auparavant, avant d'être repris lui-même par Sony Music, ayant tôt fait de passer Combat à la trappe. Tout comme son camarade Devastation avec son précieux Idolatry, Cyclone Temple (ex-Znowhite) s'est donc retrouvé sans aucune promotion, inversement à la qualité intrinsèque de son oeuvre. Dommage, car I Hate Therefore I Am est à mon humble avis un des disques thrashmetal les plus intéressants des nineties, tel un véritalbe baroud d'honneur de cette première période bénie du style. La ballade Words Are Just Words, qui se mue progressivement en une succcession de rythmiques et de riffs dévastateurs, est l'un des meilleurs morceaux que j'aie entendu dans le genre à ce jour. ++ FABIEN.
Groupe inconnu pour ma part....je compte bien decouvrir ca sur YT!
Ouais Méchant tu vas te prendre une bonne claque avec ce Cyclone Temple ! Du bon thrash comme on aime !
Tiens faudrai que je le réécoute ça fait longtemps que je ne l'ai pas écouté avec une oreille plus attentive sur cette balade que tu idolâtres mon cher Fabien !
En tout cas super disque à posséder pour un thrasher.
Thrash'em all !!!
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